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L'être humain est un animal doté de puissantes facultés intellectuelles. En se basant sur cet état de fait, on peut être tenté d'attribuer à l'humain une double nature. La première, biologique, renvoie à son appartenance au monde animal. La deuxième, culturelle, fait référence à son aspect proprement humain. Mais, cette distinction classique entre nature (animale) et culture (humaine) n'est pas sans rappeler l'antagonisme que les grandes religions chrétiennes érigent entre le corps et l'âme.
Pour l'anthropologie toutefois, nature et culture demeurent deux aspects de l'être humain qu'il n'y a pas lieu de considérer comme séparés. Au contraire, ces deux aspects entretiennent des liens étroits qui nous définissent en tant qu'espèceespèce : nous sommes un animal doué de culture.
L'histoire de l'évolution de l'espèce humaine se caractérise notamment par la spécialisation d'un organe : le cerveaucerveau. Plus particulièrement, c'est une zone du cerveau, le cortexcortex, qui a été spécialisée. Cette zone est l'enveloppe externe du cerveau et représente 40 % du poids de tout le cerveau. Elle est toute plissée, retenue à l'étroit sous la boîte crânienneboîte crânienne. La neurobiologie a découvert depuis longtemps que les activités liées aux neuronesneurones du cortex sont des activités de haut niveau. Le cortex nous permet de percevoir, de comprendre, de communiquer et surtout d'apprendre. Chez l'humain, la part de l'apprentissage dans la régulation des comportements atteint des proportions inégalées chez aucune autre espèce animale. Cette part du comportement humain constitue la culture.
La notion de culture est un concept fondamental en anthropologie. Depuis sa naissance, il y a un peu plus d'un siècle, l'anthropologie en a fait son concept fondateur. Au gré des courants théoriques, elle en a proposé toutes sortes de définitions mettant en lumière les multiples facettes du fait humain. Nous pouvons, pour l'instant, définir la culture comme l'ensemble des comportements appris et partagés par les humains, à une époque donnée et dans un environnement naturel et social particulier.
Parce qu'il importe pour l'anthropologie que la culture humaine soit reconnue comme un fait de biologie - elle traduit socialement des réalisations du cerveau et elle se manifeste, entre autres, dans le contexte d'une relation adaptative avec le milieu -, elle n'oppose pas biologie et culture, mais nous amène plutôt à les concevoir comme deux aspects inséparables de la nature humaine. Cette contribution de l'anthropologie a été particulièrement significative pour réduire l'anthropocentrisme habituel des sciences humaines.