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Tous panneaux solaires déployés, l'immense Astra 1K. (Crédit SES Astra)
Elaboré dans l'usine cannoise d'Alcatel Space Industries (Cannes, France) au terme d'un contrat remporté contre l'Américain Boeing, Astra 1K devait arroser toute l'Europe, des Canaries à la Russie, et était susceptible de remplacer jusqu'à trois satellites existants de l'opérateur luxembourgeois de télédiffusion directe Astra (qui relaie notamment en France le bouquet CanalSatellite et est reçu par 33 millions de foyers en Europe). Mais Astra 1K était également investi d'une nouvelle mission : offrir une connexion InternetInternet à haut débitdébit aux particuliers et aux entreprises, et peut-être amorcer ainsi une nouvelle révolution dans la manière de se connecter au réseau mondial.
Pour amener le lourd satellite jusqu'à sa position géostationnaire à 36.000 km de la Terre, SES Astra a opté pour un lancement par une fuséefusée Proton depuis le cosmodrome de BaïkonourBaïkonour (Kazakhstan), gérée par l'Américain Lockheed Martin. Cette solution avait été jugée préférable à la fusée Ariane, car grâce à une trajectoire plus économe pour le satellite, elle en allongeait significativement la durée de vie, jusqu'à 19 ans au lieu des 12-15 ans initialement prévus.
On sait ce qu'il advint. Suite à un mauvais fonctionnement du quatrième étage réallumable du lanceur, Astra 1K n'a pu gagner qu'une orbite basse de moins de 300 km. Et même si ses grands panneaux solaires se sont parfaitement déployés, cette position le rendait totalement inutilisable pour les opérateurs commerciaux.
Aussitôt, les ingénieurs de SES Astra se mettaient en quête d'une solution permettant d'amener le satellite jusqu'à son orbite définitive par la seule puissance de ses propulseurspropulseurs, mais ils devaient rapidement conclure que cette opération engendrerait une consommation prohibitive de carburant qui en limiterait considérablement la durée de vie, tout en provoquant une détérioration rapide. Une récupération en orbite n'étant pas non plus envisageable, Astra n'ayant pas été conçu pour prendre place dans la soute d'une navette. Finalement une seule solution s'imposait : sa destruction.
Le 10 décembre vers 00h30 TU, alors que le lourd satellite se trouvait à l'apogéeapogée de son orbite, son moteur à plasma entrait en service, freinant sa vitessevitesse jusqu'à abaisser son périgéepérigée en-deça d'une valeur critique. 45 minutes plus tard, une massemasse de métalmétal incandescentincandescent zébrait le ciel du Pacifique sud, dans une zone comprise entre 133° et 174° Ouest.
Par Jean EtienneJean Etienne, Futura-Sciences Belgique