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Une odeur de poudre sur la Lune
Ainsi que nous l'avons appris au cours des missions ApolloApollo dans les années '60 et '70, la poussière lunaire est extrêment abrasive et omniprésente. En l'espace de quelques heures de travail à l'extérieur du module lunaire, toute la combinaison des astronautes, de la tête aux pieds, s'est couverte d'une fine pellicule de poussière grise, griffant les objectifs et corrodant les joints ainsi qu'en témoigne la combinaison d'Eugene Cernan présentée ci-dessous.
Par chance, le contact avec la poussière lunaire n'était que passager et n'occasionna jamais de graves problèmes. Mais si le projet de bâtir une base lunaire se concrétise, les astronautes qui vivront sur la Lune durant des semaines et des mois et travaillant des heures durant à l'extérieur ressembleront vite à des mineurs plutôt qu'à des scientifiques en combinaison blanche !
La combinaison de l'astronaute Eugene Cernan envahie de poussière lors de son séjour de 75 heures sur la Lune au cours de la mission Apollo 17. Après le vide, la poussière est le plus grand danger qu'encourent les astronautes séjournant sur la Lune.
Crédits : NASA/Apollo 17/NSSDC
Dans tous les cas ils devront trouver une méthode efficace pour éviter que cette poussière ne s'accumule dans les lieux de vie.
Pire, sous une exposition prolongée à l'environnement lunaire, les futurs astronautes courent le risque de constater la défaillance des engins mécaniques, des combinaisons spatiales, des sas d'aération voire même de subir des maladies pulmonaires.
Telle est la conclusion alarmante à laquelle est parvenu le Dr Russell L. Kerschmann, pathologistepathologiste depuis 1980 et spécialiste des sciences de la vie au centre de recherche Ames de la NASA au cours d'un atelier de travail sur la toxicitétoxicité du sol lunaire intitulé "Biological Effects of Lunar Dust" qui s'est tenu en Californie du 29 au 31 mars 2005. Voyons les étapes de cette découverte, pour quelles raisons ces effets se manifestent et comment peut-on s'en prémunir.
Odeurs et symptômes suspects
Si nous connaissons effectivement les effets pervers de la poussière lunaire, jusqu'ici les scientifiques n'avaient pas vraiment porté leur attention sur les risques pour la santé qu'encouraient les astronautes. Les géologuesgéologues qui avaient travaillé jusqu'ici sur les pierres lunaires n'avaient jamais indiqué la moindre toxicité ou risque associé aux manipulations en laboratoire des pierres de basaltebasalte.
Toutefois, deux événements sont significatifs. En décembre 1972, au cours de la mission d'Apollo 17, Harrison Schmitt et Eugene Cernan revenaient juste d'une longue exploration lunaire autour de la vallée Taurus-Littrow, située près de la mer de la Sérénité. Gravissant l'échelle métallique, des empreintes de poussière lunaire avaient marqué le plancherplancher du module lunaire ChallengerChallenger. Après l'avoir pressurisé et respirant l'air de l'habitacle, Schmitt fit remarquer : "Ca sent comme la poudre ici dedans". "Oui, n'est-ce pas ?", reconnu Cernan. En fait la poussière lunaire s'était transformée en aérosolaérosol odorant et planait dans la cabine qui se trouvait toujours dans un état proche de celui de l'apesanteurapesanteur.
Un peu plus tard, Schmitt s'était plaint d'avoir été incommodé et légèrement malade suite au contact avec la poussière lunaire. Il avait eu une réaction allergique que ne manqua pas de noter le Dr Kerschmann. Ces symptômessymptômes qualifiés de "rhume des foins de la poussière lunaire" ont disparu le lendemain sans laisser de traces. Après avoir passé 75 heures sur la Lune et 12.5 jours dans l'espace, l'équipage revint sur Terre et on oublia pratiquement cette histoire.
Qu'est-ce que la poussière lunaire ?
- Régolite (fragments d'impacts météoritiques) de la taille de la cendre
- Taille moyenne de 19 microns (40% plus petit qu'un cheveux)
- Composition : SiO2 (44.72%) et Al2O3 (14.86%)
- Propriétés : magnétique, très poreuse, dentelée, tranchante, allergène
Mais par la suite, les sélénologues découvrirent que les échantillons lunaires ramenés sur Terre présentaient effectivement des propriétés particulières qui alertèrent les chercheurs.