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Jean sans Peur devient duc de Bourgogne en 1404 (il le sera jusqu'à sa mort en 1419). Il envisage son héritage avec la plus grande ambition : s'il parvient à s'arroger les fiefs qui séparent la Flandre de la région de Dijon, il aura sous sa coupe un immense territoire continu allant de la mer du Nordmer du Nord à la Suisse. Ce serait pratiquement un nouveau pays s'il parvient à s'affranchir de ses suzerains français et germaniques...
Les empereurs, dont le rôle est déjà considérablement réduit par les vassaux, posent moins de soucis à Jean sans Peur que les rois de France, qui tiennent mieux leur pays en main. Mais la guerre contre l'Angleterre et la déliquescence de la dynastie capétienne des Valois donne une opportunité en or au duc de Bourgogne d'asseoir sa supériorité.
En effet, après ses défaites initiales au début de la guerre de Cent Ans, le royaume de France entre en pleine décadence. Le roi Charles VI donne des signes de démencedémence et la folie du roi laisse un vide que tentent de remplir des hommes ambitieux. Parmi eux, le frère cadet du roi, Louis d'Orléans, et son rival, le duc de Bourgogne Jean sans Peur.
La querelle des Armagnacs et des Bourguignons
Cette rivalité entre les deux camps donne lieu à ce que l'on appelle « la querelle des Armagnacs et des Bourguignons ». Ce nom vient du comte d'Armagnac qui soutenait Louis d'Orléans contre le duc de Bourgogne. Le camp des Armagnacs tente de garder le dauphin (le fils et héritier du dément Charles VI) sous son contrôle. Mais, profitant d'un accès de folie du roi, Jean sans Peur parvient à lui arracher le titre de « protecteur du dauphin ». Cette importante victoire de Jean rend Louis fou de ragerage et la rivalité entre les deux camps devient ouverte.
Après l'assassinat de Louis d'Orléans, c'est le comte Bernard d'Armagnac qui mène les opposants à Jean sans Peur, tentant de faire naître des révoltes contre lui. Jean sans Peur finira par envoyer son armée à la conquête de Paris en 1418 : la bannière bourguignonne flottera sur la capitale du royaume de France jusqu'à sa mort. Envahie au nord par l'Angleterre et décapitée à Paris par la Bourgogne, la France est alors dans une situation critique : le roi fou est « protégé » (en fait prisonnier) du duc de Bourgogne et le dauphin est en fuite dans le Sud.
Jean sans Peur meurt assassiné en 1419
Jean est lui-même un courageux chevalier : dans sa jeunesse, il partit au combat aux côtés des rois de Hongrie contre les envahisseurs turcs et sa bravoure lui valut son surnom de « sans Peur ». Mais, soucieux d'affaiblir le royaume de France, il ne répondit pas à l'appel de son suzerain français pour combattre les Anglais quand la guerre de Cent Ans reprit de l'ampleur. Habile diplomate, il se garda cependant de s'allier officiellement aux Anglais. Ainsi, profitant de la tension qui existait entre Français et Anglais, Jean sans Peur obtint le meilleur des deux camps et son duché gagna encore en force.
Pour les partisans du dauphin, Jean devint l'homme à abattre. Ce fut chose faite quand, à l'issue d'une entrevue censée les réconcilier, Jean sans Peur fut assassiné par les agents delphinaux, en 1419.