La semaine dernière, deux sondes ont survolé Vénus. La planète qui tourne dans le mauvais sens n’était pas leur objectif. Mais elles ont tout de même profité de l’occasion pour enregistrer quelques données qui pourront être utiles aux astronomes qui tentent de percer ses mystères. Des images et des sons qui font rêver.
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La première est partie pour étudier le Soleil. La seconde pour en apprendre plus sur la petite Mercure. Solar Orbiter - une mission conjointe de la Nasa et de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA) - a survolé Vénus le lundi 9 août 2021 à environ 7.995 kilomètres d'altitude. BepiColomboBepiColombo - une mission de l'ESA et de l'Agence spatiale japonaiseAgence spatiale japonaise (Jaxa) - s'en est approché à seulement 552 kilomètres, quelque 33 heures plus tard.
Deux missions qui survolent VénusVénus presque en simultanée, c'est une occasion assez unique - et inédite - pour les astronomesastronomes d'étudier l'environnement de la planète selon des points de vue différents. D'autant qu'une autre sonde - japonaise cette fois, la mission Akatsuki -, orbite actuellement autour de Vénus et a permis de compléter les données enregistrées par Solar Orbiter et par BepiColombo.
Rappelons que ces deux missions passaient par là pour tirer profit de l'attraction de la planète et ajuster ainsi leur trajectoire. Solar Orbiter, en particulier, rendra à nouveau visite à Vénus à six reprises entre 2022 et 2030. Objectif : faire basculer la sonde hors du plan de l'écliptiqueplan de l'écliptique pour aller étudier les pôles de notre Soleil.
Un éclat de Vénus
Sur les images publiées par la Nasa, on découvre une vue pour le moins éclatante de Vénus, l'œuvre du Solar Orbiter Heliospheric Imager (SoloHI) - destiné à enregistrer des images du vent solairevent solaire en capturant la lumièrelumière diffusée par les électronsélectrons pris dans le vent - alors que la sonde approchait de la planète. Le Soleil, en haut à droite, est hors champ. Et Vénus pénètre le champ par la gauche. La face nocturnenocturne de Vénus apparaît comme un demi-cercle sombre entouré d'un croissant lumineux. « Idéalement, nous aurions pu résoudre certaines caractéristiques du côté nuit de la planète, mais il y avait tout simplement trop de signal du côté jour », commente Phillip Hess, astrophysicienastrophysicien au Naval Research Laboratory de Washington, dans un communiqué de la Nasa.
Notez aussi les deux étoilesétoiles brillantes de la constellation du Taureauconstellation du Taureau visibles en arrière-plan avant d'être éclipsées par Vénus. À droite, celle que les astronomes appellent OmicronOmicron Tauri. À gauche, Xi Tauri, en réalité, un système stellairesystème stellaire quadruple.
Les données enregistrées par l’accéléromètre de la sonde BepiColombo lors de son passage au-dessus de Vénus ce 10 août 2021 traduites en sons audibles par l’oreille humaine. © Agence spatiale européenne
Les sons de BepiColombo aux abords de Vénus
Concernant la mission BepiColombo, c'est probablement la sonification proposée par les chercheurs qui est la plus impressionnante. Elle traduit les données enregistrées par l'accéléromètreaccéléromètre ISA. On y distingue quelques cliquetis que les chercheurs attribuent à la façon dont la gravitégravité de Vénus a affecté la sonde et à la façon dont cette dernière a réagi aux changements de température lors de son passage à proximité de la planète.
En passant du côté nuit au côté jour de Vénus, les modules de la sonde ont en effet - comme prévu par les astronomes - subi une augmentation rapide de la température. Le Jaxa Mercury Magnetospheric Orbiter (MMO), situé à l'intérieur du pare-soleil, par exemple, a enregistré une augmentation de 110 °C - de -100 ºC à +10 ºC - sur l'un de ses huit panneaux solaires. Dans la sonde elle-même, seule une augmentation de 2 à 3 °C a été observée. Une preuve de l'efficacité de son isolationisolation.
Les chercheurs ont aussi sonifié les variations enregistrées dans le champ magnétique de Vénus. De quoi capter les interactions entre l’atmosphère de la planète et le vent solaire. © ESA/BepiColombo/MPO-MAG/IGEP-IWF-IC-ISAS
Le vent solaire souffle sur Vénus
Les magnétomètresmagnétomètres des deux sondes ont aussi enregistré les fluctuations du champ magnétique de Vénus. De quoi permettre aux chercheurs de nous proposer une seconde sonification traduisant cette fois les interactions du vent solaire avec la planète. Le changement de fréquencefréquence le plus marqué correspond au passage de BepiColombo à l'endroit où la magnétosphèremagnétosphère de Vénus et le vent solaire se rencontrent.
D'autres instruments ont été les témoins de phénomènes intéressants. L'un d'eux a par exemple détecté un pic de densité d'ionsions hydrogènehydrogène lorsque la sonde BepiColombo s'est approchée de Vénus. Un spectrespectre haute résolutionrésolution de l'atmosphèreatmosphère de Vénus a également été obtenu. Il montre notamment la bande attendue de dioxyde de carbone (CO2)). Mais l'analyse détaillée de l'ensemble des données prendra plusieurs semaines. Elle pourrait nous en apprendre beaucoup sur la mystérieuse Vénus.
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