George Sand est un écrivain prolifique. Elle écrit chaque jour pendant 46 ans que ce soit des romans, des pièces de théâtre, des contes, des articles de journaux ou des lettres lors de sa correspondance avec, entre autres, Alfred de Musset et Victor Hugo. Mais au-delà de ses talents littéraires, elle s’engage pour défendre ses valeurs et ses idées.


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    Femme de lettre à la plume aiguisée, Amantine Aurore Lucile Dupin adopte le pseudonyme J. Sand en souvenir de son amant Jules Sandeau en 1832. Celle qui devient George Sand assume pleinement ce pseudonyme masculin et revendique de s'habiller comme un homme. Par son mode de vie, elle s'engage dans la lutte pour la condition des femmes. 

    Une prise de position en faveur de la condition de la femme

    C'est par son mode de vie tout d'abord qu'elle revendique le droit à plus de liberté pour les femmes. Sa vie amoureuse est tumultueuse : elle entretient des histoires d'amour avec Alfred de Musset, Frédéric Chopin, Louis Michel qui la convainc de l'importance des idéaux socialistes ou encore son mari, Casimir Dudevant dont elle divorce. 

    George Sand et Frédéric Chopin d'après Eugène Delacroix © Wikimédia Commons, domaine public
    George Sand et Frédéric Chopin d'après Eugène Delacroix © Wikimédia Commons, domaine public

    Son premier roman, Indiana, publié en 1832 est l'occasion pour la jeune femme d'aborder cette question de la condition féminine dans ses écrits. Elle y aborde la condition féminine au sein du couple bourgeois. Le roman met en scène une jeune femme mariée à un homme autoritaire. Oppressée, elle rêve de liberté et d'amour authentique, mais se heurte aux conventions sociales. Le personnage principal, Indiana, cherche à s'affranchir de son mariage forcé. Avec cette virulente critique du mariage comme institution patriarcale, George Sand dénonce le maintien des femmes dans la dépendance et l'aliénation. Cependant, elle ne se définissait pas comme une militante féministe au sens strict, mais son œuvre et son parcours de vie ouvre la voie à une réflexion sur le genre et la liberté des femmes.

    La prise de position engagée de George Sand après la Révolution de 1848

    Lors de la Révolution de 1848, l'engagement politique de George Sand prend une nouvelle ampleur. Alors que Louis-Philippe est renversé, elle affiche publiquement son engagement socialiste. Sand se lance alors activement dans le débat public en écrivant des articles et en participant à la presse républicaine. Elle devient rédactrice pour plusieurs journaux, dont La Réforme, à la demande de son ami Louis Blanc, dans lequel elle publie notamment son article intitulé l'Election de Louis-Napoléon à la présidence de la République. Elle échange d'ailleurs par lettre avec Louis Bonaparte, Barbès, Edouard Charton ou encore Pauline Roland puis publie dans les journaux nouvellement créés comme La Cause du Peuple, Le Bulletin de la République, et La Vraie République.

    Lettre en date du 21 septembre 1849, de George Sand à son ami, Édouard Charton (1807-1890), journaliste, directeur de publications et homme politique français. La romancière plaide pour le peintre et dessinateur Léon Villevieille (1826-1863). © Wikimédia Commons, domaine public
    Lettre en date du 21 septembre 1849, de George Sand à son ami, Édouard Charton (1807-1890), journaliste, directeur de publications et homme politique français. La romancière plaide pour le peintre et dessinateur Léon Villevieille (1826-1863). © Wikimédia Commons, domaine public

    Sand écrit également une série de Lettres au peuple, des textes courts et accessibles destinés à expliquer les idées républicaines et à encourager les citoyens à soutenir les réformes. Elle souhaite éduquer et sensibiliser les ouvriers et les paysans aux idéaux de la République. Elle y prône la solidarité, la justice et la nécessité de se mobiliser pour défendre les valeurs républicaines contre les forces conservatrices.

    Tu vas régner, ô Peuple ! Règne fraternellement avec les égaux de toutes les classes; car la République, cette arche sainte de l’alliance sous les ruines de laquelle désormais nous devons tous périr plutôt que de l’abandonner, la République, cette forme par excellence des sociétés durables, proclame et consacre devant l’univers qu’elle prend à témoin de son serment l’égalité des droits de tous les hommes

    Après les émeutes du 15 mai 1848, elle trouve refuge chez Alexandre Ledru-Rollin. Mais les événements s'enchaînent et réduisent à néant les ambitions de la jeune République que soutient fermement la jeune femme. George Sand soutient la création des Ateliers nationaux, un programme mis en place par le gouvernement provisoire de 1848 pour offrir du travail aux chômeurs. Ces ateliers sont destinés à lutter contre la pauvreté et à assurer un revenu aux ouvriers. Sand y voit une première étape vers une réforme économique plus large et plus équitable, et elle milite pour que ces initiatives soient renforcées et étendues. Elle défend l'idée d'une République sociale, qui ne se contente pas de garantir la liberté politique, mais qui prend également soin des besoins économiques et sociaux de ses citoyens. Or la décision de fermeture de ces Ateliers Nationaux, soupçonnés d'être des foyers d'insurrection, porteporte un coup brutal à l'engagement de George Sand.

    La défense des opposants politiques après le coup d’Etat de 1851 

    Après le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, qui marque la fin de la Deuxième République et l'avènement du Second Empire, George Sand prend fermement position en faveur des opposants politiques persécutés par le nouveau régime. Elle exprime sa solidarité avec les républicains arrêtés, emprisonnés ou exilés pour avoir tenté de résister à ce coup de force et sollicite une entrevue avec l'Empereur. Elle rencontre Napoléon III le 30 janvier 1851 et parvient non sans mal à obtenir la remise de peine de certains de ses compagnons républicains. Mais la censure ne lui permet plus de publier dans les journaux. Elle se tourne alors vers d'autres genres littéraires pour poursuivre ses prises de position.