La Commission d’enquête indépendante, chargée d’analyser l’échec du vol Vega VV15, a rendu ses conclusions et expliqué les causes de l’échec du lanceur d’Arianespace. Son retour en vol est prévu au premier trimestre 2020.


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    Moins de deux mois après l'échec en vol du lanceur VegaVega, la Commission d'enquête indépendante, mandatée par l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne et ArianespaceArianespace, a rendu publiques ses conclusions.

    Comme on s'en doutait, le moteur Z23 du deuxième étage est à l'origine d'une « anomalieanomalie », survenue à H 0 + 130 secondes et 850 millisecondes de vol, qui a conduit à la perte du lanceur et du satellite d'observation militaire émirati Falcon Eye-1 qu'il devait mettre en orbite. Cette anomalie a entraîné la rupture du lanceur en deux parties principales : le moteur Z23 et un ensemble composé de la coiffe, du satellite, de l'adaptateur de vol, de l'AVUM, et de l'étage Zefiro 9 (Z9). Selon la Commission, une défaillance thermo-structurale dans le dôme avant du moteur Z23 serait la cause la plus probable.

    L'idée d'un acte de malveillance, comme cela a été suspecté du fait que la charge utile était un satellite de reconnaissance (un satellite espion) des Émirats arabes unis a été écartée.

    Un optimiste à tempérer !

    Dans ce contexte, la Commission d'enquête a formulé deux recommandations principales pour un retour en vol de Vega au cours du premier trimestre 2020. D'abord, un plan de vérification exhaustif de ces constats, comprenant des analyses détaillées complémentaires et des essais suivis d'actions correctives portant sur l'ensemble des sous-systèmes, des processus et des équipements concernés. 

    À la lecture de ces mesures correctives, il en ressort que de nouvelles investigations sont donc à prévoir et « potentiellement suivies de modifications sur le Z23, et donc d'essais de validation » souligne la revue Air & CosmosCosmos. Dit autrement, ce délai de sept mois avant un retour en vol du lanceur Vega paraît optimiste pour certains spécialistes. À suivre donc.


    Vega : premier échec en vol du lanceur d'Arianespace

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt, publié le 12/07/2019

    Vega, le lanceur le plus fiable et le plus polyvalent au monde dans sa catégorie, a perdu de sa superbe. Dans la nuit du 10 au 11 juillet, le lanceur léger d'Arianespace a explosé environ deux minutes après son lancement, entraînant la perte du satellite qu'il transportait. Arianespace et l'ESA ont mis en place une Commission d'enquête indépendante. 

    Après cinq jours de report, provoqué par des ventsvents violents au-dessus du Centre spatial guyanais, la mission VV15 du lanceur Vega a finalement été autorisée à décoller dans la nuit du 10 au 11 juillet. Ce vol était le sixième lancement de l'année pour Arianespace et le quinzième avec le lanceur Vega depuis le début de son exploitation au Centre spatial guyanais (CSG) en 2012.

    Vega, le plus petit lanceurpetit lanceur de la gamme d'Arianespace, devait placer sur une orbite héliosynchronehéliosynchrone, à 611 kilomètres d'altitude, le satellite de reconnaissance optique Falcon Eye 1, construit par Airbus Defence and Space (maître d'œuvremaître d'œuvre) et Thales Alenia Space, pour le compte de l'Armée des Émirats arabes unis. Pour ce vol, la performance demandée au lanceur était de 1.279 kilogrammes, dont 1.197 kilogrammes correspondant à la massemasse au décollage de Falcon Eye 1.

    Le saviez-vous ?

    Selon Avio, maître d'œuvre de Vega, pour la première fois, un nouveau lanceur a eu ses douze premiers lancements sans aucun problème ni anomalie.

    Le moteur du deuxième étage d'ores et déjà mis en cause

    Mais, après un peu plus de deux minutes de vol, au moment de l'allumage du deuxième étage à propergolpropergol solidesolide Zephiro 23, une « anomalie » est apparue sur le lanceur, entraînant la fin prématurée de la mission, c'est-à-dire la perte du lanceur et de sa charge utile. L'Agence spatiale européenne (ESA) et Arianespace ont immédiatement décidé de mandater une Commission d'enquête indépendante. Elle a pour missions d'analyser les raisons de cet échec et de définir les mesures nécessaires à mettre en œuvre pour un retour en vol de Vega dans toutes les conditions de sécurité requises.

    Jean-Yves Le Gall, le président du Cnes, a rappelé dans un communiqué : « Cet échec de Vega nous rappelle une fois encore que nous faisons un métier difficile, où la frontière entre le succès et l'échec est extrêmement ténue. »

    C'était le quinzième vol du lanceur léger européen, mis en service en février 2012, qui avait jusqu'à présent affiché un taux de réussite de 100 %. Il avait notamment lancé le démonstrateur de rentrée atmosphérique IXV, les satellites Sentinel 2, Lisa Pathfinder et Aeolus. Sa prochaine mission, initialement prévue pour le 9 septembre, a été suspendue le temps de l'enquête.

    Les autres lanceurs d'Arianespace, Ariane 5 et SoyouzSoyouz, ne sont évidemment pas concernés par cette interdiction de vol propre à Vega. Les opérations de préparation de la prochaine mission Ariane 5Ariane 5 se poursuivent au Centre spatial guyanais avec l'objectif d'un vol le 24 juillet.