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Henri IVHenri IV est assassiné le 14 mai 1610 à Paris ; son fils Louis XIII étant mineur, une période de régence s'installe (avec Marie de Médicis, mère du roi), risquée pour la monarchie car elle est accompagnée de fortes turbulences politiques qui se poursuivent jusqu'en 1630.
La majorité du roi à treize ans révolus, en septembre 1614, intervient au moment où une partie de la haute noblesse se révolte contre le pouvoir monarchique. Les « grands » représentent un danger potentiel car ils contrôlent des provinces entières du royaume grâce au « gouvernement », commandement militaire qu'ils ont reçu du roi. Le plus important des opposants (à Marie de Médicis) est le prince Henri de Condé, cousin du roi, prétendant au trône en cas d'extinction de la famille royale. Il estime que la régence est illégitime car la loi salique s'oppose à ce que le pouvoir soit détenu par une femme. Le rapport de force est en faveur des « grands » qui obtiennent l'accès au Conseil du roi, des postes de commandement prestigieux et la convocation des États Généraux (assemblée des trois ordres : noblesse, clergé et tiers-état).
La monarchie se trouve face à deux options du pouvoir : absolu ou partagé. La deuxième option, le pouvoir partagé, suppose que l'exercice du pouvoir royal admette la notion de « conseil », ensemble de personnes revendiquant le droit de participer avec le roi au processus de décision politique. La haute noblesse estime devoir disposer de ce droit mais les instances représentatives de la « nation » aspirent également à conseiller le souverain : ce sont les États Généraux, les assemblées de notables, les états provinciaux et les parlements (aux pouvoirs renforcés en 1610).
Richelieu, un homme d’État au service de la raison d’État
C'est dans le contexte des États Généraux qu'apparaît Richelieu, remarqué pour son discours de clôture en mars 1615. Devenu secrétaire d'État aux affaires étrangères en 1616, il apprend « l'art de la survie politique » à la Cour : il est condamné à l'exil en 1617, avant d'être nommé au Conseil du roi en avril 1624.
Par sa longévité au service du pouvoir (jusqu'à sa mort en décembre 1642), Richelieu réussit à briser les résistancesrésistances à l'ordre royal, principalement aristocratiques, parlementaires et religieuses. Les années 1620 sont marquées par la reprise des guerres de religion : la prise de La Rochelle protestante en octobre 1628, suivie de l'édit de grâce d'Alès en juin 1629, marque la volonté de pardon royal car Louis XIII (dit le Juste) maintient le principe de tolérance de l’édit de Nantes, mais les privilèges politiques des protestants sont abolis. Richelieu, qui se considère comme un « catholique d'État », estime que l'intérêt politique exige la sauvegardesauvegarde de l'unité religieuse du royaume : la religion catholique doit rester le fondement de la monarchie.
Les années 1630 sont celles de la raison d'État, réaffirmée par Richelieu et confirmée par les écrits de juristes contemporains. Après la « journée des Dupes » du 11 novembre 1630, le cardinal est nommé principal ministre, ses adversaires politiques sont éliminés dont la reine mère qui est contrainte à l'exil. Richelieu place le service de la monarchie au premier plan : « la raison doit être la conduite et la règle d'un État », écrit-il dans son Testament politique. La raison d'État devient la clef de voûte de son gouvernement, de sa conception de la politique et de la diplomatie. Richelieu est considéré comme l'un des fondateurs de l'État moderne en France, par son action continue pour un renforcement du pouvoir royal.
L’absolutisme royal et la guerre
En mai 1635, le roi déclare la guerre à l'Espagne des Habsbourg, dans un conflit européen entamé depuis 1618 (guerre de Trente Ans). Les mesures d'autorité imposées par l'État dans l'urgence de la guerre, vont confirmer l'absolutisme de la monarchie française : le bien commun est identifié à celui du roi.
Les arrêts du roi sont immédiatement exécutables, les parlements de justice n'ont plus le droit de remontrances contre les édits royaux ; les intendants supervisent toutes les questions de police, justice et finances dans les provinces et les villes ; les « grands » abandonnent leur pouvoir territorial pour contribuer à la défense du royaume. La guerre forge l'union entre le roi et la nation, dans l'intérêt supérieur de l'État.
Le changement le plus radical pour l'ensemble de la population est l'alourdissement considérable des impôts pour financer la guerre. L'impôt direct, la taille, passe de 10 millions de livres en 1632, à 53 millions en 1643. Lorsque la pression fiscale est trop forte, elle provoque des révoltes populaires qui justifient la répression armée du pouvoir royal. On peut parler de violence d'État entre 1638 et 1640, en Aquitaine et en Normandie, pour ramener la population à son devoir d'obéissance.
La guerre contribue également à renforcer le pouvoir exécutif, c'est-à-dire le Conseil du roi ; le souverain se réserve désormais les « affaires d'État ». De nombreux traités politiques paraissent dans les années 1630, pour définir et justifier le pouvoir de Louis XIII qui fait figure de roi « de justice et de puissance ». Le juriste Cardin Le Bret (qui siège au Conseil du roi dès 1630) peut être considéré comme le théoricien de la monarchie absolue avec son traité De la souveraineté du roi (paru en 1632).