Issu des écrits de Martin Luther qui se répandent en France dès les années 1520, le protestantisme français se fixe après 1540 sur le modèle proposé par Jean Calvin. Son  développement se poursuit malgré la répression de plus en plus constante du pouvoir royal et de l’Eglise catholique. Une caractéristique essentielle de la Réforme française est sa diffusion dans les villes et au sein de la haute noblesse. L’opposition entre catholiques et protestants se transforme en conflits armés dans les années 1560.


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    L'adhésion au protestantisme de grandes familles nobles (Bourbon-Condé) qui se situent dans l'entourage du roi, fait naître un véritable parti et politise l'antagonisme religieux existant jusqu'à provoquer les premiers affrontements en 1562. L'implantation protestante est importante dans les milieux citadins instruits (médecins, marchands, avocatsavocats, artisans...) ; elle s'explique par les moyens de diffusion choisis par les réformateurs, le livre et la prédication.

    Vers une politique de tolérance civile

    En montant sur le trône en décembre 1560, à l'âge de dix ans, Charles IX (1550-1574) hérite d'un royaume profondément divisé. La régente, Catherine de Médicis (1519-1589), et son chancelier, Michel de L'Hospital, prennent conscience qu'il leur faut surmonter les divergences doctrinales entre catholiques et protestants pour rétablir l'unité religieuse du royaume. En septembre 1561, le colloque de Poissy, conférence religieuse qui réunit prélats catholiques et ministres du culte protestant, est un échec : Catherine de Médicis et son chancelier doivent envisager une politique de tolérance civile. En janvier 1562, l'édit de Saint-Germain-en-Laye est proclamé : il concède aux protestants (appelés huguenots, en France) la liberté de conscience et, sous certaines conditions, la liberté de culte. Dans ce texte, Charles IX autorise la célébration du culte à l'extérieur des villes et les rassemblements dans des lieux privés. Les pasteurs sont reconnus à condition de prêter serment aux autorités civiles. Problème : le Parlement de Paris refuse d'enregistrer l'édit de tolérance !

    Portrait de la régente, Catherine de Médicis, daté de 1560, par François Clouet. Musée Carnavalet, Paris. © Domaine public.
    Portrait de la régente, Catherine de Médicis, daté de 1560, par François Clouet. Musée Carnavalet, Paris. © Domaine public.

    Premiers affrontements

    Le 1er mars 1562, à l'instigation du duc, François de Guise, a lieu le massacre de protestants réunis pour prier à l'intérieur de la ville de Wassy, en Champagne. C'est l'élément déclencheur de la première guerre civile.

    Au printemps 1562, certaines villes du nord de la France (Le Mans, Rouen, Troyes) et de la vallée de la Loire (Orléans, Tours, Blois), tombent aux mains des huguenots dans le contexte du massacre de Wassy. La « furie iconoclaste » des protestants se déchaîne aussi en dans le royaume : abbayes, couvents et églises sont ravagés. Toutes ces villes sont reprises les unes après les autres par les catholiques. En février 1563, le duc de Guise est tué d'un coup d'arquebuse à Orléans. Des massacres ont lieu à l'encontre des protestants : les villes de Blois, Poitiers, Tours et Rouen sont livrées au pillage durant plusieurs jours. Catherine de Médicis prend ses distances avec la puissante famille de Guise, chef de file des catholiques intransigeants : en mars 1563, elle accorde aux huguenots la Paix d'Amboise, qui prévoit une certaine liberté de culte dans les villes.

    Des guerres entretenues par des rivalités politiques

    Deux grandes oppositions politico-religieuses vont entretenir les guerres civiles et faire obstacle à la politique de tolérance entreprise par Catherine de Médicis : celle qui se révèle entre haute noblesse et pouvoir royal, et celle qui existe entre catholiques intransigeants et catholiques modérés prêts à accepter une tolérance religieuse favorisant le retour de la paix.

    Portrait d'Henri de Guise dit « le Balafré », chef de file des catholiques intransigeants, vers 1580 ; auteur anonyme. Musée Carnavalet, Paris. © Domaine public.
    Portrait d'Henri de Guise dit « le Balafré », chef de file des catholiques intransigeants, vers 1580 ; auteur anonyme. Musée Carnavalet, Paris. © Domaine public.

    Jusqu'en 1579 environ, les guerres ne concernent pas l'ensemble du royaume mais surtout les grands foyersfoyers méridionaux du protestantisme, qui forment un croissant géographique allant de La Rochelle à la vallée du Rhône, en suivant la vallée de la Garonne. Des puissances étrangères vont intervenir dans le conflit et menacent directement l'autorité du roi : l'Angleterre soutient financièrement et militairement les protestants, et l'Espagne, les catholiques intransigeants.

    Henri de Navarre, prince protestant et futur roi catholique

    Dans les années 1584-1588, Henri de Navarre s'affirme comme chef du parti protestant mais également comme héritier légitime au trône de France. Les années 1588 et 1589 ouvrent une période dangereuse pour l'histoire de la monarchie : Henri III croit rétablir l'autorité royale en faisant exécuter le duc et le cardinal de Guise en décembre 1588. Mais le monarque est assassiné le 1er août 1589, le décalage qui sépare sa politique des aspirations ultra-catholiques étant insurmontable. Henri III ayant fait reconnaître Henri de Navarre comme son successeur et le nouveau roi promet de maintenir le catholicisme dans le royaume de France.

    Cérémonie d'abjuration d'Henri IV, le 25 juillet 1593, en la Basilique Saint-Denis. Tableau de Nicolas Baullery, musée d'art et d'histoire de Meudon. © Domaine public.
    Cérémonie d'abjuration d'Henri IV, le 25 juillet 1593, en la Basilique Saint-Denis. Tableau de Nicolas Baullery, musée d'art et d'histoire de Meudon. © Domaine public.

    Après plusieurs décennies de guerres civiles, l'édit de Nantes est promulgué le 30 avril 1598 : il reprend sur de nombreux points l'édit de Saint-Germain de 1562, c'est un édit de tolérance. Il donne au protestantisme français un statut durable, assorti de garanties politiques et militaires qui seront supprimées par Louis XIII en 1629. L’édit de Fontainebleau, imposé par Louis XIV en octobre 1685, révoque l'édit de Nantes et amène près de 200.000 protestants français à prendre le chemin de l'exil entre 1685 et 1715.