À un an de l'assaut sur le Capitole par les partisans de Donald Trump, divers documents font apparaître des liens troublants entre l'extrême droite américaine et certaines sources de financement crypto…
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Ceux qui ont assisté en direct à l'assaut sur le Capitole le 6 janvier 2021 par les partisans de Donald Trump sont parfois demeurés sous le choc. Or, certaines informations publiées depuis ont révélé d'inquiétants liens entre des mouvementsmouvements extrémistes de diverses nations mais aussi, des dons en guise de soutien -- et parmi ceux-ci, celui d'un militant français -- à des activistes américains d'extrême droite.
Le 8 décembre 2020, un mystérieux donateur a transféré 28,15 Bitcoins (BTC), soit 522.000 dollars à 22 adresses diverses. Or, si l'on en croit l'enquête qu'a menée Chainalysis (et publiée dans le 2021 Crypto Crime Report), plusieurs de ces adresses appartenaient à des activistes d'extrême-droite. Le principal bénéficiaire, Nick Fuentes était présent lors du siège du Capitole : il a reçu 13,5 BTC, soit environ 250.000 dollars. Or, il est apparu que le dénommé Fuentes avait participé à l’élaboration d’une action de protestation à Washington de plusieurs mouvements pro-Trump pour contrer l'élection de Biden et l'avait promue sur des réseaux sociaux.
Parmi les autres destinataires majeurs figuraient également Ethan RalphRalph, un podcaster de la mouvance « suprématie blanche », VDARE, un site Web américain anti-immigration ou encore Gad, un réseau social alternatif prônant la « libre expression », mais curieusement prisée par une audience extrêmiste. Faut-il en croire que l'opération du 6 janvier avait été planifiée ? On peut raisonnablement le penser.
Le mystérieux donateur français
Quid du fameux donateur français ? Il s'agissait d'un programmeur informatique. Et l'intéressé, Laurent Bachelier, s'était suicidé le lendemain du transfert de ses BTC, soit le 9 décembre 2020, tout en laissant ce message : « La civilisation occidentale est en déclin. Peu importe ce qui se passe après ma disparition. J'ai décidé de donner ma modeste fortune à certaines causes et individus ».
Pourtant, il s'est avéré depuis que d'autres financements similaires avaient été opérés. Un rapport publié en juin 2021 par le FATF, (un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d'argentargent et financement du terrorisme), a fait ressortir comment certains groupes extrêmistes affectionnaient des cryptomonnaies telles que Bitcoin, Monero, Dash ou Zcash pour leur financement. Ainsi, un groupe belge, « Schild and Vrienden », a reçu maintes donations en Bitcoin.
En septembre 2021, Associated Press a révélé à son tour que Andrew Anglin, dirigeant d'un site néo-nazi, The Daily Stormer, avait reçu 112 BTC soit l'équivalent de 4,8 millions de dollars en cryptomonnaies.
Et Douglass Mackey, qui a été arrêté en Floride le 27 janvier 2021 pour avoir promu la haine en ligne, a reçu par la suite le soutien d’un mystérieux donateur sous la forme de 60.000 dollars en BTC, soit un don versé en septembre 2021. Et là encore, la même source a remarqué qu'un don, certes plus restreint, avait été envoyé à la National Alliance - un groupe de suprématie blanche - deux jours avant l'assaut du Capitole.
Bitcoin aurait-il une couleur politique ?
Faudrait-il en déduire que certains dons en Bitcoin ont pu aider à organiser l'assaut du Capitole ? La question est hélas probable. Que l'on n'aille pourtant pas penser qu'il existerait une « love story » entre le Bitcoin et l'extrême droite. Decrypt se plait à faire remarquer que ce même Bitcoin est mis à contribution par des candidats du Parti Démocrate tels que Andrew Yang et Eric Adams.
Les partisans du Bitcoin auront donc beau jeu d'affirmer qu'en tant que tel, Bitcoin est apolitique !