Après séparation de la fraction enrichie, l'uranium restant contient environ 99,8 % de 238U, 0,25 % de 235U et 0,001 % de 234U. Il est devenu ce que l'on appelle de l'uranium appauvri (UA).

L'UA se distingue principalement par sa teneur en 235U, au moins trois fois inférieure à celle de l'uranium naturel.

L'UA est par conséquent faiblement radioactif et, à masse égale, il n'émet que 60 % environ du rayonnement de l'uranium naturel.

L'uranium et l'UA ont le même comportement dans l'organisme.
L'uranium utilisé dans les réacteurs nucléaires est parfois retraité dans les unités d'enrichissement de l'uranium naturel. Il arrive donc que des radio-isotopes créés par ces réacteurs contaminent le matériel de recyclage et par conséquent l'UA.

Celui-ci peut, dans ces conditions, renfermer un autre isotope, 236U, et des traces d'éléments transuraniens, plutonium, américium et neptunium, ainsi qu'un produit de fission, le technétium 99. Toutefois, en se basant sur les concentrations de ces isotopes observées dans l'UA, l'augmentation de la dose de rayonnement absorbée par l'organisme humain ne dépasse pas 1 %.

Applications de l'uranium appauvri

Sa forte densité, environ deux fois celle du plomb, a conduit à utiliser l'UA principalement dans les applications civiles suivantes : contrepoids dans les avions, boucliers de protection dans les appareils de radiothérapie et conteneurs pour le transport des matières radioactives. Les militaires s'en servent également pour les blindages défensifs.

C'est également sa densité, de même que sa propriété de s'enflammer si la température dépasse 600 °C au point d'impact, qui le rend utile dans l'armement pour transpercer les blindages

Exposition à l'uranium et à l'uranium appauvri

Dans la plupart des circonstances, l'utilisation de l'UA n'apporte qu'une contribution négligeable à l'intensité du rayonnement radioactif naturel de l'uranium dans l'environnement. Les conflits qui font appel à des munitions à UA occasionnent probablement le plus grand risque d'exposition.

Un rapport récent du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) donne les résultats des mesures faites sur le terrain autour de sites d'impact sélectionnés au Kosovo (République fédérale de Yougoslavie) et montre que la contamination de l'environnement ne dépasse pas quelques dizaines de mètres autour de ces sites. La contamination de la végétation locale et des ressources en eau par des particules d'UA s'est avérée extrêmement réduite. La possibilité d'une exposition importante des populations locales est donc considérée comme très faible.

Une équipe d'experts des Nations Unies a signalé en novembre 2002 qu'elle avait trouvé des traces d'UA dans trois des 14 sites étudiés en Bosnie à la suite des frappes aériennes de l'OTAN en 1995. Le PNUE devrait publier le rapport complet en mars 2003.
Néanmoins, il arrive qu'on observe des augmentations sensibles des concentrations en UA à proximité des événements contaminants. Normalement, dans les jours ou les années qui suivent, les vents et les pluies dispersent la contamination dans l'environnement et les personnes vivant ou travaillant dans les zones touchées peuvent inhaler des particules ou consommer de la nourriture ou de l'eau contaminée.

Il est possible que les personnes se trouvant à proximité d'un avion qui vient de s'écraser puissent être exposées à des particules d'UA si les contrepoids ont été longuement soumis à une chaleur intense. Néanmoins, les fortes expositions dans ce genre de situation devraient rester rares, car il y a peu de risque que les masses importantes d'UA dans les contrepoids s'enflamment et leur oxydation est lente. Il est possible que le personnel d'urgence et de déblaiement soit lui aussi exposé, mais les mesures normales de protection prises dans ce cadre professionnel devraient empêcher toute exposition importante.