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La nécropole mésolithique de Téviec a livré deux squelettes, dont des analyses récentes montrent qu'il s'agissait de femmes victimes de rituels funéraires particulièrement violents.

Aujourd'hui simple îlot fréquenté par des couples de goélands argentés, le site de Téviec, à l'ouest de l'isthme de la presqu'île de Quiberon (en Bretagne), était jadis une pointe rocheuse continentale, occupée par les Hommes du Mésolithique entre 5.500 et 5.300 ans avant notre ère.

De 1928 à 1934, le site fut fouillé par un couple d'archéologues amateurs lorrains, Marthe et Saint-Just Péquart, qui y mirent au jour un ensemble d'habitats et dix sépultures contenant au total 23 adultes et enfants. Cette nécropole, qui figure parmi les plus complexes du mésolithique européen, nous dévoile un pan des rites funéraires des derniers chasseurs-cueilleurs du littoral, bientôt remplacés par les agriculteurs néolithiques.

Reconstitution de la sépulture de Téviec de 1938, restaurée en 2010. Muséum de Toulouse. © Dunod, tous droits réservés 
Reconstitution de la sépulture de Téviec de 1938, restaurée en 2010. Muséum de Toulouse. © Dunod, tous droits réservés 

Des rites funéraires sanglants

Et le moins qu'on puisse dire est que ces rites étaient sanglants... Jusqu'à sa restauration en 2010, on pensait que l'une des sépultures de Téviec était celle d'un homme et d'une femme, ensevelis avec soin et protégés par un toit de bois de cervidés, avec pour mobilier funéraire des silex, des stylets en os de sanglier et des bijoux de coquillages marins. Une nouvelle analyse a révélé que les deux bassins, dont les fragments avaient été mêlés, étaient en réalité féminins, ce qu'a confirmé la génétique. Mais surtout, des médecins légistes ont mis en évidence, grâce au scanner, de multiples lésions crâniennes jusqu'ici passées inaperçues. En tout, quatorze coups sur un crâne, douze sur l'autre, d'abord portés sur la face, puis au niveau du nez et de la mandibule, et enfin d'un côté et de l'autre ou sur l'occiput. Comme si l'on s'était acharné sur ces crânes gisant au sol à l'aide d'un objet contondant, par exemple un bois de cervidé, pour donner du sang...

La présence d'une armature de silex fichée dans une vertèbre de l'un des morts de Téviec attestait déjà d'une mort violente. De nouvelles études pourraient indiquer si ces femmes ont cherché à se protéger des coups et si elles étaient encore en vie lorsqu'ils ont été portés. Mais pour l'heure, le mystère de l'îlot aux squelettes et des rites funéraires sanglants qui ont pu y prendre part reste entier.