Une équipe du Media Lab au Massachusetts Institute of Technology a mis au point une bague-scanner capable de lire du texte à haute voix. FingerReader est équipé d’une microcaméra haute définition, d’un système à retour d’effet et d’un logiciel d’analyse et de synthèse vocale qui travaillent en temps réel. Cette bague pourrait aider des personnes non-voyantes à lire n’importe quel texte sans avoir besoin du braille.

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    L'accès des personnes non-voyantes ou déficientes visuelles aux ressources littéraires est un problème permanent. Les contenus rédigés en braille sont notoirement insuffisants et le recours à l'outil numérique est encore loin de se généraliser. En France, on peut citer la Bibliothèque numérique francophone accessible (BNFA)) qui propose plusieurs milliers de livres numériques (romans, manuels, biographies, essais, ouvrages pour la jeunesse, etc.) adaptés aux dispositifs de lecture pour les personnes souffrant d'un handicap visuel. Reste que le décalage avec l'offre littéraire existante est encore trop grand.

    Et si la solution résidait non dans la conversion, mais dans un système permettant de lire directement du texte ? C'est exactement ce que propose de faire FingerReader. Il s'agit d'une bague qui scanne du texte à mesure que l'index se déplace sur la page et le lit à haute voix en temps réel. Cette technologie a été mise au point par une équipe du Media Lab au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Ce prototype est une évolution du concept EyeRing dont Futura-Sciences vous avait parlé en 2012. À l'époque, une bague équipée d'une microcaméra permettait de prendre en photo des objets pour en obtenir une description audio. Les chercheurs ont depuis réorienté le projet et considérablement amélioré le design.

    Dans leur publication consacrée au FingerReader, l'équipe du Media Lab explique que la bague est désormais équipée d'une microcaméra haute définition et d'un système de retour d'effet. Il s'agit de deux moteurs de vibrationvibration placés dans le haut et le bas de la bague. Ils servent à guider l'utilisateur au cours de sa lecture pour l'avertir lorsqu'il arrive au bout d'une ligne de texte, s'il dévie de sa trajectoire et pour l'aider à placer son doigt au début de la ligne suivante. Les vibrations sont modulées en intensité et en duréedurée pour transmettre ces différentes informations. Au fur et à mesure que le doigt suit le texte, celui-ci est lu par une voix synthétique.

    Le logiciel open source de la bague FingerReader combine un algorithme d’extraction de texte, un pilote de contrôle ainsi qu’une couche d’interfaçage avec les logiciels de reconnaissance de caractère (Tesseract) et de synthèse vocale (moteur d'exécution Flite). Sa vitesse d’exécution est d’environ 20 millisecondes par mot analysé. © <em>Media Lab</em>, MIT

    Le logiciel open source de la bague FingerReader combine un algorithme d’extraction de texte, un pilote de contrôle ainsi qu’une couche d’interfaçage avec les logiciels de reconnaissance de caractère (Tesseract) et de synthèse vocale (moteur d'exécution Flite). Sa vitesse d’exécution est d’environ 20 millisecondes par mot analysé. © Media Lab, MIT

    Logiciel open source pour la bague liseuse FingerReader

    La démonstration vidéo publiée par le Media Lab montre que le système fonctionne avec une fluidité tout à fait acceptable, bien qu'encore assez saccadée. La voix, quant à elle, manque singulièrement de convivialité, mais il s'agit là d'un détail qui devrait pouvoir être amélioré. Le logiciel du FingerReader repose sur des briques open source. Il combine un algorithme d'extraction de texte, un pilote de contrôle pour la bague ainsi qu'une couche d'interfaçage avec les logiciels de reconnaissance de caractère (Tesseract) et de synthèse vocale (moteur d'exécution Flite). La plateforme est compatible Windows et OS X et son code sourcecode source est disponible via la plateforme GitHub.

    FingerReader fonctionne aussi bien sur un support papier que sur un écran numérique. Il y a cependant une limite dans la taille des caractères, qui ne doit pas être inférieure à 12 points. Le principe de cette bague est assez similaire à celui des scanners à main, mais ses concepteurs soulignent deux différences. Le FingerReader peut lire une ligne de texte complète sans faire du mot par mot. De plus, le système de retour d'effet est inédit et offre une plus grande souplesse d'utilisation. La bague a été testée par quatre personnes aveugles de naissance. Elles ont exprimé une préférence pour un retour d'effet graduel dont l'intensité augmente concomitamment à la déviation du doigt.

    Les participants ont tous déclaré qu'ils pourraient sans difficulté se servir de cette bague dans leur quotidien. Bien entendu, des essais plus poussés avec un panel plus large seraient souhaitables pour valider tous les aspects techniques, mais le concept semble viable. Et l'équipe du MIT pense même que FingerReader pourrait servir à des personnes valides, par exemple pour traduire du texte. Le travail de développement va se poursuivre avec comme objectifs la miniaturisation de la bague, l'intégration d'une alimentation autonome et d'une connexion sans fil à un ordinateurordinateur et un smartphone.