L’explorateur français Jules Dumont d’Urville (1790-1842) participe à de nombreuses expéditions scientifiques au cours desquelles il découvre notamment la Vénus de Milo en Grèce, réalise un tour du monde, réussit à identifier le site du naufrage de La Pérouse, reconnaît et cartographie près de deux cents îles du Pacifique et enfin débarque sur le continent Antarctique en 1840, en prenant possession pour la France de la Terre-Adélie.
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Dumont d'Urville fait partie d'une expédition scientifique envoyée en mer Noiremer Noire et dans les îles grecques en 1819, pour déterminer les positions géographiques de l'archipelarchipel grec. Chargé d'histoire naturelle et d'archéologie, il signale à l'ambassadeur français à Constantinople, la découverte de la Vénus de Milo, sur l'île grecque de Milos en 1820. Grâce à Dumont d'Urville, la France organise l'achat de cette statue devenue l'une des plus célèbres au monde, aujourd'hui exposée au musée du Louvre.
Le tour du monde et l'exploration de l’Océanie
Nommé lieutenant de vaisseau en 1821, il prépare un voyage de circumnavigation approuvé par le gouvernement français : c'est le voyage d'exploration scientifique à bord de la Coquille, de 1822 à 1825. Dumont d'Urville est chargé de botaniquebotanique et d'entomologieentomologie : il parvient à enrichir le Muséum d’Histoire Naturelle de 3000 espècesespèces de plantes et 1200 espèces d'insectesinsectes.
En 1826, la Coquille est renommée l'Astrolabe : Dumont d'Urville reçoit la mission d'explorer l’Océanie et d'arpenter les côtes de Nouvelle-Guinée, de Nouvelle-Zélande et de retrouver le lieu du naufrage de Jean-François de La Pérouse (en 1788, avec les vaisseaux la Boussole et l'Astrolabe). Des objets identifiés comme étant les restes de l'expédition de La Pérouse, sont retrouvés à Tikopia puis à Vanikoro (aux îles Salomon). Dumont d'Urville y séjourne jusqu'en mars 1828, récupère du mobilier de la Boussole et fait élever un monument à la gloire de La Pérouse.
L'expédition va durer trente-cinq mois : elle permet la reconnaissance de plus de 16.000 kilomètres de côtes très peu connues en actuelle Papouasie-Nouvelle-Guinée et confirme la position d'îles et d'îlots dont une soixantaine ne figure sur aucune carte. Dumont d'Urville cartographie les îles Loyauté, effectue un nouveau relevé des côtes de la Nouvelle-Zélande (précédents relevés par James Cook en 1769) et entreprend l'exploration des îles Tonga et des Moluques. L'Astrolabe revient à Marseille en mars 1829, avec une impressionnante collection de documents hydrographiques, de rapports zoologiques, botaniques et minéralogiques, qui vont considérablement faire progresser la connaissance de l'Océanie. Dumont d'Urville propose les termes Malaisie, Micronésie et Mélanésie, afin de distinguer les cultures du Pacifique et les groupes insulaires de la Polynésie. Il fait paraître entre 1830 et 1833, le Voyage de la corvette l'Astrolabe exécuté par ordre du Roi, pendant les années 1826-1827-1828-1829 sous le commandement de M. J. Dumont d'Urville, capitaine de vaisseau (17 volumes dont 4 atlas).
Le voyage vers l’Antarctique
En 1837, Dumont d'Urville repart en expédition pour les terres australes et l’Antarctique. Avant lui, en 1773, James Cook a entrepris un voyage dans le Pacifique, à la recherche du mythique continent austral inconnu. Il est le premier navigateurnavigateur européen à l'avoir frôlé sans l'apercevoir et personne n'est jamais allé aussi loin vers le sud (71°10' de latitudelatitude) ; Cook en a conclu à la non-existence de l'AntarctiqueAntarctique. En janvier 1820, Bellingshausen, capitaine de la flotte impériale russe, franchit à son tour le cercle polairecercle polaire antarctique après James Cook : l'expédition, première officielle, découvre les terres continentales de l'Antarctique, approchant les côtes au point 69° 21' de latitude sud.
