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L'intellect, mis en face du temps, ne sait pas faire autrement que braconner dans l'hétéroclite. Commençons par recenser les difficultés qu'il rencontre.
L'intellect mêle toute idée à l'idée contraire : tantôt il conçoit le temps comme ce qui passe, tantôt comme la trame inchangée de tout changement ; tantôt il l'invoque comme principe de changement, tantôt comme l'enveloppe invariable de toute chronologie ; tantôt il l'assimile à l'évanescence et à la furtivité, tantôt à une vaste arènearène perpétuellement en attente de ce qui viendra s'y produire ; tantôt il le pense à la suite de l'espace, tantôt à son encontre ; tantôt il l'assimile au mouvement, tantôt à l'envers du mouvement (c'est-à-dire au fixe ou à l'éternel) ; tantôt il le considère comme un concept empirique dont la texturetexture serait tirée de notre expérience, tantôt comme un « a priori de notre sensibilité », au sens où l'entendement ne pourrait fonctionner sans lui ; tantôt il le conçoit comme un être purement physiquephysique, tantôt comme un produit de la conscience...
Le temps mis en balance
Ainsi le temps se retrouve-t-il toujours mis en balance entre une thèse et l'antithèse correspondante, comme s'il ne pouvait jamais être pensé autrement qu'entre deux chaises, comme si son ontologie ne savait pas comment se fixer une bonne fois pour toutes.