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Une coopération internationale et transdisciplinaire exemplaire
S'il constitue la plus longue expérience de bed rest féminin jamais tentée au sein de la communauté Européenne, ce programme est surtout le fruit d'une coopération exceptionnelle entre l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA), l'Agence spatiale française (CNES), l'Administration nationale américaine de l'aéronautique et de l'espace (NASA) et l'Agence spatiale canadienneAgence spatiale canadienne (CSA).
IRM : imagerie par résonance magnétique pour détermination des volumes musculaires du cœur, des muscles de la jambe et des muscles para vertébraux.
© CNES/Stéphane Levin 2005
Il n'existait jusqu'alors aucun accord international sur les procédures visant à développer, évaluer et valider semblable expérience. A l'issue de consultations coordonnées, les agences spatiales participant à l'étude sont parvenues à sélectionner les différents protocolesprotocoles expérimentaux. Ainsi, des tests dits « d'évaluation de l'état clinique » proposés par la NASA ont été combinés aux tests basés sur les mesures standards des expériences de bed rest masculins antérieurement définis par MEDES. L'ensemble a finalement été approuvé par le Comité français d'éthique. « Les plus grandes difficultés de cette étude ne sont pas d'ordre technique », nous confie Peter Jost.
« Lorsque quatre agences spatiales, près de 70 scientifiques de onze pays et un institut de recherche clinique réalisent une étude sur 24 sujets issus de différents pays européens, une multitude de problèmes devient inévitable à tous niveaux. La tâche du chef de projet est alors d'agir en médiateur. Une bonne communication et une véritable ouverture d'esprit sont indispensable dans un tel contexte. Jusqu'alors, grâce à la tolérance de chacun des membres, des compromis ont pu être trouvés dans toutes les situations. »
Il faut en effet être très diplomate. L'ESA, le CNES et la NASA contribuent à part égale dans le projet (30%), le CSA n'étant pas non plus négligeable (10%), pour le coût global de deux fois 3,6 millions d'euros. Une somme qui ne suffit pourtant pas à une organisation idéale du programme. « L'étude est conçue sur 24 volontaires. Ce nombre de sujets est nécessaire pour obtenir des données fiables et pouvoir tirer des conclusions valides »,
commente Arnaud Beck. « Cependant, pour des raisons purement techniques de matériels et de disponibilité des scientifiques, nous ne pouvons hélas gérer plus de 12 volontaires dans une même campagne. »
Fly Wheel : Muscle, contre-mesure physique, exercice en résistance sur Fly Wheel
© CNES/Stéphane Levin 2005
La constitution de ces deux sous-groupes offre néanmoins l'avantage de travailler à dimensions humaines et d'organiser l'expérience de façon sereine. L'implication des douze volontaires dans les protocoles scientifiques du programme a été précoce. Originaires de France, du Royaume-Uni, d'Allemagne, de Finlande, des Pays-Bas, de Pologne et de République tchèque, les femmes sélectionnées parmi les 1600 candidates pour la première campagne d'étude se sont largement exprimées à ce sujet lors d'une conférence de presse tenue ce 2 juin.
« Dès la phase de recrutement, nous avons eu droit à beaucoup d'informations, beaucoup d'explications, sur les examens que nous allions devoir subir, mais aussi sur les retombées scientifiques attendues »,explique la Finlandaise Marjo. La dimension psychologique, et non seulement physiologique, de l'expérience permet un véritable échange entre les scientifiques et ces profanes. Leur ressenti et leur capacité personnelle à l'exprimer sont l'un des éléments clefs de l'expérimentation.
« D'une certaine manière nous sommes même les personnes les plus importantes de l'équipe »,constate Monica, de République tchèque.
« La responsabilité est énorme. »
DEXA : composition corporelle (masse maigre/masse grasse, densité osseuse.)
© CNES/Stéphane Levin 2005
Excepté une tendinite pour la Française Isabelle, elles semblaient avoir particulièrement bien récupéré. Après leurs cent jours (voir encadré) au service de l'espace, la tête dans les étoiles et les yeuxyeux au plafond, le projet entre dans sa seconde phase. « La plupart des données ne sont pas encore analysées et bon nombre de prélèvements biologiques sont toujours dans les congélateurs de MEDES
», explique Arnaud Beck. « A ce stade intermédiaire de l'étude, il est impossible de tirer des conclusions scientifiques et la seconde campagne reste à faire. »