Nous sommes nombreux à rêver de voyager vers les étoiles. Et si la technologie qui emmènera des êtres humains au-delà de notre Système solaire n’est pas encore au point, les ingénieurs travaillent déjà à y expédier de toutes petites sondes. Des chercheurs suggèrent même aujourd’hui qu’il pourrait être très enrichissant d’y intégrer quelques passagers un peu particuliers…
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Il y a seulement quelques décennies, envoyer des êtres humains dans l'espace, cela semblait irréalisable. Puis il y a eu Youri GagarineYouri Gagarine et Neil ArmstrongNeil Armstrong a posé le pied sur la Lune. Il y a seulement quelques années, ce rêve semblait encore inaccessible au commun des mortels. Et il y a eu Virgin GalacticVirgin Galactic et SpaceXSpaceX. Aujourd'hui, certains commencent même à réfléchir à la manière dont la vie pourrait quitter bientôt son berceau. Le Système solaire. « Je pense que c'est notre destin de continuer à explorer », souligne dans un communiqué de l'université de Californie à Santa Barbara (États-Unis), Joel Rothman, coauteur d'une publication à ce sujet dans la revue Acta Astronautica.
Alors, la vie s'envolera-t-elle bientôt vers les étoiles ? « Pourquoi pas », répondent aujourd'hui les chercheurs. Mais il s'agira probablement, dans un premier temps, de tous petits êtres embarqués à bord d'engins spatiaux eux aussi tous petits. Car nous ne pouvons pas l'occulter. Pour atteindre les étoiles à bord de vaisseaux à propulsion chimique, il faudrait un temps fou. Les missions Voyager ont déjà mis 40 ans pour atteindre seulement les limites de notre Système solaire. Et il ne leur faudrait pas moins de 80.000 ans pour arriver jusqu'aux étoiles les plus proches.
Les chercheurs de l'université de Californie travaillent ainsi à élaborer des sondes miniatures -- des StarChips, comme les appellent déjà les ingénieurs -- de pas plus d'un gramme, équipées tout de même de l'instrumentation nécessaire à détecter, collecter et transmettre des données vers la Terre. Mais surtout, propulsées à environ 30 % de la vitesse de la lumière à l'aide d'un rayon laser. Ces engins pourraient atteindre des vitesses relativistes et voyager jusqu'à Poxima Centauri... en seulement une vingtaine d'années ! Et ils pourraient être en mesure d'y emmener de petits animaux vivants résistants aux radiations. Des tardigradestardigrades...
Des questions techniques… et éthiques
Les chercheurs estiment que des milliers de ces créatures pourraient être mises en dormance sur des engins interstellaires et réveillées une fois l'objectif atteint. Avec la possibilité pour les scientifiques d'en apprendre ainsi plus sur les effets des voyages interstellaires sur la vie. « Nous pourrions étudier dans quelle mesure les tardigrades se souviennent d'un comportement appris sur Terre après s'être éloignés de leur planète d'origine à une vitesse proche de celle de la lumière et examiner leur métabolismemétabolisme, leur physiologie, leur fonction neurologique, leur reproduction et leur vieillissement. Car la plupart des expériences qui peuvent être menées sur ces animaux dans un laboratoire peuvent être effectuées à bord de StarChips alors qu'ils traversent le cosmoscosmos », assure Joel Rothman.
L'objectif restant bien sûr de comprendre les effets potentiels d'un voyage interstellaire sur l'humain. Même si ce rêve ne devrait pas se concrétiser tout de suite. Et que, d'ici là, « nous aurons peut-être créé des formes de vie plus adaptées ou des hybrideshybrides personne-machine plus résistants. »
Les chercheurs ne perdent pas non plus de vue les questions éthiques rattachées à ces travaux d'un genre un peu particulier. Certains envisagent déjà que la vie a pu être apportée sur Terre par des comètes. Ou même, volontairement, par une civilisation extraterrestre. Alors envisager d'envoyer des formes de vie vers d'autres étoiles -- ne serait-ce que des tardigrades -- soulève naturellement des questions. Et même des questions encore plus générales pour certaines. Avons-nous seulement « le droit » d'envoyer ainsi dans l'espace, des micro-organismesmicro-organismes qui n'ont rien demandé ? Ou d'envoyer, plus tard, des êtres humains vers des destinations dont ils ne reviendront peut-être jamais ? Des questions d'éthiques peut-être bien tout aussi intéressantes que les questions scientifiques qui les accompagnent...