Les débris spatiaux sont le principal sujet de préoccupation pour la durabilité des activités spatiales. L'Agence spatiale européenne, à l'avant-garde de la lutte mondiale contre les débris spatiaux, a profité de l'exposition mondiale qu'offre le Salon international de l’aéronautique et de l’espace pour présenter son initiative d'une « charte zéro débris ».
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Au 54e Salon international de l'aéronautique et de l'espace, au Bourget, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA) a exposé ses programmes dans un pavillon dédié. Elle a aussi tout au long de la semaine animé des débats, des présentations ainsi que des tables rondes. Parmi les événements qui ont retenu notre attention, on citera la conférence de presse qui s'est tenue vendredi pour présenter l'initiative d'une « charte zéro débris » afin de garantir la durabilité des activités spatiales.
Cette initiative est à saluer. Elle ne nous surprend pas. L'Agence spatiale européenne est à la pointe de cette problématique, tout comme la France avec sa Loi sur les opérations spatiales (2008) qui impose une démarche responsable pour la fin de vie des satellites.
Ne pas rajouter de nouveaux débris
Comme le souligne Josef Aschbacher, directeur de l'Agence spatiale européenne, « au sein de l'ESA, nous mettons en œuvre une politique visant à mettre en place, d'ici à 2030, une stratégie de "pollution nette zéro" pour les objets spatiaux, en les retirant de manière cohérente et fiable de leurs précieuses orbites autour de la Terre dès qu'ils cessent leurs activités. Et d'ajouter, nous devons montrer l'exemple dans ce domaine. »
“L'objectif de ne plus générer de débris en orbites utiles à l’horizon 2030”
Cette stratégie « zéro débris » en cours de déploiement au sein de l'ESA constitue « l'entreprise la plus audacieuse jamais poursuivie par une organisation, au niveau mondial » pour réduire radicalement sa production de débris, avec comme objectif de ne plus en générer en orbites utiles à l'horizon 2030. Cette charte zéro débris a donc pour but de fédérer l'ensemble des acteurs de la filière spatiale autour de cet objectif ambitieux.
Toujours plus nombreux
Malgré les mesures mises en place depuis plusieurs années pour contenir et maîtriser ce phénomène de pollution, on constate une augmentation du nombre des débris, entre 700 et 1 200 kilomètres, avec des alertes de collision et des manœuvres d'évitement quotidiennes. Dans certaines zones, le syndrome de Kessler s'est déclenché, de sorte que la collision des débris entre eux auto-entretient la population à un rythme plus élevé que celui de leur élimination naturelle par freinage atmosphérique. En dessous de 700 kilomètres, ce qui inquiète les utilisateurs de l'espace, c'est moins les débris et autres satellites en fin de vie, qui à ces altitudes retombent et se désintègrent naturellement dans l'atmosphèreatmosphère, que le fort encombrement des orbites avec un trafic spatial dense.
Pourtant, des efforts sont faits. Même, si tous les satellites ne sont pas actuellement en conformité avec les directives internationales, de plus en plus d'acteurs du spatial, qu'ils soient institutionnels ou du secteur privé, cherchent à respecter les règles même si aujourd'hui aucune d'entre elles n'est contraignante. Les lanceurslanceurs sont de plus en plus nombreux à être désorbités en toute sécurité et de plus en plus de satellites sont installés sur des orbites à basse altitude à partir desquelles ils peuvent retomber naturellement dans l'atmosphère où ils se désintégreront. Seulement, cela ne suffit pas. L'accumulation des débris sur certaines orbites pourrait les rendre inutilisables à terme.
Pour mieux prendre conscience de l'ampleur du phénomène qui pourrait menacer la durabilité des activités spatiales, nous avons profité de ce 54e Salon du Bourget pour nous entretenir avec Christophe Bonnal, expert des débris spatiaux au Cnes. Son interview et ses analyses seront en ligne d'ici une dizaine de jours. En attendant, si le sujet vous intéresse, nous vous recommandons la lecture de Pollution spatiale - l'état d'urgence (aux éditions Belin) dont Christophe Bonnal est l'auteur.