La Commission d'enrichissement de la langue française a formulé ses propositions en matière de langage crypto et certaines sont bien curieuses comme « cyberjeton indexé » pour stablecoin !
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C'est une annonce qui pour l'essentiel est passée inaperçue. Le 22 janvier 2022, une liste de termes baptisée « Vocabulaire de l'économie et de la finance », a été publiée dans le Journal Officiel (J.O.). Le texte porteporte le n° 58 et l'identification CTNR2201287K.
Le point étonnant de cette liste est que l'on y trouve plusieurs termes du domaine de la cryptomonnaie avec à chaque fois une définition officielle mais aussi un terme français supposé devenir officiel, et dont on peine pourtant à imaginer qu'il puisse faire l'objet d'un usage habituel.
Que trouve-t-on dans cette liste ? Des termes usuels plutôt bien adaptés. Ainsi, les monnaies de banques centrales appelées CBDC en anglais (Central Bank DigitalDigital Currency) reçoivent comme appellation officielle MNBC, soit Monnaie numérique de Banque centrale. Le « future price » que l'on retrouve souvent sur des plateformes comme Binance ou FTX et qui désigne le cours d'un actif tel qu'il est prévu à une échéance ultérieure est traduit par « cours à terme », ce qui est là encore plutôt bien pensé. Plus étonnant, alors que le terme « cryptomonnaie » semble être entré dans l'usage courant, la liste du J.O. propose de traduire « cryptocurrency » par « cybermonnaie ».
Les curiosités de la liste du J.O.
Et puis, nous trouvons quelques adaptations plutôt curieuses. Jugeons-en plutôt.
La « tokenisation », soit l'émissionémission d'un token (jeton) associé à une activité - par exemple le AXS, monnaie que les joueurs peuvent gagner en jouant à Axie Infinity - se voit traduit sous la forme « conversion en jetons ». Une telle dénomination n'est pas forcément adéquate d'autant que la définition proposée par le J.O. est plus explicite : « Émission, au moyen d'un dispositif d'enregistrement électronique partagé, de cyberjetons qui sont adossés à un actif, en vue notamment de faciliter la vente en tout ou partie de cet actif. »
Plus étonnant encore est le terme choisi pour « stablecoinstablecoin », ces monnaies telles que l'USDT, l’UST ou le DAI dont la valeur est toujours égale à 1 dollar ou encore AgEUR de Angle Labs dont la valeur est égale à un euro. « Stablecoin » devient, au choix « jeton indexé » ou encore « cyberjeton indexé ». On peine à imaginer que ce terme puisse entrer dans le langage courant.
Enrichissement de la langue française ?
Qui est donc à l'origine de ces appellations ? Une section du ministère de la Culture, la Commission d’enrichissement de la langue française dont la mission première est « de créer des termes et expressions nouveaux afin de combler les lacunes de notre vocabulaire et de désigner en français les concepts et réalités qui apparaissent sous des appellations étrangères ». Ses propositions sont validées par l'Académie française.
Est-ce que les termes prescrits ici s'intégreront à notre vocabulaire usuel ? On peine à le croire. Il est probable que l'on continuera, même au sein de la langue de Molière à parler de stablecoin et de cryptomonnaies. À croire qu'en parallèle à la langue officielle, il existe avant tout la langue couramment employée et que c'est celle-ci qui pourrait bien finir par trouver sa place dans les dictionnaires !