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Au lit pour les étoiles !
Je resterais bien au lit tout l'hiverhiver... C'est possible, et pour servir la science, madame ! Vous serez bien avisée d'en profiter...
A la fin du premier semestre 2005 s'achevait à Toulouse la première campagne de l'étude WISE (Women International Space Simulation for Exploration ), avec pour objectif la collecte d'informations sur le comportement physiologique féminin en état d'impesanteur prolongé. L'un des objectifs étant d'évaluer le rôle de la nutrition et des programmes d'exercice physique pour pallier les réactions négatives de leur organisme.
3D-PQCT : densité osseuse – scanner périphérique en 3 dimensions
© CNES/Stéphane Levin 2005
Pour simuler cette impesanteur, un premier groupe de 12 femmes sous contrôle médical très strict est donc resté alité durant 60 jours, inclinées à -6° par rapport l'horizontale, la tête légèrement plus basse que les jambes. Une position qui provoque dans l'organisme des réactions très similaires à celles rencontrées par les astronautes lors des vols spatiaux de longue durée (troubles de la circulation, perte de masse musculaire, osseuse et de capacité à l'effort). « Ce modèle de -6° est admis par toutes les Agences comme étant le plus proche de la microgravitémicrogravité »
, nous explique Arnaud Beck, médecin coordinateur de cette étude à MEDES (Institut français de Médecine et de Physiologie Spatiales, à Toulouse).
« Il y a très peu de femmes astronautes, et très peu de bed rest (expérience d'alitement prolongé) ont été effectués sur des femmes. De fait, peu de données sont disponibles sur les réactions particulières de leur organisme. »Alors que 48 hommes ont déjà passé plus de six mois dans l'espace (dont 20 plus d'un an et un plus de deux ans), seules trois femmes ont passé ce cap.
Or, au retour de missions courtes (inférieures à 15 jours), « un plus grand degré d'intolérance orthostatique a pu être constaté chez les femmes. C'est à dire qu'elles sont davantage sujettes à des vertiges et des évanouissements lors d'un passage rapide en station debout »,
nous précise le docteur Peter Jost, directeur des programmes de vols spatiaux habités, de microgravité et d'exploration à l'ESAESA, et coordinateur de l'expérience. « La comparaison des résultats des campagnes WISE avec une étude effectuée en 2001 et 2002 sur des individus mâles permettra de définir des contre-mesures à la microgravité spécifiquement adaptées. »
Repas, lecture, ordinateur, psychologie, contrôle inclinaison du lit à -6°
© CNES/Stéphane Levin 2005
« Un tel programme est indispensable pour assurer la bonne santé des femmes spationautesspationautes lors de missions de longue durée », poursuit-il. « 20% des spationautes de la NASANASA sont des femmes - et cela ira croissant. »
L'Europe ne sera pas en reste. L'ESA songe ouvertement à la mission vers Mars prévue par son programme Auroraprogramme Aurora, qui exposera les astronautes à des conditions de gravitégravité réduite (pour Mars, un tiers de celle de la Terre) sur des durées allant jusqu'à trois ans.
Pourtant, cette expérience trouvera également des applicationsapplications terrestres, notamment pour le traitement de malades hospitalisés sur de longue durée. L'étude devrait ainsi définir le rôle bénéfique de la pratique régulière de certains exercices physiques dans la préventionprévention de certaines formes de diabètediabète ou de l'hypertensionhypertension.