De 1648 à 1653, le royaume de France est traversé par une série de contestations politiques et d’affrontements successifs qualifiés de « Fronde » ou de « guerres domestiques ». Pour mieux identifier les deux principales forces qui se sont opposées au pouvoir royal, les historiens découpent schématiquement cette période complexe en deux phases : la Fronde parlementaire, puis la Fronde de la haute noblesse appelée aussi Fronde des princes.
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La Fronde frappe le royaume de France pendant la minorité de Louis XIV (1643-1656) : Louis XIII est mort en 1643, le pouvoir royal est affaibli par une période de régence gérée par Anne d'Autriche et son principal conseiller Mazarin. La situation économique et sociale est très délicate car la guerre de Trente Ans n'est pas achevée et la France va poursuivre le conflit avec l'Espagne jusqu'en 1659.
La Fronde parlementaire (1648-1649)
En janvier 1648, la Fronde débute avec un soulèvement des membres du Parlement de Paris : ils protestent contre les pouvoirs accrus du Conseil du roi et des intendants (représentants du roi en province, en matière de justice et de finances) et ils refusent que la monarchie touche à leurs privilèges judiciaires et fiscaux. En quête perpétuelle de ressources financières, le roi (c'est-à-dire la régente Anne d'Autriche et Mazarin) multiplie la création d'offices : les parlementaires sont des officiers qui ont acheté leur fonction et sont opposés à la création de nouveaux offices puisque l'augmentation de l'offre fait baisser le cours de leur prix.
Un office produit des revenus (des gages) et le pouvoir royal veut supprimer les gages des parlementaires en avril 1648. Tous les officiers des cours souveraines (Parlement, Chambre des Comptes, Cour des Aides) deviennent solidaires pour défendre leurs privilèges. Les magistrats rédigent un projet de réformes qui prévoit la réduction de la taille, le rappel de tous les intendants sur l'ensemble du royaume, le renoncement à la création de nouveaux offices ...
Les parlementaires réunis en chambre extraordinaire, proclament un véritable programme de gouvernement qui sous-entend que l'autorité absolue du roi se place désormais sous la tutelle des cours souveraines. À la même période, l'État royal se déclare en banqueroute, annule tous les prêts et avances consentis pour l'année 1648. Les problèmes politiques de la Fronde prennent place dans un contexte économique et financier véritablement catastrophique pour la France en 1648.
La monarchie en période de régence se trouve en situation de lourd déficit généré par les dépenses de la guerre de Trente Ans. Les premières journées d'émeute ont lieu à Paris, en août 1648 : le mouvement populaire qui soutient la Fronde parlementaire prend de l'ampleur parce qu'il s'inscrit dans une crise de subsistance. Déjà éprouvée par les disettes, la population est exaspérée par l'accroissement de la pressionpression fiscale liée à la guerre qui n'est pas encore terminée au début de la Fronde (les traités de Westphalie sont signés en octobre 1648).
Trois parlementaires ayant été arrêtés par la régente Anne d'Autriche et Mazarin, la population parisienne obtient leur libération après les journées d'émeutes dites « des Barricades ». Anne d'Autriche et Mazarin se résignent temporairement à accepter les exigences des magistrats frondeurs mais en janvier 1649, la famille royale se retire à Saint-Germain-en-Laye et Mazarin fait assiéger Paris par le prince Louis de Condé. Le Parlement organise la résistancerésistance avec des membres de la noblesse de cour et la municipalité de Paris. Mais, craignant l'agitation populaire, il négocie finalement la paix de Rueil (11 mars 1649) avec Mazarin et la régente dont il obtient le pardon contre l'abandon de ses prétentions politiques.
La Fronde de la haute noblesse (1650-1653)
La Fronde des princes est déclenchée par l'arrestation, sur ordre de Mazarin, des princes de Condé, de Conti et du duc de Longueville (janvier 1650). Condé est un « prince du sang », personnage au prestige militaire exceptionnel qui détient une influence politique grandissante au sein du Conseil du roi. Le soulèvement en faveur des trois princes sous la conduite de la haute noblesse (aidée par les troupes espagnoles), est mis en échec le 15 décembre 1650 par l'armée royale. La Normandie, la Bourgogne, la Provence, le parlement de Bordeaux, puis le parlement de Paris manifestent leur soutien aux princes. Une coalition de parlementaires et de la noblesse obtient la libération de Condé, Conti et Longueville, puis l'exil de Mazarin en février 1651.
Les frondeurs vont commencer à s'opposer dans leur vision politique du mouvement : le maréchal de Turenne se rallie à Louis XIV qui a atteint sa majorité en septembre 1651 ; il s'installe à Poitiers avec Mazarin tandis que Louis de Condé et ses partisans entretiennent depuis Bordeaux, un soulèvement provincial avec l'appui de l'Espagne. Après la bataille indécise de Bléneau pour reconquérir la capitale en avril 1652 (armée de royale de Turenne contre armée de Condé), le prince de Condé se rend maître de Paris grâce à la Grande Mademoiselle (fille de Gaston d'Orléans et donc, cousine germaine de Louis XIV) qui fait tirer depuis la Bastille sur les troupes royales, le Ier juillet 1652.
Les violences à l'égard de la population de Paris, les graves problèmes de ravitaillement de la capitale et la lassitude générale engendrent un ralliement à la monarchie. Condé, motivé par son opposition personnelle à Mazarin et non par une réforme de l'État royal, va proposer ses services au roi d'Espagne. Le 21 octobre 1652, Louis XIV et Anne d'Autriche entrent à Paris, suivis par Mazarin en février 1653. Les troubles politiques et militaires se prolongent à Bordeaux et dans le sud-ouest, fidèle à Condé, jusqu'en août 1653.
Bilan des événements
Les difficultés qui ont amené la Fronde subsistent : la guerre avec l'Espagne n'est pas terminée, les levées d'impôts demeurent catastrophiques pour la population du royaume. Les décisions du gouvernement de Louis XIV vont aller dans le sens opposé aux revendications des frondeurs : les intendants reviennent dans les provinces avec des moyens plus étendus et les États Généraux ne seront plus convoqués jusqu'à la Révolution.
L'échec de la Fronde aboutit au renforcement de l'absolutisme qu'elle a combattu durant plus de quatre années. Louis XIV va neutraliser la haute noblesse à Versailles : elle ne participe plus au Conseil du Roi. Quant au Parlement de Paris, le droit de remontrances lui est retiré en 1673. La Fronde ressemble à une révolution manquée dans un contexte de crise économique et sociale généralisée.