Moins de transport, plus de chauffage à la maison, augmentation des déchets informatiques et du trafic Internet… Le télétravail est-il un bienfait ou une calamité écologique ?
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Pendant le premier confinement en avril dernier, 24 % des Français pratiquaient le télétravail, ils n'étaient plus que 14 % en septembre ; mais la pratique est en train de s'imposer dans de nombreuses entreprises. Or, le télétravail n'a pas seulement des conséquences sur le management et la santé. Il implique aussi des changements structurels dans la société et ceux-ci ont un impact sur l’environnement. À première vue, on peut penser que le télétravail réduit les trajets et donc les émissions de CO2, mais tout n'est pas si simple.
Le boom des déchets informatiques et du trafic Internet
Selon une étude menée par BNP Paribas 3 Step IT, le télétravail entraîne un renouvellement accru des équipements informatiques de la part des entreprises et des salariés, ce qui implique la mise au rebut plus rapide que prévu de nombreux anciens équipements jugés obsolètes. 83 % des entreprises françaises ont ainsi acheté du matériel supplémentaire pendant la crise de la Covid-19Covid-19 pour assurer la continuité de leurs activités et 31 % du parc d'ordinateursordinateurs en France pourrait être remplacé dans les prochaines années.
À l'heure actuelle, on estime que 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques sont déjà générés chaque année au niveau mondial, ce qui équivaut à 350 bateaux de croisière. Or, à peine 17,4 % de ces déchetsdéchets sont recyclés. L'autre problème concerne l'utilisation croissante de données en raison du télétravail. Chez Orange, la consommation d'InternetInternet fixe a ainsi augmenté de 20 à 30 % de plus que la normale lors de la première semaine du reconfinement en octobre. Les données mobilesmobiles ont progressé de 30 % et le streamingstreaming de 20 %. Les entreprises, elles, se tournent de plus en plus vers le cloud qui accroît aussi le trafic Internet.
Transport : des trajets moins fréquents mais… plus longs
Selon une étude de l’Ademe, le télétravail permet de réduire drastiquement les déplacements (de 69 %) et les distances parcourues (39 %), passant de 9 km à 5,5 km. « Le télétravail offre donc un potentiel considérable de réduction de la mobilité avec des effets favorables sur la congestion et les émissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre et polluants », se félicite l'agence. Le gain potentiel s'élèverait à 3.200 tonnes de CO2 par semaine en ne tenant compte que des trajets pendulaires en voiturevoiture. Sauf que, dans le même temps, la plupart des télétravailleurs réguliers résident généralement loin de leur lieu de travail, ce qui accroît potentiellement les distances parcourues, met en garde l'AdemeAdeme.
Une autre étude franco-britannique souligne que le véhicule rendu disponible est plus enclin à être utilisé par le conjoint ou les enfants dans le foyer, ou pour des usages récréatifs. « Le gain supposé est donc modeste et peut même être négatif dans certaines circonstances », conclut l'étude.
Chauffage et dépenses d’énergie : un bilan mitigé
Bien difficile de tirer un bilan carbonebilan carbone du télétravail concernant la demande d'énergie hors transport. Les études sur le sujet sont contradictoires et dépendent d'un nombre considérable de facteurs (conditions de logement des travailleurs, espace occupé par le salarié au travail, mode de chauffage, etc). On peut supposer qu'à terme, moins de bureaux engendrent une moindre consommation d'énergie. Mais, pour l'instant, c'est un peu la double peine.
Selon une étude allemande de 2014, le télétravail accroît la consommation d'énergie domestique de 10 %, sans que celle du bureau ne soit beaucoup diminuée puisque les entreprises doivent garder des locaux ouverts pour accueillir les salariés qui se rendent quand même sur le lieu de travail. Les télétravailleurs ont aussi plus tendance à cuisiner à domicile, ce qui accroît la consommation d’énergie (four à micro-ondesfour à micro-ondes, plaques chauffantes...). Enfin, les économies tirées d'un moindre usage des transports peut entraîner une hausse de consommation d'autres biens d'équipement plus gourmands en énergie.