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Les sarcophages de la nécropole de Basse Époque (vers 664-36 avant J.C)
La ville copte semble avoir été bâtie sur un cimetière pharaonique de Basse Époque. Une épaisse couche de sablesable et de tessons de poterie sépare les bâtiments coptes d'un ensemble d'inhumations, situé à un niveau inférieur. On y a mis au jour une centaine de sarcophages sans prétention. Les secteurs étudiés ont révélé bien des surprises...
Statuettes de serviteurs funéraires (ouchebtis), que l'on plaçait dans les tombes (Basse Epoque), puits H. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara
Les sarcophages de la Basse Époque
En forme de momie, ils sont exécutés en boisbois et terre crueterre crue et possèdent un décor très coloré. Le visage, peint en rose vif ou en vert, symbole de renouveau, est encadré par une longue perruque aux mèches soigneusement détaillées ; la poitrine est souvent couverte d'un large collier de fleurs ; des images de divinités funéraires et des textes protecteurs dépourvus de tout nom propre sont figurés sur la cuve et le couvercle.
Ces sarcophages à la conservation très délicate sont déposés à même le sable, avec un matériel funéraire simple, essentiellement composé de figurines de divinités (amulettes) et de parures en faïencefaïence d'un bleu intense. Les corps ne sont pas momifiés. Voilà que ressuscite toute une partie de la société égyptienne, ces classes « moyennes » que les fouilles antérieures avaient négligé d'étudier.
Les tombes retrouvées : des découvertes rarissimes
C'est à cette même période qu'appartiennent les tombes découvertes à partir de 2003. Elles sont creusées dans le rocher et renferment un mobilier funéraire dans un état exceptionnel de conservation. Ce sont des caveaux souterrains auxquels on accède par des puits profonds de 5 à 15 mètres. Quatre d'entre eux ont été trouvés intacts, ce qui est rarissime. Accessibles par des puits profonds de plus de 5 mètres, ils sont situés au nord-est de la fouille.
Entassement de sarcophages dans la tombe n°1. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara
Le premier caveau (A) est une galerie rupestre dont la paroi occidentale est ornée d'une série de fausses portesportes. Il est probable qu'elle fut aménagée à l'Ancien Empire puis réutilisée plus tardivement comme en témoigne le matériel retrouvé en place. Sa partie nord est occupée par un beau sarcophage de bois placé transversalement. On a déposé devant lui tout un matériel en rapport avec l'enterrement et l'embaumement, comme de grands vases de terre cuite intacts utilisés par les embaumeurs ; il y avait également des nattes de roseaux roulées. Ce sarcophage servait d'appui à une accumulation de momies bandelettées (une quinzaine bien visibles) qui ont été introduites après coup, par l'entrée originelle de cette longue galerie aujourd'hui inaccessible du fait de l'aménagement du site. La galerie contenait un autre sarcophage de bois ainsi qu'un exemplaire beaucoup plus simple, de calcairecalcaire. Tous contenaient des momies dont certaines très bien conservées. Les sarcophages de bois peuvent être datés des XXVe -XXVIe dynasties.
La tombe d’Iahmès (VI-Ve siècle avant J.-C.), caveau C. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara
Le deuxième caveau (C) est une petite salle rectangulaire, creusée dans le gebel, et dans laquelle reposait un magnifique sarcophage de bois stuqué et peint à décor polychrome : le fond noir est entièrement recouvert de textes funéraires et de petites scènes religieuses. Il était accompagné d'un petit coffret surmonté d'un oiseauoiseau Akhem, contenant les organes retirés de la momie, et d'une statuette d'un Ptah-Sokar-Osiris. La date proposée pour cet ensemble, XXVI-XXVIIe, s'appuie sur le nom du propriétaire Iahmès, fils de Psametikseneb.
