La querelle des Anciens et des Modernes, également appelée querelle des Classiques et des Modernes, est un débat d'idées intense qui a agité le monde littéraire et artistique à la fin du XVIIe siècle.


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    La querelle des Anciens et des Modernes est une polémique qui prend naissance au sein de l'Académie française, fondée en 1634 par le Cardinal de Richelieu et dont l'objectif est de perfectionner la langue française et de la « rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ». Dans cette seconde moitié du XVIIe siècle, les érudits se questionnent sur la notion du merveilleux en littérature, quelles figures pour l'incarner, les héros chrétiens, les mythes païens peuvent-ils remplacer les modèles antiques ?

    Les fondements de la querelle des Anciens et des Modernes

    Cette querelle met aux prises deux courants de pensée littéraire et artistique à la fin du XVIIe siècle : se référer aux modèles immuablement ou explorer d'autres voies ? Les Anciens, dont La Fontaine et La Bruyère derrière Nicolas Boileau en chef de file, considèrent que la création littéraire doit s'inscrire dans la continuité des auteurs de l'Antiquité, qui incarnent à leurs yeuxyeux un idéal et la perfection artistique. Par exemple, Jean Racine, dans ses tragédies, respecte ainsi les règles du théâtre classique, inspirées du théâtre antique, et qui répondent à la règle des trois unités : unité de temps, unité de lieu et unité d'action. S'y ajoute également la règle de bienséance (ni sang ni violence sur scène). Ils revendiquent ainsi l'autorité de Virgile et d'Homère, affirment qu'il faut imiter la nature et avoir la même rigueur que les Anciens.

    Nicolas Boileau. Peinture issue de l'atelier de Hyacinthe Rigaud. Collection du château de Versailles. © <em>Wikimedia Commons</em>, domaine public
    Nicolas Boileau. Peinture issue de l'atelier de Hyacinthe Rigaud. Collection du château de Versailles. © Wikimedia Commons, domaine public

    Les Modernes, dont Charles Perrault en tête avec Molière, affirment qu'au contraire, l'innovation est au coeur de la création littéraire, et valorisent les formes artistiques nouvelles. Ils refusent de prendre les Anciens pour modèles. Ils croient au progrès, voient dans les observations scientifiques des axes d'amélioration et revendiquent une modernité culturelle que soutient l'expressivité de la langue française par rapport au latin et au grec.

    Le déroulement de la querelle des Classiques et des Modernes

    C'est en 1687 que la querelle des Anciens et des Modernes éclate, lorsque Charles Perrault présente à l'Académie française son poème « Le siècle de Louis le Grand ». Il récuse l'idéal antique et fait l'éloge du siècle de Louis XIV, qu'il affirme supérieur à celui d'Auguste. Le débat fait ragerage pendant des années. Il faut attendre le 30 août 1694 pour que la réconciliation entre Boileau et Perrault soit officielle.

    Les répercussions de la querelle

    La querelle des Anciens et des Modernes reprendra en 1714 entre Houdar de La Motte et Anne Dacier, helléniste et linguiste reconnue, au sujet d'une traduction d'Homère que cette dernière adapte au goût du jour. Les répercussions de ce second débat d'idées relancé perdureront durant le siècle des Lumières avec les Encyclopédistes. Il viendra nourrir le courant intellectuel du romantisme. Il continue d'alimenter la réflexion de certains intellectuels encore aujourd'hui.

    À savoir

    Certains critiques littéraires contemporains analysent ces événements comme un éternel conflit des générations, d'autres supposent que cette querelle ne fût qu'un prétexte cachant une lutte de pouvoir, et n'y voient qu'une simple rivalité entre gens lettrés qui étaient soucieux de louer le roi Louis XIV de la meilleure façon.