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Hermès est le nom du programme, aujourd'hui abandonné, d'une petite navette spatiale. Petite en opposition à la taille de la navette spatiale américaine, bien plus grande. Au départ, Hermès a été imaginé pour desservir une petite station en orbite basse et rapporter sur Terre des matériaux fabriqués en orbite. Conçu pour voler jusqu'à environ 400 kilomètres d'altitude là où, à l'époque, il était envisagé une station orbitale, Hermès devait embarquer un équipage de quatre à six astronautes (ou un équipage réduit) mais avec une plus grande capacité de transport de fret. À l'époque de son abandon, un premier vol était attendu à la fin des années 2000.
Ce projet s'inscrivait dans un programme « vol habité » prévoyant également le programme ColumbusColumbus qui comprenait :
- le laboratoire pressurisé Columbus APM (Attached Pressurized Module) attaché à Freedom ;
- le Columbus Man Tended Free Flyer (MTFF) ;
- la plateforme européenne polaire PPF (Polar PlatForm).
Initialement porté par la France dès la fin des années 1970, ce programme a ensuite été « européanisé » avant d'être définitivement abandonné en novembre 1992. Lors de son abandon, les spécifications prévoyaient un véhicule long de 18,6 m, dont 12,7 pour l'avion et 5,9 pour le module de ressource MRH, et une masse au lancement de 22 tonnes avec une capacité de transport de 3 tonnes. La cabine de pilotage devait pouvoir embarquer un équipage de trois astronautes. Elle offrait un volume de 14,4 m3 et, contrairement à la navette spatiale de la NasaNasa, la cabine donnait directement accès à la soute pressurisée qui communique directement avec le module de service MRH par un couloir. Le module, de 25,4 m3, regroupait les réservoirs d'ergolsergols, une partie de la charge utile et les scaphandres pour les EVA.
La navette Hermès était conçue pour trois types de missions :
- Scientifique, avec des missions autonomes pour l'observation de la Terreobservation de la Terre, la réalisation d'expériences scientifiques et des démonstrations de technologies par exemple.
- Du service aux satellites avec des rendez-vous en orbite pour ravitailler, dépanner ou réparer des satellites.
- Des vols aller-retour à destination d'une station orbitale pour la rotation des équipages et le transport de fret. À l'époque, la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale n'existait pas sous sa forme actuelle. Il était question de la station Freedom et du module Colombus.
Hermès bien plus fiable que le shuttle américain
La différence fondamentale entre Hermès et la navette spatiale était son intégration à son lanceurlanceur. L'avion spatialavion spatial européen était situé au-dessus du lanceur Ariane 5 et non pas contre, comme c'était le cas pour le shuttle. Au niveau de la sécurité, Hermès visait plus de 99,999 % (la fiabilité du lanceur Ariane 5Ariane 5 étant de 99 %), les 0,001 étant couverts avec un système d'éjection des équipages, ce qui a manqué à l'équipage de Challenger qui n'est pas décédé dans l'explosion de la navette mais lors de son crash dans l'océan.
L'abandon du programme Hermès ne s'explique pas seulement par un manque de volonté politique. D'un point de vue technique, le concept était aussi très ambitieux et s'est avéré irréalisable, techniquement et financièrement, dans les conditions envisagées à l'origine. Ce qui a manqué aussi à Hermès, c'est que, contrairement au programme Ariane qui a fait l'unanimité car il devait donner à l'Europe un accès autonome à l'espace, ce projet n'était pas aussi fédérateur qu'Ariane. Quelques pays n'étaient pas convaincus de l'utilité d'un avion spatial. Pour l'Italie et l'Allemagne, Hermès et les vols habitésvols habités ne se justifiaient pas. Le programme était vu comme un projet technologique sans grande valeur opérationnelle à l'image du ConcordeConcorde.