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L’Amérique en orbite
Restait le plus important à accomplir : placer un Américain en orbite. La Redstone étant insuffisante pour cette mission, il fallait recourir à l'Atlas, seule fuséefusée capable de satelliser Mercury. Or, le premier essai de ce lanceur testé avec une cabine Mercury à vide, le 29 juillet 1960, s'était conclu avec l'explosion de la fusée en plein vol. Cela, par une nouvelle ironie de l'Histoire, le jour même où la Nasa annonçait le programme ApolloApollo d'envoi d'un homme sur la Lune...
La cabine Mercury. Crédit Nasa
John GlennJohn Glenn fut sélectionné pour le premier vol orbital humain. Depuis le début du programme, il était le favori de la presse, et aussi du public. Ses capacités et sa compétence avaient été révélées à l'envi, et l'Amérique ne comprenait pas pourquoi cet homme exceptionnel n'avait pas été choisi pour devenir le premier Américain dans l'espace. En réalité, ce sont justement ces qualités qui l'avaient écarté de cet honneur. John Glenn était considéré par l'Armée comme le meilleur pilote américain de tous les temps. Il avait abattu trois Migs soviétiques au cours de la guerre de Corée, et à plusieurs reprises, avait ramené au sol un appareil tellement endommagé qu'il n'avait même pas été considéré comme réparable et directement jeté à la ferraille. D'autres pilotes, à sa place, se seraient éjectés sans le moindre remords alors que Glenn, perfectionniste jusqu'au bout des onglesongles, n'avait à cœur que de terminer sa mission en beauté quoi qu'il en coûte.
Aussi, les dirigeants de la Nasa avaient-ils décidé que la personnalité et les qualités de Glenn conviendraient bien mieux au premier véritable vol piloté qu'aux premiers sauts de puce sans mise en orbite, qui ne requéraient aucune réelle qualité de pilotage. C'est pourquoi Bob Gilruth, responsable des vols habitésvols habités, décida que tous les astronautes - sauf Glenn - auraient la priorité sur les vols balistiques afin d'accumuler de l'expérience dans ce genre de mission. Mais la donne allait à nouveau changer dans ce qui était devenu une compétition le 6 août 1961 lorsque sans avertissement, les Soviétiques envoyèrent Vostok 2 en orbite.
L'intermède Titov
Le vaisseau de 4.730 kgkg était habité par Guerman TitovGuerman Titov, la doublure de Gagarine, et resta une journée entière en orbite. Les Américains, qui reprenaient à peine pied dans la course à l'espace, étaient à nouveau pris au dépourvu par ce succès soviétique. Mieux, la duréedurée du vol dépassait de loin tout ce qui était prévu dans un programme Mercury qui n'avait même pas encore réussi à placer un homme en orbite. Il fallait réagir, et vite !
D'emblée, les vols suborbitauxvols suborbitaux furent abandonnés. On en resterait à deux. Mais la dernière tentative de lancement d'une cabine Mercury au moyen d'une Atlas en avril 1961 avait à nouveau échoué, et on était passé très près de l'explosion du lanceur... Deux essais supplémentaires furent programmés. Un exemplaire du vaisseau se plaça correctement en orbite le 13 septembre. Puis le 29 novembre, le chimpanzéchimpanzé Enos accomplit deux orbites à bord de Mercury-Atlas 5Atlas 5. Ce vol fut très contesté. Par les astronautes d'abord, qui estimèrent que le premier Américain en orbite ne devait pas être un singe. Le public américain fut déçu, et le reste du monde ne se priva pas de rire... Techniquement cependant, ce vol fut un succès, même si un mauvais fonctionnement des appareils destinés à tester les réflexes de l'animal en apesanteurapesanteur (il recevait une décharge électrique au lieu d'une récompense en cas de bonne réponse...) déclencha chez lui une véritable crise de ragerage durant laquelle il entreprit de démolir systématiquement tout ce qui l'entourait, forçant les techniciens à écourter l'expérience prévue à l'origine pour trois révolutions.