Elle fait partie du quotidien de tous les utilisateurs d’ordinateurs : la souris est le « périphérique » (comme disent les informaticiens) le plus commun après le clavier. Popularisée par le Macintosh d’Apple en 1984, elle a été inventée à la fin des années 1960 par Douglas Engelbart. Qui a d’autres innovations à son palmarès.

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    Un prototype de la souris inventée par Douglas Engelbart et réalisé au Stanford Research Institute. © Mark Richards

    Un prototype de la souris inventée par Douglas Engelbart et réalisé au Stanford Research Institute. © Mark Richards

    En 1967, Douglas Engelbart, un chercheur du Stanford Research Institute (SRI), dépose une demande de brevet pour un engin à deux roulettes à connecter sur un ordinateur. Inventé en 1963 et né des mains de Bill English, un collaborateur d'Engelbart, ce curieux appareil est une coque en boisbois surmontée d'un bouton. L'équipe l'avait immédiatement surnommé « souris » (mouse).

    Pourtant, à l'époque, l'utilité de ce dispositif de « pointage », un mot nouveau, n'a rien d'évident. Les ordinateurs sont grands comme des armoires et protégés dans des salles blanches (hors poussière), et on les utilise à distance, par l'intermédiaire de sortes de machines à écriremachines à écrire. Il faut taper sur de volumineux claviers et la machine répond en faisant défiler du papier dont les feuilles sont flanquées de zones perforées, les bandes caroll.

    En 1968, Douglas Engelbart présente son prototype de souris (dans sa main gauche) et un modèle à trois boutons (dans sa main droite). © SRI

    En 1968, Douglas Engelbart présente son prototype de souris (dans sa main gauche) et un modèle à trois boutons (dans sa main droite). © SRI

    Mais en 1965, Gordon Moore, patron d'IntelIntel, a énoncé la « loi » qui portera son nom (avec des modifications successives) et qui, dans sa première version, prédisait initialement que la complexité des circuits semi-conducteurssemi-conducteurs continuera à doubler tous les ans. Certains chercheurs avaient bien compris que les futurs ordinateurs serviraient à des tâches très variées et qu'il faudrait autre chose qu'une machine à écrire pour les commander.

    Une réplique du prototype de souris de Douglas Engelbart, réalisé par Bill English. On remarque les deux petites roues, qui seront plus tard remplacées par une boule, pour suivre les mouvements selon deux axes. © SRI

    Une réplique du prototype de souris de Douglas Engelbart, réalisé par Bill English. On remarque les deux petites roues, qui seront plus tard remplacées par une boule, pour suivre les mouvements selon deux axes. © SRI

    La souris mais aussi l'hypertexte et Internet

    Au SRI, Douglas Engelbart était de ceux-là. En créant son équipe ARC (Augmentation Research Center), il entendait travailler sur l'interface Homme-machine. Dans une conférence demeurée célèbre (depuis appelée la « Mère des démos », The mother of all demos), donnée en 1968 devant un parterre d'informaticiens, il présentait la souris et la métaphore du bureau, c'est-à-dire la présentation sur un écran des documents enregistrés dans l'ordinateur, comme s'ils étaient matériels. Reprise par les équipes du Palo Alto Research Center (le Parc), de Xerox, cette idée est donc à l'origine des dossiers et des sous-dossiers, voire de la corbeille. Vendu à AppleApple bien plus tard, le concept apparaîtra sur son LisaLisa puis sur le Macintosh, avec le succès que l'on sait.

    La conférence abordait aussi la visioconférence, le travail en réseau, et même les liens hypertextes, grâce à une des réalisations de l'équipe, le NLS (pour oN Line System). Cette collaboration élargie d'ordinateurs distants a beaucoup intéressé une agence gouvernementale financée par l'armée, l'Arpa (Advanced Research Projects Agency), devenue aujourd'hui la Darpa (avec un D pour Defense). Ce projet allait déboucher sur un premier réseau dénommé ArpanetArpanet, qui s'est rapidement développé jusqu'à engendrer Internet.

    Douglas Engelbart était donc incontestablement un pionnier et visionnaire, récompensé en 1999 par la médaille John von NeumannJohn von Neumann (du nom d'un autre fondateur de l'informatique moderne).