L'opinion publique n'aimant que les chiffres ronds, l'évènement restera peu médiatisé. Et pourtant, il y a exactement 48 ans ce 4 octobre, notre planète recevait un nouveau compagnon.

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Vue intérieure du premier satellite artificiel, le Spoutnik-1. L'émetteur à lampes est ici bien visible.

Vue intérieure du premier satellite artificiel, le Spoutnik-1. L'émetteur à lampes est ici bien visible.

Compagnon, c'était son nom. En russe, cela se dit "Spoutnik". Et le 4 octobre 1957, une fusée Semiorka décollait d'une base militaire soviétique qui ne s'appelait pas encore Baïkonour, emportant sous sa coiffe Spoutnik 1 qu'elle propulsait sur une orbite de 227 x 945 km.

 Lanceur Semiorka ayant mis en orbite le premier satellite artificiel, Spoutnik 1, le 4 octobre 1957.<br />crédits : RKK/Energya

Lanceur Semiorka ayant mis en orbite le premier satellite artificiel, Spoutnik 1, le 4 octobre 1957.
crédits : RKK/Energya

En lui-même, ce premier satellite artificiel n'avait rien de révolutionnaire : juste une petite sphère de 58 cm pour une masse de 83 kg, remplie de gaz neutre (azote), équipée d'un émetteur (à lampes !) et d'une batterie sèche lui assurant 21 jours d'autonomie. Pas de panneaux solaires, cela viendrait plus tard. Mais les signaux émis à destination du monde entier, sur une fréquence de 20,005 et 40,002 MHz voisine de celle des radioamateurs, préfiguraient déjà la nouvelle ère dans laquelle notre civilisation allait bientôt pénétrer. "Donnez-moi un levier, je ferai basculer le Monde", avait un jour dit Léonard de Vinci. Ce levier, c'était Spoutnik 1.

Alors, archaïque, cette technologie ? Ce serait oublier le lanceur. D'une masse au décollage de 272 tonnes, cette fusée, pur produit de la technologie allemande adaptée par Serge Korolev, était largement surdimensionnée pour ce premier usage, ce qui contribuait à sa fiabilité. Mais bientôt, ce lanceur fut amélioré, décliné en de nombreuses versions tout en en conservant ses moteurs d'origine et sa disposition de base : quatre accélérateurs montés en faisceau, entourant un étage central. Elle servira encore pour placer en orbite non seulement le premier cosmonaute en 1962, Youri Gagarine, mais par la suite tous les vaisseaux habités Vostok, Voskhod, et sera révélée au monde occidental alors qu'une de ses évolutions était dévolue au lancement des Soyouz, dont elle prendra - presque malgré elle - l'appellation.

Et cette fiabilité ne se démentira jamais. Au point que l'équipage venant d'aborder la Station Spatiale Internationale, comprenant entre autres Greg Olsen, le troisième touriste de l'espace, doit sa mise en orbite à une fusée Soyouz. La Semiorka utilisée comme accès touristique au cosmos, qui aurait osé imaginer cela en 1957 ?

Quarante-huit années d'utilisation en vol spatial, dont quarante-trois de vols habités depuis l'envol de Gagarine en 1962, de quoi rendre jalouse une navette spatiale américaine presque mise à la retraite pour cause de sénilité. On ne change pas une équipe qui gagne !