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Pour Futura-sciences Je tiens que la science doit être rendue citoyenne, davantage encore par le partage de la mentalité et des outils intellectuels des chercheurs, que par celui des savoirs - ce qui n'est pas pour dire que je néglige la vulgarisation scientifique, à laquelle je suis très attaché. Dit autrement, je tiens à faire apprécier la science dans son mouvement, plutôt que sous son masque mortuaire d'un ensemble figé de connaissances. Pierre Laszlo Octobre 2002
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Biographie
Ancien professeur de chimiechimie organique à l'université de Liège et à l'Ecole polytechnique, à Paris, Pierre Laszlo est aussi un littéraire. Il lui a longtemps tardé de prendre la plume. Mais une fois qu'il l'a saisie, il l'a maniée avec grande dextérité, essentiellement au service de la vulgarisation scientifique. Son parcours est une longue histoire.
Rares sont ceux qui parviennent à assouvir leurs rêves. Pierre Laszlo y est arrivé: il est devenu scientifique et écrivain. En un sens, cette double vocation était inscrite dans ses gènesgènes. Car, chez les Laszlo, la science et l'art faisaient bon ménage. Son père, ingénieur hydraulicien, brillait en mathématiques, excellait dans le dessin industriel, possédait des dons d'inventeur. Sa mère lisait beaucoup, écrivait de la poésie, dirigeait un studio de danse classique, organisait des spectacles de ballet.
Pourtant, une prédispositionprédisposition familiale ne peut tout expliquer. Si Pierre Laszlo a ambitionné dès l'enfance d'arpenter un jour les chemins de la science et de l'écriture, il le doit aussi à des livres. Des ouvrages qu'il revoit encore aujourd'hui comme s'il venait à peine de les refermer. Il cite les romans de Jules VerneJules Verne, dans lesquels il s'immergeait avec délectation. Les livres anciens, dont certains de science, que son père lui achetait chez des bouquinistes à de chacun de ses passages à Paris. Les belles encyclopédies illustrées qu'il lui ramenait de la bibliothèque de l'usine, à Grenoble, pour le distraire quand, chose fréquente, une otiteotite ou une bronchitebronchite le clouait au lit.
«La lecture était ma principale occupation, rapporte Pierre Laszlo. Elle m'ouvrait d'autres mondes, par l'imagination; plus que tout, elle m'apportait le plaisir de converser avec de grands esprits de toutes les époques, de tous les pays.»
Mais ne brûlons pas les étapes. Rendons-nous plutôt en Hongrie, où François Laszlo, le père de Pierre, naît en 1907. Fils de minotier, il passe son enfance à Nagykanisza, ville proche de la frontière yougoslave. Quelques années plus tard, on le retrouve à Budapest. Il y effectue des études d'ingénieur. Et y rencontre sa future épouse: Madeleine Aczel, à laquelle il se fiance. Diplôme en poche, il gagne l'Italie pour une année complémentaire au Politecnico de MilanMilan. De retour en Hongrie, il est embauché par le père de son meilleur ami, propriétaire d'une fabrique de batteusesbatteuses. «Malheureusement, la grande crise économique mondiale de 1929-1930 les rattrape, dit Pierre Laszlo. Au bout d'un an, mon père n'a plus de travail. Il se cherche un autre emploi, en vain.»
Se tient alors une grande réunion de famille. Les parents de François Laszlo rassemblent toutes leurs économies et les confient à leur fils, espérant ainsi lui offrir la possibilité d'émigrer et de survivre quelques mois, le temps de dégoter un travail. Emigrer, mais où? Le choix se porteporte finalement sur l'Algérie, possession française, mais surtout pays neuf que l'on peut rejoindre à moindres frais au départ de la Hongrie. Nous sommes en 1930 quand accoste en terre africaine le bateau qui emmène tous les espoirs de la famille Laszlo.
Très vite, François trouve un petit emploi chez un viticulteur de Boufarik. Mais il ne s'y attarde pas. Bientôt, il est engagé en tant que dessinateur industriel, d'abord dans un cabinet d'architectesarchitectes, ensuite dans la firme de constructionconstruction de matériel hydraulique où il accomplira toute sa carrière: Neyret-Beylier-Picard-Pictet (plus tard Neyrpic), dont la maison mère se situe à Grenoble. Entre-temps, sa fiancée l'a rejoint et il l'épouse à Alger.
Alger, où Pierre Laszlo voit le jour le 15 août 1938. «Au moment de ma naissance, précise-t-il, mes parents optèrent pour que je sois français, en vertu du droit du sol. Ils appartenaient à la bonne bourgeoisie algéroise et connaissaient même Albert Camus, alors journaliste à Alger Républicain, le journal communiste local. Nous habitions 75 bis rue Michelet, une adresse chic.» C'est l'époque du