La Commune de Paris est une insurrection populaire qui s'est déroulée à Paris entre le 18 mars et le 28 mai 1871. Comment est né cet événement contestataire et que retenir de cette période ?
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Cette insurrection trouve ses origines dans le contexte de la défaite cinglante infligée par la Prusse en 1870. Les Parisiens ne peuvent accepter la capitulation de ce gouvernement français qui se plie aux conditions de paix exigées par le vainqueur.
La défaite de Sedan et l’humiliation parisienne : un contexte explosif
Afin de comprendre cet événement, il faut revenir quelques mois en arrière, à l'été 1870. En réaction aux propos tenus par Bismarck, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse en juillet 1870. Mais il est sèchement battu le 1er septembre à la bataille de Sedan. Il est fait prisonnier, la Troisième République est proclamée le 4 septembre et un gouvernement provisoire mené par le général Louis Jules Trochu et Julien Favre, ministre des Affaires étrangères, assure vouloir poursuivre les combats.
Or Paris est rapidement assiégée par les troupes prussiennes qui l'encerclent dès le 19 septembre. Les Parisiens vivent dans des conditions de plus en plus compliquées : la faim, le froid, le manque de tout viennent exacerber la colère des Parisiens, déjà bien échaudés par l'incapacité du gouvernement à briser le siège. Le 31 octobre 1870, une première tentative d'insurrection se solde par un échec.
Au début de l'année 1871, les Parisiens apprennent que des négociations entre le gouvernement et les Prussiens sont en cours pour signer un cessez-le-feu. Révoltés, ils se soulèvent le 22 janvier 1871 pour empêcher cette capitulation jugée humiliante, mais l'armée intervient, réprime le mouvement insurrectionnel et l'armistice est signé le 28 janvier. L'accord prévoit l'élection d'une Assemblée nationale qui devra voter pour ou contre la conclusion d'un accord de paix.
L'élection est cependant biaisée : les soldats français en captivité ne peuvent de fait pas voter, les départements occupés par les Prussiens n'ont eux non plus pas accès au vote, et les femmes sont toujours exclues du scrutin. C'est ainsi que l'Assemblée se retrouve dominée par des députés monarchistes. Seul Paris fait exception et élit des députés majoritairement républicains dont Louis Blanc, Victor HugoVictor Hugo ou encore Georges Clemenceau. L'armistice est vécu comme une trahison et une profonde injustice par les Parisiens qui ont payé le prix fort de ce conflit notamment lors des longs mois de siège. À l'inverse, la province souhaite un retour de la paix. Un véritable fossé s'est creusé entre la province et Paris.
En outre, la population parisienne est en partie composée d'ouvriers. Ils sont concentrés dans les quartiers nord et est de la ville. Le monde ouvrier est organisé et structuré, les ouvriers eux-mêmes sont bien souvent armés. Un tiers de ces ouvriers sont des femmes qui ont un farouche besoin d'expression démocratique. Toutes les conditions sont réunies pour que la situation s'enflamme.
La proclamation de la Commune
L'Assemblée élue quelques mois plus tôt s'est réfugiée à Bordeaux, fuyant la capitale assiégée. Elle élit Adolphe Thiers à la tête du pouvoir exécutif. Le gouvernement est prêt à signer le traité de paix. Cet accord est un véritable camouflet pour la résistancerésistance parisienne : l'Alsace et la Lorraine sont restituées à la Prusse et Paris est déclarée ville ouverte. Comble de l'affront, Thiers autorise les vainqueurs à défiler sur les Champs Élysées puisqu'un accord de paix préliminaire a été trouvé. À cette décision contestée, vient s'ajouter un ensemble de mesures qui alimentent la colère populaire : l'Assemblée ne revient pas à Paris mais s'installe à Versailles, la solde de la Garde nationale est supprimée, et le moratoiremoratoire sur les loyers supprimé.
Mais c'est un événement bien particulier qui va faire basculer la situation et mettre la ville en ébullition. Le 16 mars 1871, Thiers ordonne l'enlèvement de tous les canons de la ville dans le cadre de son désarmement. Les canons sont temporairement entreposés sur les collines de Montmartre et Belleville. La peur des rouges, de l'explosion et de la contagion sociale est réelle. Dans la nuit du 17 au 18 mars, les quelque 4 000 soldats chargés de récupérer ces canons sont encerclés par une foule en colère. Mais les Parisiens pactisent avec les soldats qui refusent de faire feu et un peu partout dans Paris, des barricades s'élèvent. Thiers fuit à Versailles. L'insurrection est lancée. Le Comité central prend l'Hôtel de Ville et des élections sont organisées le 26 mars, élections que la gauche radicale remporte. La jeune démocratie sociale est dirigée par des ouvriers, des artisans et des intellectuels, qui cherchent à mettre en place une société plus juste et plus égalitaire dans le cadre de ce qu'on appellera plus tard une utopie sociale. À sa tête, est instauré un conseil de 79 membres élus : ce conseil s'appelle « la Commune » en référence à la Commune de 1792. Les partisans de la Commune sont appelés communards ou fédérés.
La Commune prend rapidement des mesures sociales fortes, telles que la suppression du travail de nuit pour les boulangers, la gratuité de la justice, la séparationséparation de l'Église et l'État, ou encore l'enseignement laïc, gratuit et obligatoire pour tous. Elle crée également des institutions alternatives, telles que les clubs de femmes et les comités de quartier.
Mais Adolphe Thiers entend faire plier la capitale rebelle. L'initiative parisienne est réprimée dans le sang par les Versaillais menés par le général MacMac Mahon. Ils entrent dans la ville le 21 mai 1871 et d'âpres combats s'engagent dans Paris. C'est la Semaine sanglante. Les 130 000 soldats de l'armée affrontent quelques milliers de fédérés. La capitale est à feu et à sang, les communards subissent revers sur revers et seul l'Est ouvrier résiste.
Le 27 mai s'engage la bataille au Père Lachaise qui aboutit à l'exécution de 147 fédérés. Le 28 mai, la dernière barricade est levée. C'est la fin de la Commune.