Nul ne peut prédire les surprises de la science et de la technique dont nous gratifiera l'année qui débute. Mais on peut tenter d'esquisser quelques pronostics. Voici, avec des « sans doute » et des « peut-être », les nouvelles que vous devriez lire, un jour prochain, dans Futura-Sciences. Au risque de se tromper...

ASTRONAUTIQUE

La sonde chinoise Chang'e 2 a démontré un savoir-faire remarquable. Lancée en octobre 2010 et mise en orbite autour de la Lune, elle en a cartographié la surface avec une grande précision pour préparer l'atterrissage de Chang'e 3, en 2013. En 2011, désorbitée, Chang'e 2 est partie vers le point de Lagrange L2 du système Terre-Soleil puis, une fois cette deuxième mission réussie, a pris la route pour un rendez-vous avec l'astéroïde Toutatis, en décembre 2012. © Domaine public

La sonde chinoise Chang'e 2 a démontré un savoir-faire remarquable. Lancée en octobre 2010 et mise en orbite autour de la Lune, elle en a cartographié la surface avec une grande précision pour préparer l'atterrissage de Chang'e 3, en 2013. En 2011, désorbitée, Chang'e 2 est partie vers le point de Lagrange L2 du système Terre-Soleil puis, une fois cette deuxième mission réussie, a pris la route pour un rendez-vous avec l'astéroïde Toutatis, en décembre 2012. © Domaine public
  • Avec Ladee et Chang'e 3, la Lune à l'honneur

2013 sera l'année de la Lune. En août, Nasa enverra vers notre satellite l'orbiteur Ladee (Lunar Atmosphere and Dust Environment Explorer). Et de l'empire du Milieu devrait partir fin 2013 Chang'e 3 en direction de la Lune où cette sonde, troisième du nom après les orbiteurs Chang’e 1 et Chang’e 2, devrait se poser et même libérer un rover, Zhonghua. Après les États-Unis et la Russie, la Chine sera donc la troisième nation à explorer la surface de notre satellite.

Le rover de la mission MSL, dans son exploration du cratère Gale, restera dans l'actualité médiatique. Après un morceau de plastique et une fausse annonce en 2012, il est certain que le rover géologue apportera une moisson d'informations sur la nature des minéraux qui ont sédimenté dans cette dépression creusée auparavant par une météorite, et dans laquelle de l'eau liquide a très probablement coulé.

  • Trois Chinois dans l'espace, de nouveau

Shenzhou 10 emmènera trois astronautes en orbite terrestre. Le lancement de cette cinquième mission habitée a été annoncé, mais pas la date ni les objectifs, les autorités ne parlant que de tester « des techniques d'amarrage ». Il s'agira donc probablement d'une nouvelle visite à la station spatiale Tiangong 1. Peut-être en apprendrons-nous davantage sur la suite du programme, qui prévoit une station Tiangong 2 avant 2015...

  • Les entreprises privées de la conquête spatiale

Space X assurera de nouveaux ravitaillements de l’ISS par la capsule Dragon lancée par une Falcon 9. L'entreprise tentera aussi de faire certifier par la Nasa un véhicule habité. Ce qui sera une nouvelle première. Durant cette même année, un lanceur Falcon 9 devrait installer un satellite en orbite géostationnaire, ce qui, là aussi, n'a jamais été fait par une entreprise privée.

Pour les ravitaillements vers l'ISS, Space X verra sans doute arriver le concurrent Orbital Science, également choisi par la Nasa, avec la capsule Cygnus et le lanceur Antares (ex-Taurus II), dont le lancement (longuement retardé) se prépare.

ASTRONOMIE

Le fond diffus cosmologique, ou rayonnement fossile, est ce que l'on obtient en observant le ciel et en ôtant tous les rayonnements (radio, visibles, micro-ondes, etc.) issus des étoiles et des galaxies. Dans les domaines millimétriques et micrométriques, il reste la trace du rayonnement émis par l'univers quand il n'avait que 380.000 ans. Les instruments <a href="//www.futura-sciences.com/fr/news/t/astronomie/d/inflation-cosmique-et-energie-noire-les-resultats-finaux-de-wmap_43600/" title="Inflation cosmique et énergie noire : les résultats finaux de WMap" target="_blank">WMap</a> puis Planck l'ont précisément cartographié, y repérant de minuscules fluctuations qui sont de précieuses informations sur la structure de l'univers. L'image est extraite du site <a href="http://public.planck.fr/notre-univers/rayonnement-fossile#la-mission" title="Le rayonnement fossile" target="_blank">HFI Planck</a>, destiné au grand public et dont on ne peut que conseiller la lecture. © HFI Planck

