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Les bisons polychromes criants de vérité de la grotte espagnole d'Altamira marquèrent les débuts mouvementés de la reconnaissance de l'art du Paléolithique supérieur.
Située au nord de l'Espagne à Santillana deldel Mar, près de Santander (Cantabrie), la modeste cavité d'Altamira renferme un des plus précieux trésors picturaux du Paléolithique supérieur. Ses peintures furent découvertes en 1879 par un archéologue amateur espagnol, Marcelino Sanz de Sautuola (1831‑1888), qui avait exploré la grotte sans vraiment lever la tête... jusqu'au jour où il entrevit au plafond l'un des bisons polychromes qui allaient faire la gloire mondiale du site.
La reconnaissance de l'art rupestre
Ainsi que l'a formulé le peintre Miquel Barceló, un des artistes de « L'École d'Altamira », « Croire que l'art a beaucoup avancé d'Altamira à Cézanne est une prétention occidentale vaine. ». Mais pour la communauté scientifique du XIXe siècle, il était loin d'être acquis que l'Homme préhistorique avait pu produire un art si pleinement accompli. La reconnaissance de l'art rupestre paléolithique dut attendre la découverte d'autres grottes et la publication en 1902 par Émile Cartailhac, adversaire résolu de l'authenticité d'Altamira, du « Mea culpa d'un sceptique ». Les études scientifiques qui s'ensuivirent démontrèrent que la grotte avait été un lieu d'habitat dès le début du Paléolithique supérieur (Moustérien et Solutréen supérieur). Mais son art, de stylestyle franco-cantabrique, caractérisé par le réalisme de ses thèmes animaliers, date de la fin du Magdalénien inférieur (15.000 ans avant le présent).
L'animal le plus représenté est le bison d'Europebison d'Europe (seize dans la composition de la grande salle aux bisons). Chevaux, cervidés et même des humains et des « masques » l'accompagnent. Les couleurs vives (rouge, noir, jaune, brun), ainsi que l'exploitation des reliefs naturels, ont permis de donner vie aux compositions, comme le démontre notamment la célèbre figure du « bison recroquevillé ». Avec d'autres grottes ornées du Paléolithique du nord de l'Espagne, le site d'Altamira fait partie d'un ensemble inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Fermée au public en 1977, puis une seconde fois en 2002, la grotte a fait l'objet de tests pour déterminer si elle peut être rouverte aux visites sans mettre en péril ses joyaux.