La Déclaration Balfour, émise le 2 novembre 1917 par Lord Arthur James Balfour, alors ministre britannique des Affaires étrangères, est une lettre diplomatique, adressée à Lord Lionel Walter Rothschild, représentant de la communauté juive britannique. Cette lettre, par son contenu, sert de fondement à la création de l’Etat d’Israël en 1948.
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La déclaration Balfour, signée le 2 novembre 1917 est une lettre signée par le ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour et adressée à Lord Rothschild, leader de la communauté juive britannique. Il y déclare le soutien du gouvernement britannique à « l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif » à la condition qu'il ne soit pas porté atteinte aux communautés non-juives.
Une promesse ambiguë et controversée
Au moment de la rédaction de la Déclaration, la Palestine fait partie de l'Empire ottoman, alors en plein démembrement dans le contexte de la Première Guerre mondiale. La Grande-Bretagne, cherche à consolider sa position au Moyen-Orient, avec plusieurs impératifs à savoir sécuriser la route des Indes et le canal de Suez, contenir l'influence française dans la région et démanteler l'Empire ottoman, allié de l'Allemagne. Cette politique se manifeste à travers trois engagements diplomatiques potentiellement contradictoires :
Les accords McMahon-Hussein (1915-1916), dans lesquels les Britanniques promettent l'indépendance aux Arabes en échange de leur aide dans la lutte contre l'Empire ottoman. Ces accords, bien que peu précis sur le territoire exact qui bénéficierait de cette indépendance, sont interprétés par les leaders arabes comme incluant la Palestine.
En parallèle, les Britanniques signent également les accords Sykes-Picot (1916) avec la France, accords qui prévoient un partage des territoires ottomans entre les puissances européennes.
La Déclaration Balfour (novembre 1917) qui soutient l'établissement d'un foyer national juif par un texte de tout juste 67 mots.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, la réaction arabe initiale est relativement modérée. Le prince Fayçal, fils du Chérif Hussein de La Mecque, signe d'ailleurs un accord avec Chaim Weizmann, l'un des artisans de la déclaration, en 1919 et soutient la Déclaration Balfour. Cependant, cet accord était conditionné à l'obtention de l'indépendance arabe promise par les Britanniques. Mais ces ambitions sont réduites à néant lorsque les Français s'emparent de la Syrie et contraignent Fayçal à partir de Damas.
La Palestine sous mandat britannique
Après la fin de la guerre, la Déclaration Balfour est intégrée au Mandat britannique sur la Palestine, accordé par la Société des Nations (SDN) en 1922. Cette transformation d'une déclaration unilatérale en obligation mandataire constitue un tournant juridique majeur.
Durant cette période l'immigration juive en Palestine s'intensifie et les tensions entre communautés juives et arabes s'accroissent. Le mouvement nationaliste palestinien se développe alors en réaction. Les années 1920 et 1930 furent marquées par des violences récurrentes, des grèves générales et des soulèvements armés de la part des Arabes palestiniens. L'un des exemples les plus marquants fut la grande révolte arabe de 1936-1939, déclenchée par une opposition croissante à l'immigration juive et à la politique britannique perçue comme favorable au sionisme. Ce mouvement, qui débuta par une grève générale de six mois, évolua rapidement en un soulèvement armé. Les insurgés arabes ciblèrent les infrastructures britanniques ainsi que les implantations juives, tandis que les Britanniques répondirent par une répression sévère. Ainsi, la réponse britannique oscille entre le soutien à l'immigration juive, réaffirmé par le Livre blanc de 1922, et des tentatives de limitation, comme le Livre blanc de 1939, qui vise à apaiser les revendications arabes. Mais ces mesures tardives ne parviennent pas à résoudre le conflit naissant.
La déclaration Balfour et la création de l’État d’Israël
L'impact de la déclaration Balfour se manifeste pleinement en 1948, avec la création de l'État d'Israël. La Seconde Guerre mondiale et la Shoah renforcèrent l'urgence d'un refuge pour les juifs survivants. Ce contexte donne un nouvel élanélan au mouvement sioniste, qui intensifie sa pressionpression diplomatique et politique pour la création d'un État juif en Palestine. Cependant, la proclamation de l'État d'Israël le 14 mai 1948, immédiatement suivie du retrait britannique, déclenche une guerre entre le nouvel État et les pays arabes voisins (Égypte, Jordanie, Syrie, Liban, Irak). Cette guerre, qui voit la victoire d'Israël, entraîne un exode massif de plus de 700 000 Palestiniens, un événement connu sous le nom de Nakba (« catastrophe » en arabe).
Ainsi, la déclaration Balfour est souvent citée comme un précurseur des événements de 1948, car elle pose les bases juridiques et diplomatiques du projet sioniste et délaisse les aspirations arabes. Cela crée ainsi les conditions d'un conflit durable.