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Apprentissage
Du point de vue de l'apprentissage, la langue possède des caractéristiques intéressantes par rapport au français. Le hindi n'est pas à proprement parler une langue difficile et la maîtrise de son écriture reste aisément abordable. Les difficultés viennent principalement de la grande richesse du vocabulaire, due au grand nombre de doublets et aux différents niveaux de langage. La prononciation comporte quelques points communs avec notre langue comme par exemple la présence de sons nasaux (in, on, an), mais elle n'est cependant pas toujours facile à maîtriser. Il y a par exemple la différence entre les voyelles courtes et longues - a et â (aa) - qui est pour les hindiphones très évidente, mais dont la confusion peut être un handicap pour se faire comprendre.
La prononciation du h, quand il est associé à une consonne (kha, bha...) est délicate, ainsi que celle des quatre différentes sortes de n, sans parler des consonnes rétroflexes... L'ordre des mots dans la phrase est à peu près l'inverse de celui du français, et il n'y a pas d'article. Ainsi on dit par exemple : "rouge crayon table sur est". Cela dit il n'y a pas de verbe irrégulier et la conjugaison est "facile", même s'il faudra tout de même s'accommoder de deux genres différents (masculin et féminin). Une autre curiosité de la langue hindi est la nécessité de devoir apprendre par cœur tous les nombres de 10 à 100, car il n'existe pas de système évident pour les former.
Dans une langue, les caractéristiques qui nous renseignent sur la vie sociale du pays sont parmi les plus passionnantes. Les importantes divisions sociales qui prévalent en Inde notamment en raison du système des castescastes, le respect dû aux aînés, et les attitudes de profonde dévotion qui s'expriment à travers la religion, sont autant de facteurs qui trouvent leur écho dans le langage.
Par exemple, il existe trois mots pour s'adresser à quelqu'un en hindi : âp (qui correspond au "vous" français), tum ("tu"), et tû dont l'usage est délicat car utilisé seulement dans des contextes de très grande intimité ou, paradoxalement, de mépris. L'importance de la famille en Inde trouve également son expression à travers la profusion de termes pour désigner chaque membre de la famille. Ainsi, pour l'oncle maternel on dit mâmâ, mais pour l'oncle paternel, châchâ ; il en va de même pour le grand-père paternel, dâdâ, ou maternel, nânâ, etc. Le mot pour frère, bhâî, est une formule d'adresse très fréquente en hindi, même en l'absence de toute relation familiale. Elle traduit simplement la cordialité, tout comme dîdî (sœur), ou, selon l'âge de l'interlocuteur, les mots empruntés à l'anglais uncle et auntie. A cet égard, l'usage du petit vocable jî est particulièrement intéressant. Employé pour exprimer de manière polie et respectueuse la négation ou l'affirmation, jî nahîn ("non"), jî hân ("oui"), il est également placé à la fin des noms pour signifier le respect ou l'affection : pitâ (père) donne pitâjî, le prénom Gopal devient Gopaljî, etc...
D'une manière générale, il y a un relatif manque de mots pour exprimer la politesse, particulièrement pour merci et s'il vous plaît. Dans la société indienne, chacun obéit à des règles dictées par la tradition qui rendent parfois l'usage de certains mots superflu. Les indiens étant des personnes sensorielles et intuitives, les marques de respect et de politesse s'expriment plutôt par des gestes et des attitudes que par des mots : les deux mains jointes comme geste de salut, toucher les pieds de quelqu'un en signe de respect. Dans le rapport de soumission et d'autorité qu'appellent le système des castes, la place attribuée à la femme, et l'existence des serviteurs, la relation et le dialogue s'établissent souvent sur de simples mimiques, expressions ou autres signaux para-verbaux.