Le Congrès de Vienne, qui se déroule de septembre 1814 à juin 1815, marque la fin des guerres napoléoniennes et redessine la carte politique de l'Europe. Parmi les nombreux diplomates présents, Klemens Wenzel von Metternich, chancelier de l'empire d'Autriche participe activement à la réorganisation de l’Europe en ce début du XIXe siècle.


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    Comte fait prince de Metternich en 1813, le Rhénan Klemens Wenzel Nepomuk Lothar est le chef du gouvernement et de la diplomatie autrichienne lors du Congrès de Vienne qui s'ouvre en 1814. Farouche opposant à Napoléon qu'il accuse de menacer l'équilibre européen, il combat fermement cette France révolutionnaire. Pour lui, la révolution n'est rien d'autre qu'une maladie du corps social, incarné par Napoléon.

    Metternich au coeur de la diplomatie franco-autrichienne

    Evoluant des les cercles proches du pouvoir, Metternich devient chancelier en 1809. Le 14 octobre 1809, il signe le traité de Schönbrunn par lequel Napoléon impose à l'Autriche de reconnaître ses conquêtes territoriales et de rejoindre le blocus contre le Royaume-Uni. Face à cette humiliation pour l'Autriche, Metternich temporise et tente d'apaiser les relations entre les deux Etats. Pour cela, il participe notamment à l'organisation du mariage de la fille de François 1er, empereur d'Autriche, Marie-Louise avec Napoléon en 1810.

    La célèbre rencontre entre l'empereur français Napoléon Ier et le diplomate autrichien le marquis Klemens von Metternich au palais Marcolini à Dresde le 26 juin 1813. © Wikimédia Commons, domaine public
    La célèbre rencontre entre l'empereur français Napoléon Ier et le diplomate autrichien le marquis Klemens von Metternich au palais Marcolini à Dresde le 26 juin 1813. © Wikimédia Commons, domaine public

    Alors que les Etats allemands s'apprêtent à engager les combats contre les armées napoléoniennes à l'aube de l'année 1813, Metternich se propose en médiateur entre les puissances mais Napoléon n'offre pas une réponse satisfaisante : il propose la ville de Berlin et la région du Brandebourg au roi de Saxe qui est un solide soutien des Français ainsi que le duché de Varsovie au roi de Prusse. Les combats se font féroces mais cette campagne d'Allemagne s'enlise. L'Autriche propose alors un armistice aux différents protagonistes. Napoléon signe le 4 juin 1813 l'armistice de Pleiswitz, moment que choisit Metternich pour offrir à Napoléon une sortie de la guerre si l'empereur fait une croix sur les territoires de la Suisse actuelle, de la Hollande, de l'Espagne, de l'Italie et des territoires à l'Est du Rhin. Napoléon refuse. La guerre reprend et l'Autriche se joint alors à la Sixième coalition contre l'empereur français. Ce dernier est battu lors de la bataille de Leipzig entre le 16 et le 19 octobre 1813. En novembre, toujours dans la recherche d'une issue diplomatique à ces conflits, Metternich propose le mémorandum de Francfort. En accord avec les chefs d'Etat des pays de la Sixième coalition, le chancelier autrichien fait une proposition à Napoléon : la France conserve la Belgique et les régions de l'Ouest de l'Allemagne appelées la rive gauche du Rhin. Le message est porté par le baron de Saint Aignan qui avait été capturé en Saxe. Napoléon semble accueillir favorablement la proposition avant de se raviser brutalement.

    En février 1814, la Sixième coalition envahit la France. Le 31 mars 1814, les forces coalisées entre dans Paris et l'Empereur est contraint d'abdiquer. Les négociations s'ouvrent au congrès de Châtillon à des conditions beaucoup plus dures que celles proposées jusque là, puisque la France retrouverait ses frontières de 1792. Le 30 mai 1814 est signé le Traité de Paris. C'est ce traité qui prévoit l'ouverture d'un congrès à Vienne afin de statuer sur les territoires conquis par Napoléon. Le congrès est convoqué le 1er novembre 1814.

    Un défenseur de l’équilibre européen

    Lors de ce congrès qui réunit toute l'Europe monarchique, Klemens Wenzel von Metternich y assiste en tant que chef du gouvernement. Il a pour principal objectif de restaurer l'équilibre des forces en Europe afin de garantir une paix durable. Pour lui, cela passe par la restauration des monarchies traditionnelles, notamment en France, et par la préventionprévention de toute hégémonie d'une puissance unique. Il craint particulièrement l'expansion de la Russie vers l'ouest et l'instabilité potentielle causée par les mouvementsmouvements nationalistes et libéraux. Il s'allie à Talleyrand pour le maintien d'un royaume de Saxe, afin de limiter la montée en puissance de la Prusse. 

    Clemens Lothar Wenzel, Prince Metternich par Lawrence © Wikimédia Commons, domaine public
    Clemens Lothar Wenzel, Prince Metternich par Lawrence © Wikimédia Commons, domaine public

    Pour cela il participe activement à la mise en place du concert européen : la multiplication des points de contact que ce soit au niveau des chefs d'Etat ou des ambassadeurs permet de maintenir le lien et de prévenir les risques de conflits. Cette approche se fait dans le cadre de ce qui sera désigné plus tard comme étant le "système de Metternich". Ce système repose sur trois piliers à savoir la restauration des monarchies légitimes, la création d'une série d'États tampons autour des grandes puissances pour éviter l'expansion territoriale, et l'organisation régulière de congrès diplomatiques pour résoudre les conflits par la négociation.

    Metternich voit dans l'équilibre des puissances non seulement une garantie de paix, mais aussi un moyen de préserver l'influence de l'Autriche, menacée par les ambitions territoriales de ses voisins.

    Un architecte de la réaction

    Si le Congrès de Vienne marque un tournant majeur dans la diplomatie européenne, il représente également une victoire pour les idées conservatrices et monarchistes. Metternich est souvent perçu comme le symbole de la réaction contre les idées révolutionnaires et libérales qui ont émergé depuis la Révolution française. Il cherche à supprimer les aspirations nationalistes en Europe centrale et en Italie, et à maintenir le statu quo politique. Ce désir de stabilité le pousse à renforcer la censure et la répression contre toute forme de contestation. Ce réseau de contrôle étouffe les aspirations des peuples à l'unité nationale et à la liberté politique, ce qui conduit à des tensions croissantes, culminant avec les révolutions de 1848 qui ébranlèrent l'ordre établi par l'homme d'Etat autrichien.