La théorie de la panspermie est l'une des théories scientifiques proposées depuis le XIXe siècle pour expliquer l'existence de la vie sur Terre. Cette théorie – qui a eu plusieurs variantes – était en fait fort ancienne : Anaxagore, le grand philosophe grec, l’avait déjà proposée il y a 2.500 ans en lui donnant même cette dénomination. En fait, elle n'explique pas l'origine de la vie elle-même qui serait apparue ailleurs que sur notre planète, quelque part dans l'Univers, après quoi elle se serait disséminée selon des mécanismes plus ou moins connus.


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    Pour mieux comprendre la théorie scientifique de la panspermie, rappelons son contexte historique. Darwin avait émis une hypothèse sur l'origine de la vie, dans une lettre, en ces termes : « Il est souvent affirmé que les conditions permettant la première production d'un être vivant sont tout aussi bien réunies actuellement qu'elles ne l'ont jamais été dans le passé. Mais si (et oh ! Quel grand si) nous pouvions concevoir, dans quelque petite mare chaude, en présence de toutes sortes de sels d'ammoniac et d'acide phosphorique, de lumière, de chaleur, d'électricité, etc. qu'un composé de protéineprotéine fut chimiquement formé, prêt à subir des changements encore plus complexes, aujourd'hui une telle matièrematière serait instantanément dévorée ou absorbée, ce qui n'aurait pas été le cas avant l'apparition des créatures vivantes. »

    Il s'opposait ainsi à l'argument avancé pour réfuter une apparition spontanée de la vie, impliquant que le processus, s'il était vrai, devait être observable aujourd'hui. Cette idée inspira bon nombre de biologistes et chimistes dans les décennies qui suivirent. Mais cette petite mare chaude devait-elle nécessairement se trouver sur Terre ? Si ce n'était pas le cas, il fallait trouver un moyen pour que la vie soit transportée de son lieu de naissance vers notre planète.

    Remarquablement, le premier à avoir proposé un tel moyen n'était autre que Lord KelvinKelvin, en 1871. Selon lui, lors de chocs de petits corps célestes à la surface d'une planète de notre Système solaire où la vie avait pu démarrer, certains organismes vivants avaient pu se trouver piégés au cœur des éjectas propulsés dans l'espace pour retomber un jour sur Terre à l'intérieur des météorites. Peu de collègues de Kelvin furent convaincus car, selon eux, les conditions du vide interplanétaire devaient tuer rapidement ces organismes.

    Svante Arrhenius (1859-1927) était un chimiste suédois, lauréat du prix Nobel de chimie en 1903 en raison de ses travaux de pionnier dans de nombreux domaines. © Wikipédia, DP
    Svante Arrhenius (1859-1927) était un chimiste suédois, lauréat du prix Nobel de chimie en 1903 en raison de ses travaux de pionnier dans de nombreux domaines. © Wikipédia, DP

    Des particules de vie propulsées par la lumière des étoiles

    Mais, au début du XXe siècle, le chimiste Svante Arrhenius donna une nouvelle impulsion à l'idée d'une propagation des formes de vie de planète en planète, en se basant sur plusieurs découvertes. D'abord, celle que des spores restaient vivantes après avoir été plongées dans de l'azoteazote liquideliquide. Ensuite, celle que la lumière pouvait exercer une pressionpression sur un corps, comme l'avait démontré en 1899 le célèbre physicienphysicien russe Piotr Nikolaïevitch Lebedev (l'effet avait été prédit théoriquement par Poynting).

    On pouvait donc imaginer des spores, ou l'équivalent, apportant la vie dans toute la GalaxieGalaxie, en voyageant d'exoplanète en exoplanèteexoplanète, poussées par le souffle de lumière des étoilesétoiles.

    La théorie de la panspermie est plutôt délaissée de nos jours, mais elle n'est pas oubliée d'autant plus que pour certains, l'apparition de la vie et sa complexité demanderaient des temps d'évolution plus long que celui écoulé entre la naissance de la Terre et la présence des plus anciens organismes découverts dans les archives de la Terre (la vie pourrait être apparue sur Mars où des conditions clémentes se seraient établies plus tôt que sur notre planète). La récente confirmation qu'il existe bien des astéroïdes interstellaires pénétrant dans notre Système solaireSystème solaire (et très probablement aussi, à l'occasion, des comètescomètes) va probablement inspiré quelques chercheurs en exobiologieexobiologie et leur redonner un peu d'ardeur pour explorer cette théorie.