Fin novembre, l'articulation de l'épaule d'Opportunity a connu une défaillance, et l'astromobile ne peut plus étendre son bras robotique pour faire des prélèvements. Si les Rovers montrent des signes d'usure indéniables, le robot Spirit n'en a pas moins fêté son premier anniversaire martien le 20 Novembre 2005. Ce sera d'ailleurs au tour d'Opportunity, le 12 Décembre, de souffler sa première bougie. A l'origine, ces robots avaient été conçus pour fonctionner pendant seulement 90 jours martiens, mais ils ont fait preuve d'une telle longévité que la NASA prévoit aujourd'hui de les exploiter jusqu'à fin 2006.
La colline Husband Hill a une hauteur comparable à celle de la statue de la liberté (soit 46 mètres)(Crédits : NASA/JPL)

La colline Husband Hill a une hauteur comparable à celle de la statue de la liberté (soit 46 mètres)(Crédits : NASA/JPL)

Fin novembre 2005, l'articulation de l'épaule d'Opportunity s'est bloquée <br />(Crédits : NASA/JPL)

Fin novembre 2005, l'articulation de l'épaule d'Opportunity s'est bloquée
(Crédits : NASA/JPL)

Opportunity s'est déboîté l'épaule

Fin novembre, l'articulation de l'épaule d'Opportunity est tombée en panne. Depuis, l'astromobile est incapable d'étendre son bras robotique, qui compte à son extrémité quatre des six instruments scientifiques embarqués, fixés sur un barillet. Les chercheurs n'ont pas encore déterminé la cause du dysfonctionnement, mais il semble que la réponse la plus naturelle soit le manque de lubrification, dû à une utilisation du Rover sept fois plus longue que prévue.

Les techniciens sont actuellement en train d'étudier le moteur et l'électronique qui permettent de mouvoir le bras. Une solution pourrait être d'accroître la durée d'allumage du moteur pour vaincre la friction. Mais si la panne est avérée, John Callas - directeur adjoint du programme - avoue que « ce serait un coup dur pour la mission ». Il a ajouté qu'une pièce du système de direction était défaillante, mais que cet incident entravait peu les manœuvres.

Et Spirit ? Tout comme son frère jumeau, il montre des signes d'usures mais se porte bien. Pour l'heure, seul l'instrument qui lui permet de « râper » les roches est défaillant.

Mais, si les Rovers montrent des signes de fatigue, ils fêtent néanmoins leur première "bougie martienne" !

Premier anniversaire martien pour les astromobiles Spirit et Opportunity ! <br />(Crédits : NASA/JPL)

Premier anniversaire martien pour les astromobiles Spirit et Opportunity !
(Crédits : NASA/JPL)

Une longévité record pour les deux astromobiles

Les deux frères jumeaux Mars Rover explorent la surface de la planète rouge depuis déjà une année martienne, soit 687 jours terrestres. Spirit est entré dans sa seconde révolution autour du soleil depuis trois semaines, tandis qu'Opportunity l'entamera dans 3 jours.

L'astromobile Spirit avait atterri sur Mars le 4 janvier 2004, dans le cratère Gusev, suspecté d'avoir accueilli un ancien lac par le passé. De son côté, Opportunity s'était posé vingt jours terrestres plus tard, dans la plaine désertique et volcanique de Meridiani Planum. Son objectif premier était de valider les clichés de Mars Global Surveyor, qui avaient révélé la présence dans cette zone de grandes quantités d'hématite, un minéral qui se forme généralement lorsque des roches riches en fer rencontrent de l'eau chaude.

Aujourd'hui, une année martienne plus tard, les deux robots sont encore en état de marche et font montre d'une ténacité à toute épreuve : « Les Rovers ont traversé toutes les saisons martiennes et sont actuellement à la fin de l'été. A présent, nous nous préparons au défi de les faire survivre un hiver martien de plus. », a annoncé John Callas.

Les raisons d'une telle longévité ? Les instruments ont une meilleure tolérance que prévue au climat de Mars, et les tourbillons de sable - les « dust devils » - époussètent régulièrement les panneaux solaires des Rovers.

Les "dust devils", ces tourbillons de sable qui balayent la surface de Mars <br />Ils époussètent régulièrement les panneaux solaires de Spirit et Opportunity<br /> (Crédits : NASA/JPL)

Les "dust devils", ces tourbillons de sable qui balayent la surface de Mars
Ils époussètent régulièrement les panneaux solaires de Spirit et Opportunity
(Crédits : NASA/JPL)

Découverte de minéraux hydratés et d'une mer d'eau salée

En décembre 2004, le spectromètre Mössbauer de Spirit avait décelé de la goethite - un minéral de fer hydraté, de l'hématite et des silicates dans le rocher Clovis, au cœur du cratère Gusev. Cette découverte sans précédent montrait qu'il y avait eu de l'eau sur Mars, ayant altéré les roches de Columbia Hills. Par contre, elle ne permettait pas de déterminer si l'eau nécessaire à la formation de ces minéraux hydratés était présente à l'état liquide, gazeux ou solide.

De son côté, Opportunity avait découvert du chlore et du brome dans sa zone d'atterrissage, Meridiani Planum, mais également de singulières roches feuilletées présentant des dépôts de sable agglomérés. Ces éléments suggéraient la présence d'une ancienne mer sur Mars. A l'époque, John Grotzinger, membre de l'équipe scientifique des robots, pensait que ces dépôts avaient été formés « par des ondulations de l'eau d'au moins cinq centimètres de profondeur - ou probablement beaucoup plus profondément - et coulant à une vitesse de 10 à 50 centimètres par seconde.» Après analyse de ces découvertes, les responsables de la mission du robot Opportunity avaient annoncé « qu'Opportunity avait atterri dans une region martienne dont la surface avait autrefois été trempée par de l'eau liquide» et que, «de plus, ce secteur aurait été un bon environnement habitable

Spirit quitte le sommet d'Husband Hill

Les deux Rovers continuent leur petit bonhomme de chemin (Spirit a déjà parcouru 5 kilomètres, au lieu des 300 mètres initialement prévu !), et décèlent dans les roches des signes d'altération, qui confirment la présence d'eau sur Mars à une époque antérieure, ainsi que la possibilité que la planète rouge ait pu être habitable par le passé.

Spirit est actuellement en train de redescendre du sommet d'Husband Hill et de se diriger vers une plateforme rocheuse. Ensuite, il se dépêchera de rejoindre une autre colline, plus au sud, où il devrait passer l'hiver. D'après Steve Squyres, de l'Université Cornell, «Notre vitesse de croisière est motivée davantage par la survie » des Rovers « que par la découverte, même si la géologie d'Husband Hill continue de nous fasciner et de nous surprendre. »

De la composition et de la texture des différents types de roches analysées, les chercheurs déduisent que, par le passé, cette région de Mars était chaude et dantesque, avec des éruptions volcaniques et de multiples impacts.

Si les derniers résultats de Mars Express ont fait passer les Rovers Spirit et Opportunity au second plan, les informations qu'ils fournissent depuis une année martienne aux chercheurs de la Nasa sont édifiantes, et leur longévité n'en finit pas de les étonner...