Le fond diffus cosmologique, ou rayonnement fossile, est ce que l'on obtient en observant le ciel et en ôtant tous les rayonnements (radio, visibles, micro-ondes, etc.) issus des étoiles et des galaxies. Dans les domaines millimétriques et micrométriques, il reste la trace du rayonnement émis par l'univers quand il n'avait que 380.000 ans. Les instruments WMap puis Planck l'ont précisément cartographié, y repérant de minuscules fluctuations qui sont de précieuses informations sur la structure de l'univers. L'image est extraite du site HFI Planck, destiné au grand public et dont on ne peut que conseiller la lecture. © HFI Planck
  • Les résultats de Planck

Il nous est promis cette année les conclusions de l'étude des résultats de la mission Planck. Ce satellite de l'Esa, lancé en mai 2009, a scruté l'intégralité du ciel dans le domaine des micro-ondes, celui du rayonnement de fond diffus cosmologique, né 380.000 ans après le Big Bang. Prolongé jusqu'en janvier 2012, son travail, deux fois plus long qu'initialement programmé, lui a permis de mesurer d'infimes variations de température (c'est-à-dire de fréquence), ce qui ouvre une fenêtre sur les phénomènes à l'œuvre aux origines de l'univers. On peut espérer de beaux résultats sur l'histoire de l'univers et, par exemple, sur sa courbure ou sur l'épisode dit d'inflation.

La découverte d'une planète de type terrestre dans une zone habitable autour d'une étoile semblable à notre Soleil est un pari que l'on peut tenir. En 2012, HD 40307g, une planète apparemment habitable, a bien été découverte autour d'une naine rouge et une autre à côté de notre voisine Alpha du Centaure.

ENVIRONNEMENT

La maquette de <em>Sea Orbiter</em>, le laboratoire océanographique flottant, a été présentée pour la première fois en France lors du Festival mondial de l'image sous-marine qui se tenait à Marseille début novembre. © Sea Orbiter, Jacques Rougerie (dessin de gauche), Jean-Baptiste Feldmann (photo de droite)

La maquette de Sea Orbiter, le laboratoire océanographique flottant, a été présentée pour la première fois en France lors du Festival mondial de l'image sous-marine qui se tenait à Marseille début novembre. © Sea Orbiter, Jacques Rougerie (dessin de gauche), Jean-Baptiste Feldmann (photo de droite)

Si tout se passe bien, l'équipe réunie autour de Jacques Rougerie fera démarrer cette année la construction du Sea Orbiter, ce laboratoire océanographique flottant capable de faire et travailler des scientifiques et des plongeurs durant des mois, au gré des courants. En plus des navires, des satellites environnementaux et des gliders, les océanographes ont grand besoin de « rester sous la mer », comme dit Jacques Rougerie, et d'effectuer des missions longues, comme le montre l'engouement des scientifiques pour la mission Tara Oceans.

  • En septembre, le cinquième rapport du Giec

Nouveaux modèles et nouvelles données : la prochaine série de quatre rapports du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), cinquième du nom (la précédente, AR4, datant de 2007) est très attendue. En septembre 2013 sera publié le premier rapport, celui du groupe de travail I, qui présente les aspects scientifiques (le rapport de synthèse sera publié en 2014). Il apportera les dernières conclusions des experts mondiaux et ne manquera pas d'allumer de vives discussions sur l'influence des activités humaines.

  • COP 19 : le prochain échec sur le climat aura-t-il lieu en Pologne ?

Ce titre est une boutade et il faut espérer qu'un an après Doha, les discussions lors de la prochaine « Conférence des parties » (COP 19), réunissant les pays signataires du protocole de Rio, aboutiront à des mesures concrètes pour poursuivre les efforts sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La Pologne est bien le pays choisi pour ce sommet, après le Qatar, et, selon la tradition, accueillera en même temps le CMP 9 (Conference and Meeting of the Parties to the Kyoto Protocol), l'assemblée des pays ayant signé le protocole de Kyoto.

