Le conflit israélo-palestinien trouve son origine dans les rivalités autour de l'occupation du territoire de Palestine, rivalités qui s'exacerbent dans le contexte de la montée des mouvements nationalistes de la fin du XIXe siècle.
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La proclamation de l'Etat d'Israël lors du retrait des Britanniques le 14 mai 1948 n'est que le résultat de plusieurs décennies de tensions. Mais pour quelles raisons Palestiniens et Juifs s'affrontent-ils depuis maintenant près de 70 ans ? Quelles sont les origines de ce conflit qui connaît un regain de violence ?
Immigration et propriété agricole à l’aube du XXe siècle
A la veille du XIXe siècle, la Palestine en tant qu'entité distincte n'existe pas. Elle est désignée comme la région de Syrie du sud et est sous l'autorité de l'Empire Ottoman. En 1881, elle est peuplée d'environ 470 000 habitants dont 25 000 juifs. La population est majoritairement rurale et musulmane. A l'aube de la Première Guerre mondiale, l'essor démographique s'accompagne de mutations structurelles : la population de plus de 720 000 personnes est essentiellement urbaine. On compte alors environ 80 000 juifs. Deux vaguesvagues d'immigrations successives - appelées alya - viennent agrandir considérablement la communauté juive de Palestine. Entre 1881 et 1903, ce sont pas moins de 30 000 juives yéménites qui arrivent en Palestine, puis entre 1904 et 1914, lors de la deuxième alya 35 000 juifs d'Europe orientale viennent s'ajouter à cela.
Or cette région profondément agricole connaît des modifications juridiques majeures. L'adoption du droit de propriété dans le code foncier ottoman en 1858 conduit à la suppression de l'exploitation collective de la terre et du partage des lopins fertiles au profit d'une exploitation individuelle et de la constitution de grandes propriétés foncières. En 1882, les propriétaires juifs possèdent 22 000 dounams - 1 dounam correspond à 1000m² - alors qu'en 1914, ils en possèdent 422 000 sur les 27 millions disponibles. Les nouveaux arrivants entendent valoriser leurs terres au détriment des métayers arabes qui sont ainsi dépossédés de fait des lopins de terre sur lesquels ils travaillaient jusque-là alors que les nouveaux propriétaires fonciers veulent favoriser l'embauche des travailleurs juifs. Cette approche séparatiste est dénoncée par la population arabe.
Le statut de Dhimmi au sein de l’Empire Ottoman
Les Juifs en Palestine sont ahl al Kitab - peuple du Livre - et bénéficient du régime de la dhimma, c'est-à-dire qu'en échange de la protection des autorités, ils reconnaissent par le droit leur statut inférieur. Cependant, ils deviennent objets de persécutions par le pouvoir en place dès lors qu'une crise survient. C'est le cas à Safed lors des crises de 1799, 1834 et 1838. Cette dernière donne lieu à des réformes - appelées Tanzimat - de la part du pouvoir ottoman afin de garantir l'égalité en droit entre les différentes communautés mais la cohabitation reste précaire. Le déclin de l’Empire Ottoman s'accompagne de l'émergenceémergence des premiers mouvements nationalistes arabes entre 1900 et 1910. Le mouvement s'enracine fortement en Egypte et au Liban avec en chefs de fil des auteurs comme Neguib Azoury et Al Kawakibi. Il s'oppose au mouvement sioniste qui apparaît au XIXe siècle. Il s'affirme dès la fin du XVIIIe siècle dans la Russie tsariste puisque c'est sur ses territoires que vivent plus des deux tiers du judaïsme mondial. Les Juifs en tant que communauté ont une forte conscience de groupe et se considèrent comme une nation - yiddishland. Un mouvement culturel de fond issu de cette communauté fait de l'hébreu une langue d'enseignement, une langue maternelle et un élément fédérateur. En 1890, le Comité de la langue - Va'ad ha Lashon - voit le jour en Palestine. Ce mouvement culturel qui se concentre dans un premier temps en Europe orientale se fait politique avec la création de groupuscules comme les Amants de Sion. Le mouvement se structure progressivement sous l'impulsion de Theodor Herzl et lors du premier congrès sioniste à Bâle en 1897.
Pourtant les premiers sionistes n'arrivent en Palestine qu'entre 1881 et 1882. C'est le vieux Yishouv, communauté juive séfarade, qui constitue le renouveau de la communauté juive à Jérusalem dès le milieu du XIXe siècle avant les vagues successives d'immigration de 1881 à 1914.
Ce mouvement sioniste suscite une forte défiance de la part des élites arabes palestiniennes. Ces prises de position sont révélatrices de la naissance d'une identité palestinienne propre. Le 24 juin 1891, les notables arabes de Jérusalem sollicitent le grand vizir d'Istanbul pour interdire l'immigration juive en Palestine et l'achat foncier par des Juifs. En 1899, en réponse aux alya, Taher Husseini, grand mufti de Jérusalem demande à son tour au pouvoir ottoman l'expulsion des Juifs issus de l'alya.
