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Louis XV est le premier commanditaire du collier en 1772 : il s'adresse aux joailliers parisiens Boehmer et Bassange, pour créer une pièce exceptionnelle destinée à madame du Barry. Le roi décède en mai 1774, le collier n'est pas achevé. En 1778 Louis XVI pense acquérir le collier (dont la valeur est estimée à 1,6 million de livres tournois) pour Marie-Antoinette mais elle le refuse.
La reine est certainement l'un des personnages politiques les plus controversés de son époque : mariée au futur Louis XVI en mai 1770, à l'âge de quatorze ans, très longtemps sous l'influence de sa mère Marie-Thérèse (archiduchesse d'Autriche), elle est en rupture progressive avec la Cour et devient très tôt la cible de pamphlets et de caricatures qui vont exploser avec l'affaire du collier.
Sur les conseils de Marie-Thérèse, le cardinal de Rohan est relevé de son poste d'ambassadeur de France à Vienne, en 1774. Marie-Antoinette ne lui a jamais pardonné une lettre accusatrice contre sa mère, qui projetait le démantèlement de la Pologne avec la Prusse et la Russie, sans en informer son alliée française. Depuis cet épisode, le cardinal attend désespérément son retour en grâce auprès de la reine.
Reconstitution du collier, Château de Breteuil, France. © Jebulon, Wikimedia Commons, Domaine public
Août 1785 : l’affaire du collier éclate
Rohan est dupé par la comtesse de la Motte qui est l'instigatrice de l'affaire : d'une part, elle a promis aux joailliers Boehmer et Bassange l'achat du collier par la reine et d'autre part, elle a transmis au cardinal de fausses lettres signées « Marie-Antoinette de France » (qui signe uniquement de son prénom), dans lesquelles la reine lui demande d'acquérir le bijou à sa place, en s'engageant à le rembourser en plusieurs versements et lui donnant pleins pouvoirs pour traiter l'affaire. Le cardinal et les joailliers sont informés par madame de la Motte que Marie-Antoinette ne pourra pas payer la première échéance ; la comtesse avoue aux joailliers que la signature de la reine est un faux, pour inciter Rohan à régler la note par crainte du scandale qui éclate finalement le 15 août 1785, à Versailles.
Le roi fait le choix risqué d'envoyer le cardinal devant le Parlement de Paris, seule cour de justice pour la haute noblesse. Cette institution en opposition chronique à la monarchie depuis les années 1750, a été dissoute en 1771 par Louis XV, puis rétablie en 1774 par Louis XVI.
De suite rejetée par Versailles de par ses origines - Habsbourg, anciennement ennemis des Bourbon - Marie-Antoinette fut critiquée pour son physique mais admirée pour sa grâce et son intelligence. © Erica Guilane-Nachez, fotolia
En mai 1786, à l'issue d'un procès qui va passionner l'opinion publique, le cardinal de Rohan est acquitté (s'étant porté caution pour la reine, il rembourse le prix du collier et les intérêts) ; la comtesse de la Motte est condamnée à la prison à perpétuité. Marie-Antoinette humiliée par le jugement d'acquittement, obtient du roi qu'il exile le cardinal de Rohan. Bien que la reine soit étrangère à l'affaire, elle génère une campagne de désinformation étendue à tout le royaume. On peut parler de littérature diffamante avec l'avalancheavalanche de pamphlets qui se déversent sur sa personne et la Cour, renforçant finalement l'opposition politique du Parlement à l'encontre de la monarchie.
À savoir
À la mort de Louis XIV, en septembre 1715, le Régent Philippe d'Orléans avait restitué au Parlement de Paris son droit de remontrance perdu en 1673, c'est-à-dire le droit d'adresser au souverain des observations sur un texte de loi avant sa promulgation. Cette vérification des lois avant promulgation confère au Parlement un vrai pouvoir politique car elle permet de retarder voire de bloquer l'application d'un texte législatif. Le roi peut passer outre en tenant un lit de justice qui contraint à l'enregistrement.
À noter
Le train de vie de Marie-Antoinette profite au rayonnement de la France, notamment pour le commerce et l'industrie textile. Ses dépenses très critiquées sont une goutte d'eau, comparées aux dépenses générales de la Cour qui représentent environ 7 % des dépenses de la monarchie en 1781, soit l'équivalent du budget de la marine royale.