Enfin en 2006-2007 les deux puits et les caveaux ménagés dans le mastaba N ont également livré des sépulturessépultures inviolées. Au Sud, le puits N 1 profond de 8,50 mètres contenait 4 sarcophages de bois richement décorés placés verticalement, accompagnés de matériel funéraire : statuettes de Ptah-Sokar-Osiris, coffrets funéraires de bois peint aux couleurs éclatantes, ainsi que deux statuettes de bronze des dieux Isis et Osiris. Il donne accès à un caveau contigu à la galerie A. C'est une salle de taille modeste dans laquelle des momies ornées de cartonnages ont été entassées sur un sarcophage de bois polychrome de forme rectangulaire orné d'une cornichecorniche et d'un sarcophage de pierre grossier. Là encore les défunts sont pourvus des mêmes objets funéraires. Au nord, en N2, un puits profond de 5, 70 mètres conduit à plusieurs caveaux inviolés. Couvert par des dalles de pierre, ce puits, découvert sans aucun remplissage, débouche sur deux petites salles situées au nord et au sud. La salle nord contenait des sarcophages soigneusement empilés jusqu'au plafond, accompagnés de matériel funéraire, ainsi que des momies. La salle sud était occupée par des momies soigneusement bandelettées, avec ou sans cartonnages. On y a également retrouvé du matériel funéraire et un massif sarcophage de calcaire. Ce dernier, d'apparence très modeste contenait la plus magnifique des momies qui ait été trouvée à Saqqara. Revêtue d'un suaire de linlin orné de motifs découpés dans de la feuille d'or, elle possède un masque doré aux yeuxyeux étrangement clairs.
Découverte d’une statue de Ptah-Sokar-Osiris et d’un coffret au fond du puits q3. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara
Les surprises des fouilles archéologiques
Dans l'espoir de localiser l'accès du premier caveau (A) des puits adjacents (H 1 et H2) ont été explorés. Comme souvent, ils ne conduisaient pas au but qui avait été fixé mais à un réseau de galeries et de salles souterraines qui ont livré un abondant matériel du Ier millénaire avant J.-C. : sarcophages intacts, statuettes funéraires (ouchebtis) rangées dans leur boîte, Ptah-Sokar-Osiris ainsi qu'une collection de sarcophages au décor superbe, retrouvés démontés et empilés.
Sarcophages. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara
L'exploration du secteur ouest de la fouille a aussi réservé de belles surprises. Après l'identification du puits principal du mastaba d'Akhethetep, il restait encore à déterminer si un autre puits ne correspondait pas à la stèle fausse porte décorant la face est du mastaba. Le dégagement a fait apparaître deux puits secondaires utilisés pour des sépultures collectives : ils donnent accès à une chambre principale pourvue de grandes niches dans les parois latérales, à une quinzaine de mètres de profondeur. Malgré le bouleversement général des lieux, l'une des tombes conservait de nombreux vestiges des inhumations qui y avaient été pratiquées : environ 60 personnes dont les momies ont été retrouvées dans un grand désordre, dû au passage de pillards.
Cependant plusieurs sarcophages étaient encore intacts et à leur place d'origine. Le plus spectaculaire possède un visage doré à la feuille, encadré par une perruque bleu lapis avec, sur la poitrine, une scène d'offrande à Osiris rehaussée d'or. Un autre sarcophage porte la datation très précise de l'enterrement, inscrite en démotique : l'an II, premier mois de l'InondationInondation, de Nectanébo II, c'est-à-dire entre le 2 novembre et le 20 décembre 360 av. J.-C-.
Statue d’oiseau « Akhem »(IVe siècle avant J.-C.) secteur ouest.
© Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara
Les défunts étaient accompagnés d'un mobilier réduit mais richement décoré : coffret funéraire en bois stuqué et peint, perles ayant appartenu à des résilles et amulettes en faïence, céramiquescéramiques, bandelettes inscrites de chapitres du Livre des morts, masques et colliers à décor floral réalisés selon la technique du « cartonnage » ; on a retrouvé quatre superbes oiseaux akhem qui devaient prendre place sur le couvercle des coffrets funéraires.