Kiev, fondée selon la tradition en 482, fut la capitale de la Rus' de Kiev du IXe au XIIIe siècle. Cependant, malgré son importance historique, elle n'a jamais été officiellement la capitale de la Russie comme entité étatique moderne.
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En 882, le prince varègue Oleg de Novgorod conquiert Kiev et en fait la capitale de la Rus' de Kiev, premier État slave oriental. Pendant près de trois siècles, cette métropole constitue le centre politique, économique et culturel de cet ensemble territorial, considérée comme la « mère des villes russes ». Cependant, contrairement à une idée reçue, Kiev n'a jamais été la capitale de la Russie en tant qu'État moderne, mais plutôt le berceau civilisationnel des peuples russes, biélorusses et ukrainiens.
Kiev, le berceau de la Rus’ de Kiev : une origine commune
Entre le IXe et le XIIIe siècle, Kiev est le cœur de la Rus’ de Kiev, une fédération de principautés slaves orientales. Fondée par les Varègues, cette entité est souvent considérée comme l'ancêtre des actuels États russe, ukrainien et biélorusse. Kiev devient une capitale culturelle, politique et religieuse majeure sous le règne de Vladimir le Grand qui christianisa la Rus' en 988 et Iaroslav le Sage.
Cependant, la Rus' de Kiev n'était pas "la Russie" telle que nous la connaissons aujourd'hui. À cette époque, le terme "Russie" n'existait pas, et la Rus' de Kiev était une entité tout à fait distincte, avec des structures politiques et sociales différentes de celles qui émergeront plus tard en Moscovie.
La fragmentation et la montée de Moscou : un tournant historique
Après la mort de Iaroslav le Sage en 1054, la tradition de succession adoptée dans la Rus' de Kiev entraîne de nombreux conflits internes. Le territoire est divisé entre les fils et petits-fils des souverains, ce qui entraîne un morcellement et une territorialisation du pouvoir. Cette pratique affaiblit l'unité de la principauté et favorise l'émergenceémergence de principautés indépendantes, comme celles de Novgorod, Vladimir-Souzdal, et Galicie-Volhynie.
En 1240, Kiev est dévastée par les troupes de Batu Khan, petit-fils de Gengis Khan. Cette destruction marque la fin de Kiev en tant que centre politique majeur de la région. La domination mongole, connue sous le nom de "joug tatar", établit un système de vassalité sur les principautés slaves orientales, qui durera plusieurs siècles.
L’essor de la Moscovie : un nouveau centre de pouvoir
La principauté de Vladimir-Souzdal, située au nord-est de Kiev, émerge à la suite de la disparition de la Rus' de Kiev et devient vassal de l'Empire mongol qui lui accordent le titre de "grand prince" en échange d'une loyauté et du versement de tributs, puis de la Horde d'or.
Cette principauté éclate en onze principautés dont celle de Moscou, principautés qui reconnaissent au départ l'autorité du grand-prince de Vladimir. Moscou, fondée au XIIe siècle, était initialement une petite ville sans importance stratégique majeure. Cependant, elle bénéficie d'une position géographique favorable, entourée de forêts qui la protègent des invasions, et située à un carrefour de voies fluviales facilitant le commerce et la communication. En 1325, le siège métropolitain de l'Église orthodoxe fut transféré de Vladimir à Moscou. Cet événement marque le transfert définitif du pouvoir vers la nouvelle principauté. Moscou devint le fer de lance de la résistancerésistance à la domination mongole. La victoire d'Ivan III contre les Mongols à la bataille de l'Ougra en 1480 marque symboliquement la fin du joug tatar, et fait de Moscou, le centre d'un nouvel État russe naissant.
Le traité de Pereïaslav et l’intégration dans l’Empire russe
En 1654, le traité de Pereïaslav marque l'intégration de Kiev et de l'ensemble des territoires ukrainiens à l'empire russe. Les cosaques, dirigés par Bohdan Khmelnitski, concluent une alliance avec le tsar de Moscou, Alexis Ier, pour se protéger contre la domination polono-lituanienne. Ce traité place les terres ukrainiennes sous la souveraineté du tsar, bien que dans des conditions initialement autonomes.
Kiev, annexée définitivement à la Russie en 1686 après des conflits prolongés entre la Pologne et la Russie, devient alors une ville stratégique au sein de l'Empire. Cependant, elle n'est pas désignée comme une capitale régionale. L'administration de l'Empire russe reste centralisée, avec Moscou, puis Saint-Pétersbourg, comme centres névralgiques du pouvoir.