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Marcio Barbosa, qui est également directeur général adjoint de l'UNESCO, revient sur l'évolution du rôle du congrès de l'IAF et sur l'enjeu des technologies spatiales pour les pays en développement.
Olivier Sanguy :
- Lors de la guerre froide, les congrès de l'IAF étaient une occasion quasi-unique pour les scientifiques de part et d'autre du «rideaurideau de fer» de se rencontrer.
Aujourd'hui, étant donné la chute de l'ex-URSS, quelles autres directions majeures ont prises les congrès de l'IAF ?
Marcio Barbosa © Espace Magazine
Marcio Barbosa :
Les congrès de l'IAF ont effectivement constitué des occasions privilégiées pour les chercheurs et les ingénieurs d'échanger leurs expériences, d'exposer leurs projets, d'imaginer des modes de coopération, et ce, depuis 1951 jusqu'à la chute du murmur de Berlin en 1989.
De nombreux programmes classifiés n'étaient pas connus, notamment ceux qui avaient une composante militaire, mais il restait suffisamment de place pour aborder les activités de recherche et développement technologiques les moins sensibles, ce qui était déjà passionnant.
Puis une évolution graduelle des activités s'est produite avec l'arrivée des agences spatiales, des industriels, et des sociétés de service, lors des décennies 80 et 90. Le grand changement qu'a été l'ouverture des échanges commerciaux au niveau mondial, malgré certaines restrictions qui existent d'ailleurs toujours aujourd'hui, l'espace ayant gardé une forte dimension stratégique, s'est aussi répercuté sur les activités de l'IAF.
Certaines thématiques de nos congrès ont été conservées comme l'astronautique ou les vols habitésvols habités, qui rencontrent toujours un vif succès, mais d'autres sont apparues, comme les constellations de petits satellites, l'espace et l'éducation, l'économie, le droit et la politique spatiale, qui méritent une approche globale et pour lesquelles les échanges internationaux créent de fortes synergiessynergies entre nos membres.
Olivier Sanguy :
Vous êtes également directeur général adjoint de l'UNESCO et l'IAF est reconnue auprès de l'ONU pour jouer un rôle de formation aux technologies spatiales, en direction des pays en voie de développement. Or les transferts de technologies spatiales d'un pays à l'autre posent parfois des problèmes, notamment pour les États-Unis qui ont une position restrictive dans ce domaine. Quelles peuvent être les solutions pour l'avenir ?
Marcio Barbosa :
L'IAF et les Nations Unies organisent un atelier chaque année, auquel sont conviés des représentants des pays en développement et tous les membres de l'IAF. C'est l'occasion d'échanges uniques qui permettent surtout de mieux cerner les besoins à satisfaire qu'il s'agisse de télécommunication, de navigation par satellite, d'observation de la terreobservation de la terre ou de tout autre thématique, au profit du développement de ces pays. Connaissant les besoins, qui vont des cours aux spécialistes à la livraison sur place de produits spécifiques, les solutions sont mises en place en général par des actions bilatérales. Les restrictions dont vous parlez affectent les transferts de technologies sensibles, surtout lorsqu'il s'agit de systèmes utilisés par la défense comme l'imagerie satellitaire avec certaines caractéristiques de résolutionrésolution.
La libéralisation de ces freins aux exportations est souhaitable, mais se pose aussi le problème des ressources financières des pays en développement qui constitue l'obstacle principal à leur accès aux services spatiaux. Ce problème ne peut être résolu que par un effort de solidarité des pays riches vers les plus démunis.
Retrouvez l'intégralité de cette interview dans le numéro 9 d'ESPACE Magazine, en kiosquekiosque le 23 octobre prochain.