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    Ce sont précisément ces outils fractals de modélisation de l'irrégularité qui sont pertinents pour affiner l'analyse d'un modèle darwinien artificiel simple. Cette approche vient à point pour consolider les intuitions que l'on peut avoir sur ces méthodes évolutionnaires : en d'autres termes, des constatations comme, par exemple, « plus les fonctions sont irrégulières, plus il est difficile de localiser un optimum global ».

    Fractales. © Domaine public
    Fractales. © Domaine public

    Toutefois, l'outil fractal permet d'aller au-delà d'une qualification empirique. Bon nombre de questions théoriques s'ouvrent alors, et notamment concernant le grand problème de l'analyse des vitesses de convergence et de la qualité des solutions.

    D'un autre côté, Darwin peut être lui aussi utile aux fractalistes. En effet, lorsque l'on manipule des modèles aussi compliqués que des modèles fractals, on aboutit assez souvent à des problèmes d'optimisation rebelle aux techniques d'optimisation simple, où la mécanique évolutionnaire trouve là aussi un vaste champ d'applications (débruitage multifractal, compression fractale d'images, optimisation d'antennes fractales, optimisation de modèles de gestion de portefeuilles boursiers).

    Les fractales dans l'art pictural : une nouvelle forme de beauté

    Pour finir avec un exemple artistique de DarwinismeDarwinisme artificiel appliqué à un problème fractal, toutes les images artificielles que vous pouvez voir dans cette page ont été créées avec le logiciellogiciel ArtiE-Fract. Développé au projet Fractales, ArtiE-Fract est un algorithme évolutionnaire interactifinteractif de création d'images fractales. En fait, les formes fractales attirent beaucoup les artistes, car elles sont à la fois complexes et symétriques/répétitives dans un sens non trivial (les fameuses propriétés de type auto-similarité), néanmoins les outils de génération et d'exploration de l'espace de ces formes ne sont pas très simples à programmer (contraintes mathématiques variées) et ne sont pas vraiment accessibles aux non-informaticiens.

    Dans ArtiE-Fract, grâce à des mécanismes évolutionnaires, l'artiste ou le créateur peut contrôler avec facilité une recherche aléatoire dans un très vaste espace des formes fractales. L'algorithme s'efforce alors de s'approcher de ce que l'utilisateur recherche précisément ou intuitivement, par le biais de l'analyse des évaluations successives d'ensembles d'images qui lui sont présentées, c'est une tâche d'optimisation.

    Cette idée d'approche artistique évolutionnaire « passive » n'est pas neuve dans le domaine de la synthèse graphique, mais ArtiE-Fract pousse beaucoup plus loin l'aspect interactif. Les modèles mathématiques employés (les attracteurs de systèmes de fonctions itérées - ou IFSIFS - non-linéaires) permettent des interactions directes que l'on peut intégrer au processus évolutionnaire : modifications colorimétriques ou structurelles, distorsions géométriques via des points de contrôle, morphings, animations, par exemple.

    ArtiE-Fract donne ainsi un accès souple et convivial à des modèles classiques de fractales (formes auto-affines) mais aussi et surtout à des images fractales peu courantes (les attracteurs d'IFS non-linéaires). Le processus évolutionnaire interactif agit comme un assistant informatique à la création, et a été programmé de façon à permettre une interaction souple et intuitive à tout instant.

    Une collaboration avec l'artiste-peintre Emmanuel Cayla a permis de faire évoluer de nombreuses fonctionnalités d'ArtiE-Fract, et de développer différents modes d'utilisation.

    Image du site Futura Sciences

    K1, une œuvre d'Emmanuel Cayla avec ArtiE-Fract.