Sur le salon Euronaval à Villepinte, Futura a découvert une version miniaturisée du futur démonstrateur du railgun européen. Développé par l’institut franco-allemand de Saint-Louis, ce canon électromagnétique pourra être embarqué à l’avant d’un navire de la marine nationale pour servir de défense anti-missile.
au sommaire
À Euronaval, sur le vaste stand du ministère des Armées et des Anciens combattants, de nombreuses technologies innovantes sont présentées. Parmi elles, Futura a pu voir le projet de railgun européen baptisé Thema, pour TecHnology for Electro-Magnetic Artillery. Sous une épaisse vitrevitre, un modèle miniature de tourelle dotée d'un canon placé sur la proue d'un navire tire des projectiles de 5 x 5 mm à une vitesse de 120 m/s sur une photo de drone suicide. Effet garanti pour ce modèle réduit qui ressemble à un jouet. Ce n'en est cependant pas un puisqu'il fonctionne exactement comme le prototype de railgun à l'échelle réelle en cours de développement.
Si ce salon de l'armement n'est pas un endroit où l'on parle facilement aux journalistes, notre interlocuteur a bien voulu donner quelques détails de cette future arme défensive prévue pour équiper un navire ou un véhicule terrestre.
Des projectiles hypersoniques
Le démonstrateurdémonstrateur du canon électromagnétique est actuellement développé par l'Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis (ISL). Il devrait être capable de réaliser ses premiers tirs de projectiles d'ici 2025. Pour le moment, le laboratoire dispose de plusieurs démonstrateurs, notamment le canon NGL-60 (New Generation LauncherLauncher), un lanceur de calibre 60 mm permettant de tirer des projectiles de l'ordre du kilogrammekilogramme, ainsi que le canon Rafira (RApid FIre RAilgun). Celui-ci peut tirer des salves rapides de projectiles de calibre 25 mm. Les deux calibres de projectiles sont capables d'atteindre des vitesses initiales, c'est-à-dire à la sortie de la bouche du canon, allant respectivement entre 2 000 m/s et 3 000 m/s.
Le démonstrateur prévu pour 2028 devra les tirer à 2 000 m/s, c'est-à-dire 7 200 km/h. De quoi étendre la portée d'une frappe à plus de 200 km et assurer une défense aérienne rapide grâce à la réduction du temps de vol. Selon l'ISL, la létalité augmente également en raison de la forte vitesse à l'impact. À terme, l'objectif est de parvenir à concevoir des défenses antimissiles, basées sur des tirs en rafales de projectiles avec une vitesse de 4 000 m/s, soit 14 400 km ! De l'hypersonique pour atteindre des missilesmissiles, eux aussi, hypersoniques.
Vidéo simulant l’utilisation d’un railgun de défense anti-missile à partir d’un navire. Le tir en salve permet d’intercepter plusieurs missiles. © ISL
Un tir à 4 000 m/s
Dans tous les cas, les munitions ne sont pas explosives. Un atout pour garantir la sécurité d'un navire en pleine mer. Il s'agit de flèches composées de matériaux conducteurs. Pour fonctionner, le canon électromagnétique nécessite d'alimenter avec un courant de forte intensité deux rails conducteurs pour créer le champ magnétique. La force de Laplace fait le reste du travail en appliquant une énorme accélération au projectile. Une puissance qui lui permet de sortir de la bouche du canon à une vitesse hypersonique ! L'ISL a expliqué à Futura que l'un des problèmes principaux à résoudre reste l'usure des matériaux en raison des importantes contraintes mécaniques. Le laboratoire planche sur ce sujet. Des améliorations ont déjà eu lieu, notamment pour ce qui est du projectile qui dispose désormais d'un coffragecoffrage qui s'en libère en sortie de canon.
L'autre nouveauté est la création par l'ISL d'un générateurgénérateur portant l'appellation de XRAM. Contrairement aux générateurs habituels qui fonctionnent en série, cette source inductive de puissance pulsée, est alimentée en parallèle. Le générateur est de forme circulaire et ce procédé dispose de deux atouts : une compacité améliorée et surtout la possibilité de disposer immédiatement du reste de l'énergieénergie non consommée par un tir. En conséquence, ce système améliore la rapiditérapidité des tirs en salve.
La France et ses partenaires européens ne sont pas les seuls à plancherplancher sur les railguns. Les États-Unis étaient très en avance sur ce type d'arme, mais ont finalement mis en pause son développement pour se consacrer aux missiles hypersoniques et aux canons laserlaser ou encore à impulsion électromagnétique. Comme Futura l'avait déjà évoqué, le Japon développe également une arme de ce type et l'a d'ailleurs testé depuis un navire. Enfin, la Chine affirme avoir également mis au point des railguns.