Le projet de Dumont d'Urville subit la vive opposition du physicienphysicien et député François Arago, en juin 1837, à l’Assemblée Nationale. Il estime que la destination choisie qui n'a aucun intérêt scientifique ni commercial. L'Astrolabe et la Zélée partent de Toulon en septembre 1837, mouillent dans la baie de Rio de Janeiro en novembre et quittent la Terre de Feu et le détroit de Magellan en janvier 1838. Clément Vincendon-Dumoulin, hydrographe de l'expédition, effectue les calculs de l'inclinaison magnétique de la Terre, qui permettent de localiser le pôle Sud magnétique, le 23 janvier 1838.
Une première exploration vers l'océan Antarctique, jusqu'à 64° de latitude sud, permet la découverte de nouvelles terres. En avril, les navires remontent vers le Pacifique et font relâche à Valparaiso (Chili) pour raison de scorbutscorbut parmi les marins, puis séjournent aux îles Marquises début septembre 1838. Dumont d'Urville effectue le relevé complet des îles Salomon en novembre, où il retrouve le lieu du naufrage de La Pérouse à Vanikoro. En juin 1839, les deux vaisseaux sont à Bornéo et en octobre à Sumatra. Une partie des équipages décède de maladie et contraint Dumont d'Urville à laisser seize malades à Hobart (Tasmanie) en décembre 1839.
Il apprend que les explorateurs britanniques James RossRoss et Francis Crozier sont en route pour le pôle Sud et refuse de laisser aux Anglais le succès d'une découverte de l'Antarctique. Le 22 janvier 1840, Jules Dumont d'UrvilleJules Dumont d'Urville et son équipage débarquent donc sur le seul continent encore inexploré, à l'endroit nommé Rocher du Débarquement qui fait partie du groupe des îles Dumoulin. Dumont d'Urville plante le drapeau français en Terre Adélie, baptisée ainsi d'après le prénom de sa femme Adèle. Environ 150 milles de côtes (280 km) sont parcourus puis c'est le retour à Hobart, le 17 février. L'expédition visite encore la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie, le détroit de Torres, fait escale à l'île Maurice puis revient en France.
Dumont d'Urville est nommé contre-amiral en décembre 1840 et prépare la publication de son Voyage au pôle Sud et dans l'Océanie, lorsqu'il périt avec sa femme et son fils dans la catastrophe ferroviaire de Meudon (première du genre en France), le 8 mai 1842. Le Voyage au pôle Sud paraît entre 1841 et 1846, rédigé à partir du tome IV, par le scientifique Clément Vincendon-Dumoulin.
Dumont d’Urville aujourd’hui
Le nom de Dumont d'Urville est donné à la mer Dumont d'Urville en Antarctique, au mont d'Urville sur la péninsulepéninsule antarctique, au cap d'Urville en Nouvelle-Guinée occidentale (Indonésie) et à l'île d'Urville en Nouvelle-Zélande. La base antarctique française Dumont d'Urville (sur l'île des Pétrels, dans l'archipel de Pointe-GéologieGéologie), le glacierglacier Dumont d'Urville, une seconde île d'Urville dans le Pacifique sud au large de la péninsule antarctique et un mont de l'île Auckland, portent également le nom de l'explorateur français.
De nombreuses études scientifiques sont réalisées en Terre Adélie, dans le cadre de collaborations internationales, avec la Russie et les États-Unis notamment. La base Dumont d'Urville est reliée à la base antarctique Concordia implantée sur le plateau continentalplateau continental, créée en collaboration avec l'Italie pour des études astronomiques, géophysiques et climatologiques.
Depuis 1959, année de la signature du traité sur l'Antarctique (pas de prétentions territoriales et affirmation de la liberté de recherche scientifique sur tout le continent), la base française Dumont d'Urville est occupée de façon permanente : la France est reconnue par le traité comme un Etat «possessionné » en raison de sa revendication de la Terre Adélie en 1840 (les six autres Etats possessionnés sont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, l'Argentine, le Royaume-Uni et la Norvège).