Alors que s'ouvre une crise dynastique à la succession du trône de France, Édouard III, alors roi d'Angleterre, vient perturber le passage de pouvoir. Il fait valoir ses prétentions sur la couronne du royaume de France et se place en alternative la plus légitime à Philippe de Valois, cousin germain du roi défunt Charles IV.
au sommaire
Édouard III, roi d'Angleterre, monte sur le trône en 1327. Dès l'année suivante, il revendique le trône de France lorsque Charles le Bel meurt sans héritier, ce qui ouvre la voie à une nouvelle crise de succession.
Le roi d’Angleterre, vassal du roi de France
Pour mieux comprendre les revendications d'Édouard sur le royaume de France, il faut remonter au siècle précédent. En 1259, Louis IX, roi de France, et Henri III d'Angleterre signent le Traité de Paris. Par ce traité, le roi de France reconnaît les possessions anglaises sur la Guyenne (actuelle Aquitaine) en échange de l'hommage lige du roi d'Angleterre. Le roi d'Angleterre, qui possède de vastes territoires au cœur du royaume de France, devient donc vassal du roi de France et est soumis par des liens de vassalité issus de la féodalité. Mais cette situation va encourager les tensions entre les deux royaumes.
La fin du miracle capétien
Côté français, les Capétiens se succèdent sur le trône de France, accomplissant le miracle capétien. En 1285, Philippe le Bel entame son règne. Philippe le Bel a trois fils et une fille : Louis X, Philippe V, Charles IV, Isabelle de France. Mais le scandale de la Tour de Nesle va mettre en péril la succession capétienne. Deux des brus du roi Philippe le Bel sont accusées d'adultère, emprisonnées et meurent en détention. Si les deux fils de Philippe le Bel se remarient, aucun n'aura d'héritier mâle. Ainsi, à la mort de Louis X le Hutin, se pose la question de la succession, lui qui n'a eu qu'une fille et dont la seconde épouse accouche d'un enfant, Jean 1er, qui meurt quelques jours après sa naissance.
Jeanne, la fille aînée du défunt roi, est donc l'héritière naturelle du trône de France. Mais Philippe le Long, le frère de Louis X le Hutin et oncle de Jeanne, ne cache pas son ambition et revendique le trône du royaume de France. En 1317, il obtient la couronne par acclamation d'une assemblée de nobles réunie par ses soins. C'est lors de cette même assemblée qu'il est déclaré qu'une femme ne peut pas succéder au roi. C'est ce que l'on appelle la loi salique.
En 1322, Philippe V meurt, lui aussi sans héritier mâle. C'est donc son frère, Charles Le Bel, qui hérite du trône. Mais en 1328 à sa mort, les trois fils de Philippe le bel se sont donc succédé sur le trône de France et Charles disparaît à son tour sans descendance masculine.
Changement dynastique
Se pose à nouveau le problème de la succession. Trois héritiers sont alors envisagés :
Philippe d'Évreux est le mari de Jeanne, fille de Louis X. Mais Jeanne a déjà été écartée en 1316, et ne peut transmettre la couronne en vertu de la loi salique. Cette option est donc rapidement écartée.
Philippe de Valois est le cousin germain des trois derniers rois mais il représente une branche cadette des Capétiens directs : les Valois. Il est également un homme puissant et influent, avec un soutien important de la noblesse française.
Édouard III d'Angleterre : la fille de Philippe Le Bel, Isabelle de France, épouse Édouard II, devient reine consort d'Angleterre. Son fils, Édouard III, est proclamé roi d'Angleterre par sa mère qui fait arrêter et emprisonner son mari Édouard, ce dernier étant assassiné en prison peu de temps après. Il se considère comme le plus proche héritier de Charles le Bel car descendant direct de Philippe Le Bel dont il est le petit-fils.
La revendication d'Édouard III repose sur une interprétation spécifique de la loi salique. Selon Édouard III, la loi salique exclut les femmes de la succession au trône, mais ne limite pas la succession aux descendants mâles directs. Cette interprétation est contestée par les partisans de Philippe VI qui considèrent que la loi salique exclut les femmes ainsi que les descendants par des femmes de la succession. En outre, Édouard III est considéré comme un étranger, un Anglais.
C'est finalement Philippe de Valois qui est choisi par un conseil de notables pour assurer la régence puisque Jeanne, la femme de Charles le Bel, est enceinte. Mais elle accouche d'une fille. Philippe de Valois est alors désigné par les barons réunis à Vincennes comme nouveau roi de France au détriment d'Édouard III. En tant que vassal, Édouard III, après maintes tergiversations, rend hommage à Phillipe VI en 1329.
Cet affront constitue l'une des principales causes de la Guerre de Cent Ans qui s'ouvre en 1337. Édouard III ravage les campagnes françaises lors de chevauchées avec son fils, le Prince Noir, et inflige d'humiliantes défaites à l'armée française à l'ÉcluseÉcluse, à Poitiers ou à Crécy, mais il ne montera jamais sur le trône de France.
Ces prétentions anglaises continuent pourtant à émailler la Guerre de Cent Ans bien après le décès d'Édouard III en 1377. Les divisions côté français entre Armagnacs et Bourguignons vont notamment avoir pour conséquence la signature du Traité de Troyes en 1420. Ce traité instaure une double monarchie avec, à sa tête, le roi d'Angleterre, véritable humiliation pour les Français et la dynastie des Valois.
En effet, le traité prévoit que Henri V soit reconnu comme héritier du trône de France par son mariage avec Catherine, la fille du roi Charles VI de France, en excluant le dauphin Charles VII de la succession. Il devra monter sur le trône de France à la mort de son beau-père, Charles VI. Mais l'Anglais meurt deux mois avant Charles VI et ne coiffe donc jamais la couronne du royaume de France. Le jeune Henri VI n'est qu'un enfant. Charles VII refuse de reconnaître le jeune monarque et poursuit son combat contre les Anglais. Son héritage est définitivement légitimé par les visions de Jeanne d’Arc et la victoire à Orléans en 1429, les Valois conservent le trône de France.