Nous recherchons des planètes potentiellement habitables dans notre Galaxie peuplée de centaines de milliards d’étoiles. Il est possible aussi que des extraterrestres, s’ils existent, fassent de même. Alors, quels sont les mieux placés pour détecter la Terre ?
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Depuis la première découverte d'une planète en orbite autour d'une autre étoile que le Soleil au milieu des années 1990, l'être humain, qui s'est lancé avec zèle dans la quête d'autres mondes, en a déjà débusqué plus de 3.838 (novembre 2018). Mais ce chiffre n'est que temporaire, car des milliers d'autres candidates décelées par le satellite Kepler attendent encore d'être confirmées. Et ce n'est qu'un début, car notre Galaxie compte des centaines de milliards d'étoiles (dont une majorité de naines rouges), ce qui laisse imaginer que les planètes soient aussi nombreuses...
Parmi elles, combien sont des planètes rocheusesplanètes rocheuses comme la Terre ? Combien peuvent accueillir des formes de vie ? Et si l'on filtre encore : combien abritent des civilisations technologiquement avancées ? À ces questions posées depuis plus de 60 ans (paradoxe de Fermiparadoxe de Fermi, équation de Drakeéquation de Drake...), nul n'a encore trouvé de réponse. Nous n'avons pas encore reçu de messages ni fait leur rencontre... Serions-nous seuls alors dans l'universunivers ? Et si ce n'est pas le cas, « où sont-ils donc ? » (« S'il y avait des civilisations extraterrestres, leurs représentants devraient être déjà chez nous. Où sont-ils donc ? », interrogeait Fermi en 1950).
Chercher les extraterrestres qui pourraient nous voir
Qui sait ? Il y a peut-être des extraterrestres à l'autre bout de la galaxie qui se posent les mêmes questions que nous. Si on admet que l'un (ou plusieurs) des mondes lointains que nous avons découverts soit habité, lequel (ou lesquels) est le mieux placé pour nous remarquer ? C'est la question que s'est posée une équipe de chercheurs de la Queen's University de Belfast et du Max PlanckMax Planck Institute for solar system Research (leur étude a été publiée en août 2017 dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society).
C'est grâce à la méthode dite de transittransit (le passage d'une planète devant son étoile) que la chasse aux exoplanètesexoplanètes a été la plus prolifique. Alors, dans l'autre sens, où sont les extraterrestres potentiels qui pourraient nous observer en employant cette technique ?
Les planètes géantesplanètes géantes proches de leur soleil sont les plus faciles à détecter, mais nul doute que les éventuels extraterrestres qui recherchent des amis (ou pire, des terres à habiter, à coloniser...) sont plus intéressés de trouver des planètes rocheuses dans la région tempérée de l'étoile, où il fait ni trop chaud ni trop froid. Les chercheurs ont donc ratissé le ciel, traquant les régions à partir desquelles il serait possible de voir plus d'une planète de notre Système solaireSystème solaire passer devant le Soleil.
La Terre, la nuit en 2012 vue par le satellite Suomi NPP. © Nasa Earth Observatory, NOAA NGDC
Combien de planètes peuvent nous voir ?
Parmi toutes les exoplanètes que nous connaissons déjà, l'équipe en a trouvé 68 qui seraient bien placées pour voir transiter une à plusieurs planètes du Système solaire devant le Soleil. Neuf d'entre elles pourraient voir passer notre planète, la Terre devant son étoile. Malheureusement, aucun de ces mondes n'est considéré comme habitable (peut-être, après tout, d'autres planètes de leur système le sont...). Mais, encore une fois, la quête est loin d'être terminée. Ces chiffres sont ceux de 2017 et de nombreuses planètes habitables -- dans notre voisinage et plus lointaine -- restent à découvrir. Kepler, lui, a terminé sa traque en octobre 2018, faute de carburant. Heureusement, un nouveau chasseur d'exoplanètes est actif depuis l'été 2018. Le télescope spatialtélescope spatial Tess se concentre lui sur des étoiles relativement proches de la Terre. Son acuité va permettre aux chercheurs de débusquer des milliers de planètes dont au moins une dizaine de terres.
Statistiquement, l'équipe estime qu'il y aurait au moins 10 mondes lointains abritant de la vie qui pourraient nous repérer dans la sombre et épaisse forêt galactique. Au passage, notons que, outre les marqueurs dans l'atmosphèreatmosphère trahissant la présence de la vie sur la Terre (par exemple l'ozoneozone), les lumières artificielles qui recouvrent notre biosphèrebiosphère -- et la pollution lumineuse n'a de cesse de croître -- pourraient achever de convaincre de lointains aliens de la présence d'une civilisation technologique. Et vice versa !
Faut-il envoyer un message dans la direction des systèmes planétaires qui pourraient nous détecter ? Pour le célèbre physicienphysicien Stephen Hawking, il vaudrait mieux éviter d'attirer l'attention d'éventuels envahisseurs.