À partir de 1664, le Canada devient une colonie royale de peuplement. Louis XIV est hostile à toute émigration excepté vers la Nouvelle-France mais le développement de cette colonie n’attire pas les candidats à l’immigration : le climat est réputé hostile, les terres peu fertiles, la mortalité élevée et le pays manque de femmes.
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L'État fait porter les efforts sur le peuplement : Colbert utilise comme première méthode l'immigration systématique de « filles à marier » ou « filles du roi », souvent orphelines, pauvres, âgées de 12 à 30 ans en majorité. Dotées par le roi, elles reçoivent également des primes de naissances et des concessions de terrains. Plus de sept cents jeunes femmes originaires de Paris (30 %), de Normandie, du Poitou, de Vendée... quittent la France pour le Canada entre 1663 et 1673.
Les engagés de la Nouvelle-France
La transformation d'une société de trappeurs en colonie agricole est le deuxième objectif de Colbert : le développement de l'agricultureagriculture est spectaculaire à partir des années 1660 ; les nouveaux arrivants qui s'engagent à demeurer au moins trois ans dans la colonie, se font attribuer une parcelle exploitable avec une prime à l'installation et des vivres pour un an. Ces engagés sont si possible agriculteurs mais aussi bûcherons, charpentiers... des artisans de toutes spécialités. Ils arrivent très majoritairement de la façade ouest de la France, de Normandie, du val de Loire et de Paris, et ont 25 ans d'âge moyen.
Le rôle déterminant des militaires
Le nombre d'habitants reste néanmoins insuffisant pour maîtriser l'immense espace canadien. Un vaste réseau de forts militaires a été édifié d'abord vers l'ouest et les Grands Lacs (puis vers le sud et le Mississippi après l'exploration réalisée par Cavelier de la Salle en 1682). En 1665, Louis XIV envoie à Québec et Montréal 1.300 soldats du régiment Carignan-Salières pour combattre les Iroquois. La paix signée en mars 1667, le roi offre aux soldats de s'établir en Nouvelle-France en leur concédant des terres le long du Saint-Laurent. Environ 400 d'entre eux vont ainsi contribuer au peuplement de la colonie. La présence militaire est importante et confère aux officiers un rôle d'encadrement de la société : avec la sédentarisation des soldats apparaît l'« officier-seigneur » qui tient son titre exclusivement du roi. Le système seigneurial français est transplanté en Nouvelle-France : les colons dépendent donc d'un seigneur auquel ils doivent obéissance et taxes diverses. Une enquête de 1709 recense 90 seigneuries dans la vallée du Saint-Laurent, réparties de façon perpendiculaire au fleuve, contre la volonté de l'administration royale qui voudrait favoriser un habitat regroupé pour mieux se protéger des incursions iroquoises.
Une population jeune, dynamique et métissée
Les chiffres de la démographie canadienne sont connus en 1685, d'après une étude de Vauban. Ils s'avèrent très positifs grâce à une population jeune, une bonne adaptation au climatclimat et une meilleure alimentation qu'en métropole. La population globale atteint 12.373 habitants dont 5.629 femmes à cette date ; en 1714, elle est de 19.315 habitants. Montréal et Québec sont les deux villes principales et concentrent 30 % de la population. Nulle part ailleurs qu'en Nouvelle-France, le chiffre de la population n'est aussi bien connu. Le Canada est désormais considéré comme une province française avec son gouverneur et ses intendants.
Dans cette société à la française, les alliances avec les Amérindiens constituent un moyen de contenir la poussée des Anglais, vingt fois plus nombreux que les Français vers 1700. Le rapprochement entre colons et autochtones existe par le biais des mariages avec les Indiennes. Au début du XVIIe siècle, après la création de Québec, les mariages mixtes se heurtaient au refus de toute acculturation de la part des tribus locales et de l'Église très hostile au métissage. Après 1680, ces mariages vont permettre de compenser la faiblesse de la population féminine européenne, davantage en Louisiane qu'au Canada et ils vont sans doute inciter à la christianisation des Amérindiens.