au sommaire
Conclusion
Dans la relation au temps et à la mort, la société indienne a aussi ses particularismes. Le temps n'y est pas appréhendé de manière linéaire et progressiste, mais cyclique. Pendant longtemps, la civilisation indienne n'a accordé que peu d'importance à son histoire, en témoigne le peu de connaissances que nous avons de l'Inde ancienne. La croyance en la réincarnation, la fidélité à sa castecaste, à sa famille, à son métier, les aléas des retards dans les transports et dans la vie administrative, donnent aux indiens une idée du temps bien différente de celle que nous avons en occident, qualitativement et effectivement. Peut-être est-ce pour cela qu'en hindi le même mot kal est utilisé pour traduire à la fois hier et demain. Le mot le plus courant pour désigner la mort est mrityu, et son équivalent ourdou maut. Vu les tabous qui entourent le sujet, on a tendance à s'exprimer par périphrase, comme en français quand on dit : "il a passé, est décédé". En hindi on emploiera l'expression : "la fin (ant) de son corps (deh) est advenu" (dehânt). Une autre particularité du hindi est son absence du verbe avoir, mais il serait inutile de chercher là une signification culturelle ou philosophique. Cette "différence" est partagée par de très nombreuses langues comme le turc, le russe, le romani, les langues berbères, le swahili, le japonais, le chinois, etc, au point même qu'on peut se demander si ce particularisme ne se situe pas plutôt du côté des langues qui font usage d'un tel verbe.
L'Inde est, ne l'oublions pas, une véritable Tour de Babel. La radio All-India émet en 24 langues et 146 dialectes ; les journaux sont publiés en 34 langues au moins ; 67 langues sont enseignées dans le primaire et 80 dans les cours d'alphabétisation. Cette étonnante coexistence linguistique n'a été possible que grâce à la longue tradition indienne du multilinguisme. Face à l'importance grandissante de l'anglais, vu comme la langue de la modernité et du développement, et symbole d'un certain statut social, la pérennité de cette tradition, à la source de la diversité culturelle en Inde, est la garantie d'un épanouissement harmonieux de la société.