  • Les gliders sillonnent les mers

Futura-Sciences a plusieurs fois rapporté en 2012 les missions océanographiques des gliders, ces planeurs autonomes sous-marins, consommant très peu d'énergie et capables de rester des mois en mer. En France, au Royaume-Uni, aux États-Unis et ailleurs, cette technique a le vent en poupe et de nombreuses campagnes les utiliseront en 2013. On les verra traquer des populations animales (poissons ou cétacés), analyser le plancton ou effectuer des mesures physiques.

Après le vol transcontinental entre la Suisse et le Maroc, l'équipe de Solar Impulse, autour de Bertrand Piccard et André Borschberg, conduira aux États-Unis l'avion solaire HB-SIA, c'est-à-dire le prototype qui a effectué tous les vols jusqu'à présent. La traversée de l'Atlantique ne se fera pas en vol, mais les pilotes lui feront traverser le pays, de la côte ouest vers la côte est.

La réalisation de l'appareil du tour du monde, le HB-SIB, a pris du retard après la casse d'un longeron d’aile lors d'un essai. Il faut refaire les calculs et cet avion, plus grand, plus spacieux et plus avancé que le prototype, ne volera pas en 2013.

MÉDECINE

Le prochain Sidaction aura lieu du 5 au 7 avril 2013. © Nabilchemli, cc by sa

Le prochain Sidaction aura lieu du 5 au 7 avril 2013. © Nabilchemli, cc by sa
  • Des victoires dans la guerre contre le Sida

Les recherches vont bon train, suivant différentes pistes, pour lutter contre le fléau du Sida. Des progrès importants ont été effectués au laboratoire, et on peut raisonnablement espérer, non pas la victoire finale contre cette maladie, mais des percées nouvelles, par exemple dans le domaine du vaccin contre le VIH, ou encore dans le traitement des malades.

  • L'obésité atteindrait-elle un pic ?

Ce que certains appellent une épidémie mondiale semble marquer le pas en France, ainsi qu'aux États-Unis où l'obésité infantile est en baisse. Ces signaux encore faibles sont à confirmer, et nul doute que les statistiques à venir seront auscultées avec soin.

Objets de nombreuses recherches, les cellules souches ont suscité des espoirs et des déceptions, mais on voit aujourd'hui des pistes se dessiner. Les essais cliniques ont démarré et on peut donc espérer de premiers résultats qui permettront d'avancer ou de préciser des effets encore inconnus de ces thérapies d'un nouveau genre.

HIGH-TECH

Paper Tab, un écran souple et qui communique avec ses voisins, préfigure, selon ses concepteurs, ce que seront les tablettes et les ordinateurs portables d’ici cinq à dix ans. © <em>Queen’s University</em>, Human Media Lab

Paper Tab, un écran souple et qui communique avec ses voisins, préfigure, selon ses concepteurs, ce que seront les tablettes et les ordinateurs portables d’ici cinq à dix ans. © Queen’s University, Human Media Lab
  • Les écrans souples s'approchent... comme en 2012

L'an dernier, nous annoncions des avancées dans le domaine. Il y en a bien eu et c'est prendre peu de risques que de prédire des évolutions marquantes dans ce domaine avant la fin de l'année. On peut même tricher un peu et lorgner sur le dernier CES de Las Vegas, qui s'est tenu début janvier, pour souligner le succès - d'estime - du Paper Tab, un produit assez abouti.

On voit apparaître quelques gadgets, logiciels ou matériels pour éteindre des lumières, voir la personne qui sonne à la porte ou piloter le téléviseur depuis un téléphone. Certains veulent même analyser la voix du correspondant pour déterminer ses émotions. Il y a peu de doute qu'ils fleuriront en 2013.

  • Progrès dans les batteries

La prédiction est facile... et nous l'avions déjà énoncée l'an dernier. Pour qui surveille les laboratoires, les progrès dans la compréhension théorique des batteries, à l'échelle atomique, et dans les techniques semblent considérables. Entre de meilleurs rendements, des matériaux moins onéreux et des modèles ultraplats, souples, imprimables, voire applicables comme une peinture, les avancées à attendre sont assez claires. La question est de savoir jusqu'où iront les réalisations commercialisées en 2013.