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Les caractères runiques sont bien plus filiformesfiliformes et anguleux que leurs homologues latins. Du Ve au XIe siècle environ, la Scandinavie employa plus particulièrement le système dit futhorc. Les Vikings, très portés sur le chiffrementchiffrement, remplaçaient souvent les lettres runiques par toute une variété de symboles, présentant des tentes, des arbresarbres et des branches, voire des barbes.
La compréhension des runes progressa avec l'incroyable découverte en 1955, à Bergen, en Norvège, de plus de six cents baguettes de boisbois gravées. Un véritable trésor archéologique, qui atteste d'un usage très répandu des runes, et non d'un emploi réservé à des circonstances bien particulières. Outre des noms de famille, les baguettes révélèrent une correspondance d'affaires et des messages plus personnels - parfois assez rudes. Certaines de ces baguettes témoignent également d'un chiffrement jusque-là inconnu, nommé depuis code de Jötunvillur ou encore code de Norse.
Runes anglo-saxonnes collectivement baptisées furhorc © Éditions Flammarion
Un décryptage récent réalisé par Jonas Nordby
De nombreux chiffrements runiques, bien qu'utilisant souvent des symboles différents, reposent sur un même principe, à savoir la division de l'alphabet en trois groupes de lettres ou oetts. L'illustration ci-dessus montre un chiffrement fondé sur des arbres et des branches. Les branches et les racines à gauche indiquent l'oett utilisé ; celles à droite signalent la lettre dans l'oett de référence.
Symboles employés par le code de Jötunvillur © Éditions Flammarion
Le code de Jötunvillur fut cassé début 2014 par K. Jonas Nordby, alors qu'il préparait un doctorat en runes cryptées à l'université d'Oslo en Norvège. Il se focalisa sur une baguette particulière du trésor de Bergen, portant à la fois des runes et leur mystérieuse contrepartie codée. Et, de la même manière que ses prédécesseurs avaient décrypté les hiéroglyphes grâce à la pierre de Rosette, Nordby perça le code de Jötunvillur. Sachant que les deux versions du texte portaient les noms de famille Sigurd et Lavrans, il comprit que chaque rune se voyait remplacée par la rune associée à la dernière lettre de sa désignation complète. Ainsi la rune pour le b, bjarkan, était remplacée par la rune pour le n.
© Éditions Flammarion
Les correspondances sont représentées ci-dessus. Il est à noter qu'une rune chiffrée correspond parfois à plusieurs runes initiales, ce qui ajoutait à la difficulté du décryptage.
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