La Première Guerre Mondiale et la déclaration de Balfour
L'empire ottoman s'engage dans le conflit au côté des forces allemandes et autrichiennes. La France et le Royaume-Uni réagissent à l'appel au djihad général des musulmans, lancé par la PortePorte en 1914. Les deux pays soutiennent alors Hussein, chérif de La Mecque, qui se veut être le « porte-parole » de la nation arabe dans l'optique de construire un Etat arabe indépendant. Le désaccord entre le Royaume-Uni et Hussein sur le statut de la Palestine aboutit en mai 1916 aux accords de Sykes-Picot, accords qui internationalisent la Palestine et en font une entité distincte de la Syrie voisine.
Entre 1916 et 1917, une projet mémorandum par l'exécutif sioniste sert de base à la rédaction de la Déclaration de Balfour qui est signée par le ministres des affaires étrangères britannique du gouvernement Lloyd George. Cette déclaration reconnaît pour la première fois l'existence du peuple juif et la nécessité de créer un "foyer national juif".
En outre, afin d'affaiblir l'Empire ottoman, les Anglais lancent une offensive en janvier 1917 à partir de l'Egypte et prennent Jérusalem le 11 décembre 1917 puis Nazareth, Naplouse et Haïfa en septembre 1918. Le 31 octobre 1918 est signée l'armistice de Moudros. Les Britanniques sont maîtres de la Palestine qui passe ainsi sous mandat britannique.
La publication de cette déclaration en 1920 et la tenue de la conférence de San Remo entraînent une vague de violence en Palestine. Une vague de violence éclate alors entre le 4 et le 7 avril 1920 lorsque la foule mutile et tue les Juifs de Jérusalem. L'année suivante des émeutes éclatent à Jaffa, en mai 1921 puis s'étendent à Tel Aviv, Petah et Tikva notamment. En juillet 1922, le Congrès palestinien refuse de reconnaître les dispositions prises pour la création d'un Foyer national juif.
1945-1948 : l’embrasement
A la sortie de la Deuxième Guerre mondiale, Londres propose un plan de partitionpartition de la Palestine qui est rejeté par les deux parties. Face à l'impasse dans laquelle se trouve le Royaume Uni, Bevin indique à la Chambre des Communes qu'il va soumettre le dilemme aux Nations Unis. Nous sommes le 18 février 1947. Deux mois plus tard, l'ONU mandate une commission nouvellement formée, l'UNSCOP, qui se rend en Palestine puis poursuit sa mission en Jordanie et au Liban. Elle est présidée par le suédois Sandström et propose un plan de partage en 7 zones. Le rapport est soumis aux Nations Unies le 1er septembre 1947. La conclusion de ce rapport est qu'il est nécessaire de mettre fin au mandat britannique mais des désaccords demeurent sur le plan de partage. Après consultations, un nouveau plan de partage est proposé avec partition pour deux États distincts avec une zone internationale autour de la ville de Jérusalem. Le vote est retransmis en direct le 29 novembre 1947. 33 pays se prononcent en faveur d'une solution à deux Etats, 13 contre et 10 s'abstiennent de voter.
Ce vote entraîne un déchaînement de violence notamment dans les villes où cohabitent Arabes et Juifs. Les affrontements sont sanglants. La stratégie de l'Armée de libération arabe et de ses quelque 8 000 hommes est de harceler la population juive dans les territoires qui lui sont dévolus dans le plan de partition, en attendant l'entrée en guerre des pays voisins arabes. Entre décembre 1947 et mars 1948, la bataille des routes menées par les forces arabes rend quasiment impossible la circulation des convois juifs. Acculée, la population juive change de stratégie et applique le plan Dalet, distribué aux forces armées le 10 mars 1948. Ce plan appelle à la destruction des villages arabes hostiles qui enserrent les territoires de peuplement juif. C'est lors de l'exécution de ce plan qu'est tué Abdelkader al Husseini, chef militaire palestinien respecté, le 8 avril 1848.
Les affrontements prennent un nouveau tournant le 21 avril 1948 lors des affrontements d'Haïfa et la demande de cessez-le-feu des forces arabes. L'attaque de Jaffa et les massacres de Deir Yassin le 9 avril 1948 et du convoi de l'hôpital Hadassah le 13 avril 1948 instaurent un climatclimat de terreur parmi les populations civiles qui sont massivement poussées à l'exode.
Le 14 mai 1948, le mandat britannique se termine. Ce jour-là David Ben Gourion proclame l'indépendance d'Israël alors que le Haut Comité arabe se refuse à proclamer l'État arabe de Palestine, manifestant ainsi son désaccord quant au plan de partage.
La Légion arabe lance son offensive et entre en territoire palestinien le 15 mai 1948 pour occuper les territoires tels que définis dans les lignes de partage de l'ONU, ce qu'elle parvient à faire dès le 21 mai 1948. Cependant, elle doit se résoudre à limiter son intervention à Jérusalem pour ne pas contrevenir aux dispositions du partage de l'ONU et à l'accord avec Israël. Le blocus de Jérusalem est cassé le 8 juin 1948 et un cessez-le-feu intervient le 29 mai. Cependant les combats reprennent le 9 juillet 1948. L'armistice est signé en avril 1949 à Rhodes mais ne parvient pas à résoudre les tensions entre les deux parties.