Starship : un cratère de 7 m et un rayon des débris plus grand qu’anticipé ! SpaceX a-t-il été négligent ?

Si de nombreux points positifs sont à retenir du vol d’essai du Starship, on ne peut pas en dire autant du pas de tir du lanceur qui a subi de nombreux dégâts, dont un cratère de plus ou moins sept mètres de profondeur creusé par les jets des moteurs. Pour de nombreux spécialistes, l'aspect sol apparaît bien plus inquiétant que l'explosion du lanceur !

Si la tour de lancement est restée debout, tout comme l'immense table de lancement sur laquelle repose le véhicule, même si elle a été sérieusement endommagée, tout autour règne un paysage de désolation. Le rayon des débris et des dommages est plus grand que SpaceXSpaceX l'avait anticipé.

SpaceX a-t-il été trop confiant sur le sol et estimé à tort qu'installer le Starship de 12 à 15 mètres de hauteur était suffisant et ne nécessiterait pas la constructionconstruction de carneaux, de déflecteurs et de châteaux d'eau ? Bref, que son pas de tir résisterait au décollage du lanceur.

Des dégâts importants sur le pas de tir. © SpaceX

Des dégâts sur le pas de tir plus importants qu’escomptés

Vu l'ampleur des dommages, les choix de SpaceX interrogent donc. Clairement, cet aspect-là a été négligé. C'est d'autant plus surprenant qu'Elon MuskElon Musk est connu pour anticiper les problèmes. Certes, des dégâts étaient attendus, mais certainement pas de cette ampleur. « Les moteurs, quand ils se sont allumés, pourraient avoir brisé le bétonbéton, plutôt que l'avoir seulement érodé », a tweeté samedi Elon Musk. Confiant, SpaceX a pensé que la conception minimaliste du pas de tir était suffisamment robuste sans qu'une plaque massive en acier, prévue pour être placée sous la table de lancement, soit installée. Elle le sera pour le prochain vol.

Le champ acoustique a également été plus fort que prévu et s'est étendu sur une distance bien plus grande qu'attendue. Autre mauvaise, surprise, l'effet thermomécanique qui a creusé un cratère sous les moteurs ! Ces deux phénomènes ont été très mal modélisés, donc mal anticipés. Ils pourraient, mais rien n'est sûr, être mis en cause dans la perte de tout ou partie des six moteurs. On pense aux vibrations acoustiques capables de les endommager et de les rendre inutilisables mais aussi aux blocs de béton. Comme on peut le voir sur de nombreuses images, de nombreux blocs de béton ont été projetés sur plusieurs dizaines de mètres tout autour du lanceur. Cela dit, on ne pense pas que ces blocs aient pu remonter vers les moteurs. Par contre, on peut supposer qu'après avoir été éjectés sur les côtés du lanceur, du fait de la dépression créée, ces blocs ont pu revenir frapper plusieurs moteurs. Cela expliquerait pourquoi une des unités hydrauliques a explosé au décollage.

Si la plaque en acier qui sera installée semble suffisante pour protéger le sol des effets des moteurs, le problème reste entier pour les bruits générés au décollage. Pour les atténuer seuls des carneaux correctement orientés et un déluge d'eau avec un débitdébit de 5 à 10 fois supérieur au débit des moteurs. Or, ce ne sont pas des choix envisagés par SpaceX. Il sera intéressant de voir les solutions prévues.

Des problèmes environnementaux que la FAA va analyser

Plus que ces dégâts matériels, l'impact environnemental de l'essai partiellement raté pourrait contraindre la FAA (Federal Aviation Administration) à suspendre la licence de vol du Starship. Pour l'heure, il est difficile de mesurer cet impact sur le site de la Starbase et les environs de Boca Chica. On sait que des débris sont retombés sur des zones protégées, notamment où vivent des tortuestortues, que des vitresvitres ont été soufflées et que la ville de Port Isabel a été recouverte de poussière crasseuse. Si cet impact va au-delà de ce qu'avait garanti SpaceX pour obtenir une licence de vol, la FAA pourrait imposer de nouvelles contraintes et mesures avant d'autoriser SpaceX à de nouveau lancer son Starship.