Dans l’imaginaire populaire, les services de renseignements comme la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) sont peuplés de barbouzes musclés, pas vraiment d’intellectuels raffinés et surtout pas de mathématiciens. Dans la réalité, c’est exactement le contraire !


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    Les services de renseignements ont un passé méconnu, leurs résultats étant longtemps couverts par le secret défense.

    Ainsi, ce n'est qu'en 1967 qu'on apprit que les Français avaient décrypté les messages allemands pratiquement tout au long de la première guerre mondiale. L'acteur emblématique des succès du décryptement français pendant la première guerre mondiale, Georges Painvin était polytechnicien, membre du prestigieux corps des Mines, ce qui n'était guère étonnant car les qualités requises pour casser les chiffres de 14-18 étaient d'ordre mathématique, même si la linguistique y avait aussi son importance. La même histoire se répéta pendant la seconde guerre mondiale, l'acteur emblématique étant alors Alan TuringAlan Turing, qui ne connut malheureusement pas la reconnaissance publique de son vivant.

    De nos jours, le décryptement est toujours une composante importante des services de renseignements, preuve en est le concours Al Kindi (portant sur la cryptologiecryptologie) organisé par Animath et patronné par la DGSE.

    Les mathématiques du renseignement

    Le décryptement n'est pas tout. La collecte des renseignements comporte aussi une partie scientifique. Par exemple, contrairement à une croyance enracinée, InternetInternet n'a rien d'un réseau immatériel. Il passe par des câbles sous-marinssous-marins en fibre optique. Vue la position géographique de notre pays, un grand nombre transitent par la France. Ceci permet la surveillance des communications suspectes, comme celles provenant de Syrie par exemple. Sans même les décrypter, ces communications permettent de savoir qui parle à qui et ainsi établir un graphe des relations. Des mathématiciensmathématiciens sont nécessaires pour traiter ce genre de données. Les services de renseignement ont ainsi besoin de spécialistes du Big Data et dans d'autres domaines scientifiques que nous n'énumérerons pas.

    Hervé Lehning

    En savoir plus sur Hervé Lehning

    Normalien et agrégé de mathématiques, Hervé Lehning a enseigné sa discipline une bonne quarantaine d'années. Fou de cryptographie, membre de l'Association des réservistes du chiffre et de la sécurité de l'information, il a en particulier percé les secrets de la boîte à chiffrer d'Henri II. 

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    À découvrir également : L'univers des codes secrets de l'Antiquité à Internet paru en 2012 chez Ixelles.